Un texte de Jacqueline TEXIER et Monique BUREAU
Le 15 août, en cette journée de fête mariale, une visite guidée de l’église Notre Dame de Niort était organisée par une guide conférencière. Sept dépouilleurs des registres de Niort Notre-Dame et adhérents du Cercle ont participé à cette visite sous un soleil éclatant.

L’église actuelle, dédiée à la Vierge Marie, est venue remplacer une ancienne église Sainte-Marie, elle-même ayant succédé à une église préromane.
Les dates de construction de l’église actuelle peuvent être précisées par une plaque se trouvant actuellement à l’extérieur, au chevet de l’église et qui porte l’inscription : « Le XXVIe jour du mois de may / Mil quatre cent IIIIXX et onze / A l’onneur du souverain roy / Et de Marie en grant triumphe / Firent cet euvre commencer / Pierre Sabourin et Jehan Richer / De l’église lors fabriqueurs / Pries Dieu qu’il oye leurs clameurs ».

Cette inscription donne la date du début de la construction, 26 mai 1491, et des deux maîtres d’ouvrage. La construction se serait achevée vers 1534. « Perchée » sur la colline Saint-Jean à 27, 99 mètres au-dessus du niveau de la mer, son clocher haut de 75 mètres (le plus haut des Deux-Sèvres), domine la ville de Niort.
Outre sa très belle architecture extérieure et intérieure, remaniée de nombreuses fois à cause de son emplacement étriqué en plein cœur de la ville et des guerres de religions qui l’ont largement endommagée, on peut admirer un grand vitrail. Le chœur de l’église est illuminé par ce vitrail, l’Arbre de Jessé, qui daterait du 15ème siècle.
Historiquement, c’est l’abbé Suger, initiateur de la construction de la Basilique Saint-Denis, nécropole des rois de France, qui a donné la formulation définitive de l’arbre.
L’Arbre de Jessé est un motif fréquent dans l’art chrétien entre le XII et le XV siècle : il représente une schématisation de la généalogie de Jésus, c’est-à-dire l’arbre généalogique présumé de Jésus de Nazareth, descendant de la Vierge Marie, à partir de Jessé, père du roi David.
Cette généalogie de Jésus par sa mère a donné lieu à débat au sein de l’Eglise et vient en contradiction avec l’évangéliste Matthieu qui dit que c’est Joseph qui descend de Jessé. Dans les faits, la présence de Marie dans cette généalogie est liée aux guerres de religions. Les protestants minimisant le rôle de Marie, en réaction les prélats catholiques vont imposer le culte marial et la représentation de la Vierge à l’Enfant dans les images et dans l’arbre.
Une première réfection du vitrail a été effectuée en 1615.
Un croquis de l’Arbre d’origine est conservé au Musée de Niort. Très endommagé, il a été déposé en 1931 et stocké aux Archives de Niort.

A partir de 1966, la restauration commence dont une partie sera effectuée par Jeannette Weis-Grüber. Elle va insérer des éléments contemporains aux parties existantes du vitrail (en partie basse). Seuls, huit éléments sont d’origine. Il aura fallu 60 ans pour que le vitrail retrouve sa place dans l’église, puisqu’il est remonté entre 1990 et 1993, juste au-dessus d’une statue de la Vierge à l’Enfant du XIXème siècle.
On peut donc maintenant admirer ce très bel ouvrage. On distingue nettement un magnifique tronc d’arbre et toutes ses ramifications portant « un Jessé couché duquel sort un arbre dont les branches grimpantes portent les prophètes (en qualité d’ancêtres spirituels) et les rois (en qualité d’ancêtres charnels de Jésus) » selon la formulation de l’abbé Suger.
Pas de Jessé couché à Niort puisque la partie basse du vitrail a été pratiquement toute remaniée, hormis un élément, mais malgré cela ce vitrail est une belle représentation d’une généalogie qui ne peut que réjouir les généalogistes que nous sommes.


Le manuscrit (bibles, des psautiers, des livres d’heures) est le support de prédilection, avec le vitrail, pour la présentation des arbres de Jessé. Le motif apparaît dans plusieurs bibles romanes, dont La Bible des Capucins (dernier quart du XIIe siècle) conservée à la Bibliothèque nationale de France en est un autre exemple, l’arbre de Jessé décorant l’initiale L majuscule du mot Liber generationis dans l’évangile de Matthieu. L’initiale occupe, c’est dire son importance par rapport au texte, les deux tiers de la page.