Deuxième partie du texte de Marguerite Morisson débuté hier. Elle nous raconte tout ce qui s’est passé autour du musée (la fin demain).
On aurait pu croire que toutes ces activités pouvaient suffire à toute cette équipe hyperactive de Souvigné ! Et bien non !
Pourquoi ne pas ajouter à tout ce patrimoine, celui de la cuisine traditionnelle poitevine ? On va transmettre, faire des stages, réaliser des repas… c’était en 1994.
Ce qui fut dit fut fait ! A chacune sa spécialité . Et les stagiaires arrivent de tout le département. Il y eut jusqu’à 70 convives … un peu serrés dans le restaurant scolaire ! La municipalité bienveillante autorise l’utilisation du Foyer Rural et de ses aménagements ; C’est nettement mieux !
Françoise la présidente, que les hasards de la vie ont amenée à Souvigné, se passionne elle aussi, devient organisatrice de concerts, d’expos, cordon bleu, guide du musée ou accompagnatrice de randonnées, où elle découvre la topo- nymie extraordinaire des lieux.
Les hommes, infatigables, organisent des circuits, réparent les lavoirs, repeignent, nettoient, blanchissent les murs, transportent les « ponnes à bugheaille » et autres « encombrants », nettoient la cave voutée en évacuant 1 mètre de déblais avec des seaux et des baquets, par les escaliers ! Ils nettoient aussi les cimetières protestants se trouvant sur les circuits de randonnées.
Souvigné est à mes yeux un exemple, un concentré d’imagination, de dévouement, d’enthousiasme et de bénévolat !
Après la cuisine poitevine ses stages et ses repas, ce fut le vide grenier, auquel on ajouta le marché campagnard, puis la foire au farci en 1996, qui existe encore aujourd’hui.
En 2000, de nouveaux arrivants anglais eurent l’idée de préparer le repas de « Christmas » …plus de cent convives !
En 2002, pour la foire au farci, les dames revêtent à leur tour les vêtements et les coiffes qui les ont fait tant travailler… C’est le succès : 100 kg de farci, 20 kg de pâtés, et 70 pains de campagne cuits par le boulanger dans le four rénové, sont vendus !
Mais la « Cerise sur le gâteau » pour ne pas dire «Le Couronnement » fut bien sûr l’expédition mémorable au Plessis Robinson, pour « La Fête des Guinguettes ».
Logistique impressionnante, lavoir démontable, matériel de « bugheaille* avec ponne*, poéloune* et potin* », sac de cendres, brouettes, linge à lessiver. Gégé était devenu rémouleur et André Ricard « palissounait » paniers et corbeilles, pendant que les lavandières rinçaient, battaient, frottaient, tordaient le linge sorti de la ponne à bugheaille, où le linge se lavait à la cendre de bois blanc, arrosé d’eau chaude, puisée avec le potin dans la pouéloune. ( voir p. suivante) Un vrai spectacle pour les Parisiens stupéfaits !
Car il y avait aussi la machine à égrener les « moghettes », le maréchal-ferrant, une cane et ses canetons sur une mare improvisée et les boudins et les confitures et les tourtisseaux appréciés de Charles Pasqua, surtout bien arrosés d’hypocras !
Les participants ont dû s’amuser comme des fous, quel que soit leur âge. Tous en parlaient avec des sourires entendus. Ils ont bien fait d’en profiter. Les anecdotes ne manquaient pas, même les pannes de transport, dont ils riaient encore 10 ans après !
Il y a trente ans de tout cela ! Beaucoup ne sont plus là pour témoigner et ceux qui y sont encore seraient aujourd’hui incapables de réaliser de telles prouesses. Mais il y a les souvenirs et ils sont irremplaçables !
Rien de tel que ces moments de vie associative, d’échanges , de travaux réalisés collectivement pour son village.
Même si la vieillesse apporte son lot de misères physiques, tous ces souvenirs engrangés apportent aussi un esprit plus ouvert et une certaine sérénité.
Personnellement, mon séjour à Souvigné ne me laisse en mémoire que des sourires et de l’amitié pour toutes celles et ceux que j’y ai rencontrés, avec la satisfaction d’y avoir transmis ce qui m’avait été appris, par les lingères : Julie d’Eclopegenêt de Vitré, Anna de Chaignepain et Marie du Busseau.

Pendant trois ans, je suis allée à Souvigné tous les mardis et c’est pour moi aujourd’hui un magnifique souvenir. Au bout de mon « contrat virtuel », toutes savaient refaire une coiffe et comme les idées ne manquaient pas et que l’enthousiasme du début était toujours intact, je me suis retirée, heureu- se de cette belle expérience, guidée par la générosité, l’amour d’un village et heureuse aussi des amitiés nouées.
Je tiens à saluer le travail accompli par Hélène et Marc Guiton, et Jacqueline et Henri Magnien qui furent en quelque sorte les « moteurs » de cette belle aventure. Hélas ! Ils ne sont plus là pour témoigner.
*Pour ceux qui ne connaissent pas le parlanghe :
– La bugheaille : lessive annuelle
– La ponne : grand récipient de pierre taillée, percé à la base, mais obstrué le temps du trem- page, où on entasse le linge avec la cendre de bois.
– La pouéloune : autre récipient en métal posé sur un feu pour y puiser l’eau chaude avec la- quelle on arrose le linge mis à tremper avec de la cendre de bois, blanc de préférence.
– Le potin : récipient de métal fixé au bout d’ un long manche pour aller puiser l’eau chaude dans la pouéloune et arroser le linge dans la ponne.
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