L’église de Saint-Vincent-La-Châtre est déjà citée dans la liste des églises données à l’abbaye de Saint-Jean-d’Angély par Guillaume 1er, évêque de Poitiers : Sancti Vincentii Charianensis ecclesiam.
Au XIVe siècle Saint-Vincent-la-Châtre (de castrum = lieu fortifié) dépendait de l’abbaye de Saint-Séverin-sur-Boutonne qui faisait alors partie du diocèse de Poitiers. Le curé-prieur, sous la règle de Saint Augustin, gardera ce titre jusqu’à la Révolution, où l’église, très pauvre, n’a pas été vendue. Profondément remaniée depuis le XIIe siècle, l’église se présente pourtant unifiée par un large toit de tuiles courbes. Celui-ci recouvre à la fois : les restes de la nef romane, le chœur à chevet plat et la chapelle latérale gothiques, l’espace du puits de l’ancien presbytère, et il forme balet pour le portail d’entrée, au nord.


De puissants contreforts, trapus, sont aussi intégrés à ces aménagements, sans trop paraître, sauf du côté sud. Peut-être devaient-ils épauler un clocher plus important, mais dès 1653, le curé-prieur fait bâtir à ses frais un petit campanile et le dote d’une cloche.
Après bien des avatars, c’est encore la solution actuelle d’un « ignoble pigeonnier à jour qui s’ébranle au moindre coup de vent » écrit le desservant en 1853. Mais vient là encore une nouvelle cloche, «Marie-Louise » fondue en 1866 par Bollée, au Mans.

Le portail. Sous trois voussures en arc brisé, on remarquera surtout les chapiteaux. À gauche on voit un oiseau et un quadrupède d’abord unis par un même collier, puis se dévorant, se métamorphosant dans un symbolisme qui nous échappe. À droite, c’est le Martyre de saint Vincent : d’abord une vigne et ses grappes, contre la porte, puis cet homme nu couché sur des flammes qui semblent attisées par un bourreau. Puis vient un ange à l’énorme main bénissante, enfin un homme à la faucille, sans doute Vincent vendangeur.


L’intérieur : La nef a une allure trapue, sans sa voûte, perdue sans doute aux guerres de Religion. Blanchie à deux couches de lait de chaux (1853), verres blancs aux fenêtres. Deux colonnes romanes signent l’espace avec leurs chapiteaux historiés : chien chassant un cerf, au nord, chien poursuivi par un animal fabuleux, de même facture qu’au portail, au sud. Le chœur consiste en une grande travée à voûte gothique surbaissée.

Au sol, on peut voir dans le chœur ainsi que dans la nef des pierres tombales : ce sujet fera l’objet d’un article spécifique.
La chapelle qui s’ouvre du côté nord est elle aussi un ajout du XVe ou XVIe siècle, encastré entre deux contreforts. Sa clef de voûte porte les armoiries de la famille Gazeau.
Mais revenons aux cloches
Lors de mes recherches sur les bénédictions de cloches, j’ai découvert le livre « Enquêtes campanaires »[1] de Joseph Berthelé qui détaille des notes, études et documents sur les cloches et les fondeurs de cloches, en particulier pour les églises des Deux-Sèvres.
Voici ce qu’il a écrit sur la première cloche :

J’ai donc fait des recherches dans les registres paroissiaux de Saint-Vincent-La-Châtre, j’ai pu retrouver l’acte de bénédiction de la cloche du 14 décembre 1653 :

https://archives-deux-sevres-vienne.fr/ark:/58825/vta11b38816f16c16b2/daogrp/0/44
Sur la deuxième cloche, « Marie-Louise », Joseph Berthelé a écrit :


Carte de Cassini :

Un article sur le rituel de bénédiction des cloches est paru dans la revue N°113.
Sources :
[1] « Enquêtes campanaires » de Joseph Berthelé : Livre e-book Enquêtes CAMPANAIRES.
[2] Saint-Vincent-la-Châtre (Deux-Sèvres) L’église Saint-Vincent Extrait du livre de Jacques Lefebvre, Les églises du Mellois, Poitiers, éd. Gilbert de La Porrée, 2008, p. 162. © PARVIS – 2019 Centre théologique de Poitiers http://www.poitiers.catholique.fr/parvis
[3] « Journal d’un antiquaire poitevin » de Joseph Berthelé via Gallica
[4] Carte de Cassini Feuille 68 Charroux : le sud-est (La Mothe-Saint-Héray, Melle…) via Gallica
2 commentaires sur « Bénédiction de la cloche de l’église de Saint-Vincent-La-Châtre, le 14 décembre 1653 »