I comme : Interrogateur, Ratil… et autres fermes

Un article de Mauricette Lesaint qui est une de nos plus anciennes adhérentes. C’est donc une généalogiste fidèle mais aussi très active qui écrit le billet du jour. Elle a toujours vécu aux limites de la Vendée insurgée de 1793, de l’est deux-sévrien, entre Parthenay et Saint-Loup-sur-Thouet, à la partie nord-est angevine,  juste au-delà du Layon, ce qui lui a permis de sentir souvent ces traces de l’Histoire. Mauricette participe volontiers à la rédaction de notre revue et de notre blog.

Ma grand-mère Sidonie fut servante dans la ferme de Ratil en 1906, dit le recensement de population de Louin. Ratil est une des fermes près de la Pinsonnière.

Louin 1906 Lebout Sidonie Ratil 36 39
Sidonie Lebout recensée au Ratil de Louin en 1906 (source AD79)

L’eau n’est pas loin dans ces terres de granit et d’argile, les puits sont peu profonds, ce qui explique sans doute cet habitat très dispersé. Les maisons de ce coin de Gâtine étaient construites en petites pierres de granit et recouvertes de tuiles rondes.
La ferme avaient quelques prés et champs dans lesquels affleure souvent le granit et entourés de haies vives. La mare n’est jamais loin des bâtiments, les bêtes allaient s’y désaltérer.
Sur ces terres ingrates, avec quatre à cinq vaches laitières, quelques chèvres, deux cochons, des poules et des lapins, le fermier assurait la subsistance de sa famille. C’étaient des gens durs à la tache, qui ne sortaient de leur ferme que le dimanche.

Je les ai vus, dans les années cinquante, dans la boutique qu’avaient ouverte Sidonie et son mari après la grande guerre, café, épicerie et quelquefois salon de coiffure.
Les femmes allaient à la messe puis faisaient les achats indispensables. Pendant ce temps, les hommes jouaient à la boule en bois ou aux cartes suivant la saison, parfois se faisaient couper les cheveux, vidaient un verre au café, en discutant de la vache qu’ils avaient eu du mal à vêler, de l’influence du temps sur leur culture, puis rentraient à la ferme, prêts pour une nouvelle semaine de labeur.

interrogateur
L’Interrogateur, près de la Pinsonnière

Ces fermes : Ratil où fut gagée Sidonie ma grand-mère, Avec, l’Essai, l’Interrogateur, Réussi, le Curieux, le Temps et le Contretemps regroupées autour du hameau de la Pinsonnière, sont à cheval sur trois communes.
Elles furent construites juste avant 1881. Sur les recensements de population des communes Maisontiers, Louin et la Boissière-Thouarsaise, (Lageon depuis 1896), aucune de ces fermes ne figure en 1876 et elles y sont toutes en 1881.

Ma grand-mère Sidonie racontait que « ces fermes » appartenaient à un même propriétaire et que… chaque nom de ferme est le fragment d’une phrase.
Il existait déjà dans ce coin de Gâtine de pittoresques noms de hameaux et lieux-dits : La Pinsonnière, la Ronde, l’Orge-Boisseau, L’Ormeau-Pitry, l’Herpinière, Bel-Aise, Bellebouche, Puyrenard, la Roche-aux-Enfants, La Taverne, Rochemenue, les Viollières…
Pour nommer ces nouvelles fermes, le propriétaire utilisa une phrase…

Avec le temps et le contretemps, l’interrogateur curieux réussira-t-il l’essai ?

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Avec, le Temps et le Contretemps, l’Interrogateur, le Curieux, Réussi, Ratil, l’Essai

 

8 commentaires sur « I comme : Interrogateur, Ratil… et autres fermes »

  1. Quand les registres sont muets, la toponymie parle encore ! Et notre généalogie se déchiffre sur « les Roches » à condition tout de même qu’elles ne soient pas trop « Jaunasse ».
    Très drôle ce petit exercice matinal !

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  2. Le propriétaire était Eugène VAZON d’Airvault qui n’est autre que le propriétaire et créateur du four à chaux de la Fuye. La comptine serait la moquerie des habitants d’Airvault. (Voir la revue Le Picton, n° 206 de 2011).

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      1. Selon l’article, la comptine serait « Avec le temps et le contretemps, l’interrogateur curieux réussira-t-il l’essai ? ». Mes grands parents maternels ont résidé à l’Interrogateur.

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  3. Ce qui confirme cette phrase ! Vos grands-parents maternels et mes grands-parents (et parents) ont vécu sur ce coin de Gâtine, communes voisines mais même paroisse (hasard des découpages administratifs).

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