
Un texte de Monique Bresse
Dans mon enfance, dès que mes parents ont possédé une voiture, j’ai rapidement appris à reconnaitre le 79 sur les plaques d’immatriculation. Comme nous habitions à Lyon, ce numéro était rare, mais pour moi il avait de l’importance car mon père était originaire des Deux-Sèvres. La plupart de mes ancêtres étaient agriculteurs dans des communes situées aux alentours de Parthenay : Amailloux, Clessé, Vasles, Beaulieu-sous-Bressuire, Saint-Lin, Vouhé, Châtillon-sur-Thouet, Vausseroux, Ménigoute, Viennay… Pour l’anecdote, en consultant les durées de vie de tout mes ancêtres, je me suis aperçu que peu d’entre eux atteignaient l’âge de 79 ans.
Quand ils se marièrent, mes grands-parents s’installèrent dans une ferme située à Saint-Martin-du-Fouilloux qui s’appelait La Pointière. Ils étaient sans doute métayers. Cette commune contient le point culminent des Deux-Sèvres à 272 mètres. Mon père, René Gelin, né en 1918, était le quatrième enfant de la famille. Pour soulager la famille, c’est son oncle et son épouse qui ont pris soin de mon père. Ils tenaient un restaurant placé à l’époque en haut du champ de foire. Cet établissement s’appelait « le café de Castille » et organisait souvent des banquets.

A l’époque, vers 1930, les enfants d’agriculteurs, comme les frères et sœurs de René, arrêtaient l’école après le certificat d’études. Ce sont les jeunes citadins parthenaisiens issus de la bourgeoisie commerçante et industrielle, des professions libérales, et les enfants de fonctionnaires qui fréquentaient le collège. C’est grâce à son oncle que René a pu poursuivre ses études. Il continuera sa scolarité par deux années d’internat au lycée Fontanes de Niort où il passera le bac « maths élémentaires ». Il prendra aussi des leçons de violon. C’est un évènement décisif car c’est son professeur de violon qui lui conseillera de se présenter à l’école de chimie de Lyon. Ceci est étonnant car Paris ou Bordeaux étaient plutôt les lieux de choix pour la poursuite d’études. C’est ainsi que mon père est devenu ingénieur chimiste. Il a épousé une camarade de promotion et est resté à Lyon où il y avait du travail.
Cependant le lien avec la famille des Deux-Sèvres est resté très fort, surtout avec mon grand-oncle qui était veuf. Celui-ci venait passer un mois chez nous chaque hiver et nous allions chaque été en vacances chez lui rue Voltaire à Parthenay où il habitait. Quand nous allions voir mes grands-parents, je ne comprenais pas grand-chose de ce que disait ma grand-mère qui ne parlait que le patois local. Toute leur vie, mes parents ont conservé des liens étroits avec d’anciens camarades du collège de Parthenay qui habitaient aussi à Lyon.
Tout ce qui venait des Deux-Sèvres était forcément excellent. Ainsi, chaque automne, mes parents commandaient une caisse de pommes clochard que nous conservions plusieurs mois à la cave. Il fallait toujours avoir à la maison du fromage de chèvre, en particulier du camembert (de chèvre). Nous nous régalions en dégustant le boudin noir que mon grand-oncle apportait à Lyon dans ses bagages. Ceci est encore vrai aujourd’hui.
Ces quelques mots pour indiquer ce qui m’a été transmis et m’a conduit à m’intéresser spécialement à la Gâtine.
Encore un bon moment de lecture. C’est clair et enlevé…et résume bien les changements intervenus dans nos familles au cours du siècle passé.
J’ai appris quel était le point culminant du 79 et l’idée de chercher à savoir si l’un de nos ancêtres avait atteint l’ âge de 79 ans me plait et me conduit à constater que mis à part mes grands parents aucun de mes ancêtres de 1668 à 1950 n’a dépassé de 75 ans.
Celui-là, Pierre Fouchereau de Boismé a confirmé la formule qui a cours en Bretagne: »Qui pigne vit »……la misère fait durer l’existence quoi !!!.Marié à Chiché à la veille de la Révolution il a quitté la ferme de Chausserais en avril 1793 et se réfugia avec sa femme et leur premier enfant(une petite fille) successivement à Nueil sous les Aubiers, Terves puis Sanzay; ils en revinrent en 1800 pour s’installer à Puyrajou de Boismé à vue du clocher de Chiché, ayant perdu 3 enfants et donné la vie à quatre autres dont trois garçons:
– l’aîné fit son service militaire et celui d’un tiers soit 7 ans; le second en 1829 à la mort de la mère s’enrôla dans la bande à Diot pour chouanner en faveur de la duchesse de Berry (en principe).Il fut arrêté sur dénonciation à Noel 1834;et sa condamnation à mort par contumace fut commuée en vingt ans de bagne en 1835.. Au bout de cinq ans par amnistie il fut libéré et épousa une fille Berger pour laquelle il avait fait tatouer « bergère » sur son épaule.Son père pour payer une partie des 17000 F que coûta le procès vendit deux maisons et un pré à Nantilly de Chiché…
– le troisième s’étant engagé pour racheter les erreurs du second fut cavalier vétéran à Saint Maixent et à Niort,puis passa dans la marine comme gardien sous le second Empire puis fut mis à la retraite. Il se fit engager alors comme garde champêtre par la mairie de Rochefort sur mer et ayant divorcé se remaria avec une jeunesse locale….Il n’avait pas d’enfant.
Le 3 mars 1873 on le retrouva noyé dans l’eau de la cale de radoub!!!!
Quelle vie quand même !!!
.BRAVO à vous…………Excuses.aussi …si j’avais eu du temps j’aurais fait plus court.
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Ceux qui sont partis connaissent bien cet attachement très fort aux racines, ce besoin de retrouver ces saveurs inoubliables de l’enfance que vous citez : la pomme clochard toute ridée, les petits chèvres si parfumés ou encore le jambon sec à la texture et au goût si particuliers. Et puis s’y ajoute l’envie d’entendre ces intonations et tournures du patois qui ont créé leurs premiers liens sociaux.
Merci pour ce beau texte qui chante les origines.
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