
Un texte de Monique Bureau
La canicule est de retour ces jours-ci en Deux-Sèvres : cela m’a donné l’idée de rechercher dans notre inventaire des curiosités des registres des Deux-Sèvres si un curé avait consigné par le passé ce type d’événements dans les registres paroissiaux.
Et j’ai trouvé effectivement la trace d’un « épisode caniculaire meurtrier » consigné par le curé en marge du registre paroissial de Saint-Martin-de-Mâcon en juillet 1707 :
« Il fit une chaleur si excessive … jours que plusieurs personnes moururent dans les champs ».

https://archives-deux-sevres-vienne.fr/ark:/58825/vta9ecbd600cf4147a0/daogrp/0/79
J’ai fait des recherches sur internet et ai trouvé en particulier un article publié par la Direction de la Météorologie Nationale sous le titre : « Les grands étés en France : 1135-1800 » qui donne une énumération des canicules en France.
Le XVIIIe siècle a connu 21 sécheresses (un événement tous les 4,7 ans) avec une durée moyenne de 110 jours. Il détient la palme des événements extrêmes et marque en quelque sorte un apogée des sécheresses.
En ce qui concerne l’année 1707, il est précisé :
1707— Les chaleurs sont si fortes dans l’Ouest « au temps des faucheries de foin que non seulement des personnes en meurent mais même des bêtes ». Le 19 juillet, « le coche de Paris à Orléans, c’est-à-dire ceux qui étaient dans le coche, qui partirent ce matin-là d’Étampes, comptèrent quatorze chevaux morts de chaleur sur le pavé jusqu’à Orléans ».
Ce qui confirme les notes consignées par le curé de Saint-Martin-de-Mâcon en juillet 1707.
Il y eut d’autres épisodes caniculaires meurtriers notamment en 1705 et 1717-1719 :
1705. — Un été caniculaire en France. À Paris, les 39 degrés sont atteints durant plusieurs jours tandis que dans le sud du royaume la chaleur est telle que « les thermomètres de Cassini et de la Hire sont brisés par la dilatation du liquide ». Dans le Midi, une « chaleur intolérable » ; à Montpellier, « le 30 juillet, la chaleur égalait celle qui sort du four d’une verrerie et on faisait cuire des œufs au soleil ». Il y eut entre 200 000 et 500 000 décès causés par l’infection de l’eau.
1718 et 1719. — Deux étés caniculaires se succèdent. Une forme de climat saharien s’abat sur la région parisienne et les témoins rapportent même l’invasion de nuées de sauterelles en provenance d’Afrique du Nord qui ravagèrent les cultures jusqu’en Normandie. Ces deux étés caniculaires firent 700 000 morts, dont 450 000 pour la seule année 1719. Les victimes sont essentiellement des bébés et des enfants, atteints de dysenterie véhiculée par l’infection des eaux devenues trop basses.