I comme institutrice

Un texte de Marc BOUCHET

Julia Monguilholou épouse Bineau venue des Pyrénées-Atlantiques et retournée dans ses Pyrénées avec son mari

Julia a été ma première institutrice, à La Boissière-en Gâtine. Elle m’a donc fait découvrir les lettres et les chiffres. À cette époque, il n’était pas question de méthode globale ou semi-globale. Elle pratiquait la méthode syllabique. Elle m’a donné le goût de la géographie et de l’histoire. Qu’elle savait bien raconter !
Elle n’est restée à La Boissière-en-Gâtine que deux ans, du 1er octobre 1949 au 1er octobre 1951. Mais elle m’a marqué et peut-être aussi les élèves de ma génération, à La Boissière-en-Gâtine.

L’école communale était normalement une école mixte mais les filles allaient plutôt à l’école privée des religieuses de la communauté de Sainte-Philomène-de-Salvert, près de Poitiers.
N’ayant pas trouvé de photos avec les élèves de La Boissière, j’ai ajouté en fin de texte une photo de Julia avec ses élèves de Beaulieu-sous-Parthenay.

Julia Léa Antoinette Monguilholou est née le 7 juin 1915, à Asson, dans les Pyrénées-Atlantiques. Son père Jean Monguilholou, âgé de 39 ans est agriculteur et sa mère, Clotilde Barbé est âgée de 26 ans. Elle épouse à Asson, le 23 août 1947, Michel Bineau, né le 23 juin1915 à Parthenay.
La famille de Michel Bineau est originaire de La Chapelle-Pouilloux, au sud de notre département. Michel Bineau, né le 23 juin 1915, à Parthenay, est fils de Charles Aimé Bineau et Henriette Monory. Charles Aimé est sous-officier du 114e régiment d’infanterie à Parthenay. La déclaration de la naissance de son fils a été faite en présence de Victor Jollit, sergent major et Jean Gustave Lussardière, adjudant au 67e régiment territorial. Michel Bineau est agent de recouvrement. Il était en poste à Ménigoute, le 10 octobre 1938.
Julia a obtenu le DFEN (diplôme de fin d’École Normale) en 1934 et son CAP (certificat d’aptitude pédagogique) en 1943.

Les différents postes occupés par Julia
Du 5 mai 1937 au 30 septembre 1947, elle est en poste dans le Calvados. D’abord dans les services auxiliaires validés, jusqu’au 30 novembre 1943, puis à Sainte-Marthe-aux-Anglais, et à Blangy-le-Château, enfin à Pont-L’Evêque jusqu’au 30 septembre 1947.
Elle a fait selon les documents officiels une année d’école normale de 1942 à 1943. D’après la famille, il s’agirait de l’école normale de Lescar.

Julia est nommée dans les Deux-Sèvres
Le 1er octobre 1947, elle est nommée à Ardin d’abord à la Villedé, Cette école communale fut ouverte en 1885. Elle enseigne comme adjointe à l’école de garçons d’Ardin dans les Deux-Sèvres jusqu’au 30 septembre 1949 où elle est nommée à La Boissière-en-Gâtine à l’école mixte, jusqu’au 30 septembre 1951.

À noter que dans l’école d’Ardin, il y avait eu des « fusils scolaires » jusqu’en 1883, date à laquelle ils avaient été déposés au lycée de Niort. Un « sergent instructeur » en démontrait l’exercice aux élèves. La crainte d’une nouvelle guerre et une « forme de préparation militaire » après celle de 1870 explique cet enseignement militaire.

L’école de la Boissière était mixte, mais en réalité elle ne recevait que des garçons. L’année scolaire de 1948 à 1949, précédant la nomination de Julia, il y avait 33 garçons à l’école communale. Les filles allaient à l’école des religieuses.  Comme le fait remarquer l’institutrice privée « quoiqu’il y ait une école publique mixte, l’école privée reçoit toutes les jeunes filles de la commune. »
Le 10 juin 1927, dans une lettre à l’inspecteur primaire de Parthenay l’inspecteur d’académie des Deux-Sèvres rappelle qu’en août 1911, à La Boissière-en-Gâtine un projet d’école de filles avait vu le jour mais faute de la création des fonds nécessaires, ce projet n’avait pas été concrétisé. Une autre raison donnée par l’inspecteur met en cause la municipalité. Celle-ci avait fait preuve de « mauvaise volonté et manifestait une hostilité à l’esprit laïque. ». Réf 1.T

À Vouhé, elle reste un an jusqu’au 30 septembre 1952 à l’école de garçons. Elle passe à l’école de Beaulieu-sous-Parthenay jusqu’en 1955. Du 1er octobre 1955 au 1er octobre 1969, elle enseigne à l’école de filles de Mongazon de Parthenay. Julia et son mari habitent à Parthenay, 20 bis rue Taillepied. Elle a dû laisser ses postes pour deux congés de maternité. À cette époque le congé de maternité n’était que de 14 semaines depuis 1946.

Son mari Michel est nommé, en 1968 à Pau, dans le service des amendes. Julia veut suivre Michel dans ses Pyrénées natales. Le 29 octobre 1968, par la voie hiérarchique, Julia demande à l’inspection d’Académie des Basses Pyrénées d’être intégrée dans l’académie de ce département.

Retour dans les Basses-Pyrénées (aujourd’hui Pyrénées-Atlantiques)
Julia Bineau est nommée, en 1969, au collège Jeanne-d’Albret à Pau. Elle assure les cours des 6e de transition. Elle ne restera en poste qu’un an puis prendra sa retraite.
Julia est décédée, le 27 septembre 1995 à Nay-Bourdette. Michel, son mari, décède le 15 juillet 1998 à Aressy (Pyrénées-Atlantiques). Dans le département des Deux-Sèvres, elle avait obtenu une note de 13,5 sur 20 le 3 décembre 1947 et elle a terminé avec la brillante note de 17 sur 20 le 5 février 1969 (notation pour l’inspection académique des Deux-Sèvres).

3 commentaires sur « I comme institutrice »

  1. Merci de ce texte bien explicite qui montre à nouveau les différences entre la Gâtine et la Plaine d’autrefois mais également le dévouement et la carrière de cette personne exemplaire, bravo!!!

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  2. Nos instits et profs sont migrants au hasard des mutations ! En Anjou, sur ma promotion d’école normale nous étions un bon tiers venues d’ailleurs, la plupart de Gâtine ! En 1962, les accords d’Evian ont fait doubler la promotion avec l’arrivée de 18 jeunes élèves-institutrices venant du Sud Est. Le bleu du ciel de Provence hantait leur rêve ! Aujourd’hui, les jeunes profs débutent dans des univers très différents du leur, souvent en région parisienne, et rêvent de la mutation qui les rapprochera de leurs racines.
    Mais quel beau métier !

    Aimé par 1 personne

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