Des montreurs d’ours bosniaques en Deux-Sèvres

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Montreurs d’ours (couverture « Le Pèlerin » 1932)

Claude Brangier m’a signalé un acte de naissance insolite dans les registres de Fomperron. Il s’agit de la naissance du petit Théodore Mitrovvitch le 22 mars 1905. Le père prénommé Petro a 28 ans et il est montreur d’ours, originaire de Banja Luka, principale ville à population serbe de Bosnie. La mère, Marie Théodoro, 30 ans, a accouché « dans sa voiture arrêtée sur la route de Ménigoute à Saint-Maixent, au lieu dit Croix du Chêne aux Loups sur les minuit. »

La trouvaille de Claude m’a rappelé un autre acte découvert au hasard de mes recherches, le décès de Stanko Todorovitch à Terves près de la ferme des Sicaudières le 22 septembre 1907 « sur les 4 heure du soir ». J’en avais parlé il y a 4 ans sur mon blog personnel. L’homme avait 42 ans et était célibataire. Il était lui aussi originaire de Bosnie, du tout petit village de Sitnica situé dans une région montagneuse à population serbe et il exerçait également le métier de montreur d’ours. Il voyageait en groupe, avec au moins un autre montreur d’ours et un dresseur d’animaux, témoins sur l’acte de décès.

Dans les campagnes autrefois, c’était un peu d’aventure et une forme d’exotisme que proposaient ces « sans domicile fixe », comme l’écrivent les  maires de Fomperron et Terves, à une époque où les populations ne bougeaient pas encore beaucoup. Ces montreurs d’ours, qui venaient des Balkans mais aussi des Pyrénées, on peut les retrouver facilement sur des photographies et des cartes postales, preuve de l’intérêt ou de la curiosité qu’ils suscitaient.

Mais, comme Claude et moi, on peut aussi les rencontrer dans les registres d’état civil. Vous aussi, avez-vous trouvé des naissances, des mariages ou des décès de « gens du voyage » dans notre département des Deux-Sèvres ?

3 commentaires sur « Des montreurs d’ours bosniaques en Deux-Sèvres »

  1. On trouve quelques baptêmes ou sépultures de Tziganes et de Roms appelés jadis « Égyptiens » (l’Esmeralda de Notre-Dame de Paris était surnommée l’Égyptienne) ou « Bohémiens ». Par exemple, les petites Marie SYMON fille de Sébastien et Françoise GALLIENNE baptisée à Noirterre en 1601 et Marie LA PLANTE fille de Cadet née à Béceleuf en 1627 (les châtelains sont ses parrains). Plus tard, une petite Gitane naît dans les prisons de Parthenay où ses parents ont été enfermés d’après un décret de Louis XIV (j’ai perdu la date). Enfin, deux Bohémiens se marient à Pamplie en 1672. Quelques historiens s’intéressent aux parias, Égyptiens, Cagots, Colliberts dans notre région, etc.

    Aimé par 1 personne

    1. Merci pour ces renseignements qui montrent que l’on peut trouver des traces très anciennes des Roms et des Tziganes dans les registres. Parmi les livres qui se sont intéressés aux parias à travers les étrangers en Poitou, j’aime beaucoup celui de Sébastien Jahan, « Les étrangers en Poitou au XVIIIe siècle » même s’il concerne davantage le territoire (actuel) de la Vienne que celui des Deux-Sèvres.

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      1. Bonsoir,
        Je pensais à ce livre, justement. Les actes sont rares et on se demande :
        -si les curés baptisaient les nomades mais ne jugeaient pas nécessaires de noter ces actes dans leurs registres,
        -s’ils n’indiquaient qu’exceptionnellement la « nation » d’origine des étrangers en général et des nomades en particulier,
        -si les « Egyptiens » avaient des pratiques religieuses singulières qui les éloignaient des lieux de culte, comme aujourd’hui les gens du voyage sont massivement évangélistes.
        Une chose est sûre, ils étaient au ban de la société…

        Aimé par 1 personne

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