Un texte d’Albéric VERDON,
site Histoire de la Gâtine Poitevine et de Parthenay
Avoir un nom de famille commençant par la lettre K sourit-il aux Gâtinaux d’adoption ?
Un titre en forme de question pour évoquer des « étrangers » qui ont marqué l’histoire de la Gâtine et qui vinrent principalement de deux régions opposées : la Bretagne et l’Alsace.
C’est avec l’arrivée d’Arthur de Richemont à la tête de la baronnie de Parthenay en 1427, qu’apparaissent des patronymes bretons en Gâtine, notamment Gilles de Kérigen ou Karrigen, écuyer et échanson du comte de Richemont en 1430-1434. Nous disposons de peu d’informations sur ce personnage, mais une étude générale sur les officiers du comte de Richemont l’évoquera peut-être (1).

Le second personnage en lien avec à la Gâtine est Bertrand de Knéringen ou Knoeringen, avec une consonance très proche du précédent. Paradoxalement, il n’a peut-être fait aucun passage en Gâtine, mais il était prieur de Parthenay-le-Vieux. C’est par un tableau accroché aux murs de la sacristie de la cathédrale de Poitiers qu’il nous est connu. Il porte l’inscription suivante : « En l’honneur de Dieu et de la Vierge Marie, ce tableau a été donné céans pour avoir mémoire des feus Messire Bertrand de Kneringen, écuyer, ambassadeur d’Allemagne pour le roi François 1er, prieur de Parthenay-le-Vieux, décédé le dernier février 1548 et inhumé au Cordelier dudit lieu ». Il s’agit ici des Cordeliers de Paris. L’histoire de Bertrand de Knéringen reste mystérieuse et il existe probablement des documents le concernant aux Archives nationales.
Autre migrant, François Kemmerer ou Kaemmerer est un ouvrier brasseur allemand, époux de Françoise Casimir, qui s’associe avec Jacques Biget en 1821 pour reprendre la brasserie de la rue du Château. Parthenay comptait alors deux brasseries, situées toutes deux dans la Vau Saint-Jacques et à chaque extrémité. Le vendeur, Élie Alexis Drû, ancien orfèvre, comme l’était Jacques Biget, avait créé l’établissement en 1802. La brasserie de la place du Vauvert fut quant à elle créée en 1818, rachetée en 1827 par Jacques Biget et fermée en 1835 à la suite du décès du propriétaire.
La présence de François Kemmerer avait inspiré les nouveaux propriétaires qui s’adressent, par le biais d’une publicité de 1822, aux limonadiers, aubergistes et buveurs de bières, pour leur faire savoir que l’établissement prenait l’appellation Brasserie Allemande. En 1825, François Kemmerer est qualifié de brasseur et il est âgé de 29 ans. On ne sait pas ce qu’il devient par la suite lorsque la brasserie est vendue par Jacques Biget en 1825 à Henri Violleau. Quoi qu’il en soit, il n’est plus sur Parthenay lors du recensement de 1836.

Le « migrant » suivant est Michel Kramer, né le 31 octobre 1802 à Lauterbourg, ville située à la pointe nord-est de l’Alsace. D’abord instituteur à Moncoutant, il tient le même poste au Tallud de la fin 1838 à 1841. En 1840, il propose de donner des cours de dessin, de musique vocale, d’écriture, d’arithmétique et de dessin linéaire aux ouvriers de Parthenay, proposition qui sera alors ajournée. Deux ans plus tard, en mars 1842, étant professeur de musique, il est nommé chef de musique de la Garde nationale de Parthenay. On le retrouve comme professeur de musique et de dessin à Parthenay en 1843-1845, puis il part à Rouen avant de rejoindre Paris.
Le personnage le plus connu à Parthenay ayant un patronyme commençant par la lettre K est Edouard Knœpflin. Ses origines sont obscures et il faut remercier Danielle Velde pour son travail (2). Il est né le 4 mai 1861 à Paris, enfant illégitime de Marie Eugénie Fouraux. Le 6 mai 1874, il est reconnu par son père, Charles-Edouard Knœpflin, une famille avec une branche d’origine alsacienne qui avait déjà quitté cette région avant la Révolution. Pour l’anecdote, avec un clin d’œil à François Kemmerer, indiquons que le père d’Edouard Knœpflin fut un temps brasseur à Ivry-sur-Seine.
Le futur céramiste de Parthenay avait commencé des études qu’il dut interrompre en 1876 à la suite de déboires financiers de son père. Il se tourne alors vers l’apprentissage et travaille la sculpture chez divers maîtres. En 1879, Edouard Knœpflin s’inscrit à l’Ecole des arts décoratifs de Paris et il ne tarde pas à obtenir de belles distinctions pour ses œuvres. A partir de 1886, il est à Limoges et participe à la réalisation de modèles destinés à l’industrie de la porcelaine en vue de l’exposition de 1889. Cette même année 1889, il épouse Marie Hersant à Limoges.
C’est en 1902 qu’il vient reprendre la fabrique de céramiques Amirault à Parthenay qui fonctionnera jusqu’en 1910, mais qu’il quitte en 1907. En 1902, Edouard Knœpflin devient également directeur et professeur de l’Ecole de dessin et de modelage de Parthenay, poste qu’il occupe jusqu’en 1916. En 1907, il obtient l’autorisation et l’argent nécessaire pour faire construire un four dans son école. Ce dernier est mis en service en 1908.
Edouard Knœpflin quittera Parthenay pour Paris en 1917, et il y décède en 1945.

Le dernier « migrant » que nous évoquerons a certes une consonance patronymique étrangère à la Gâtine et à la région, mais il est pourtant né à Niort le 12 octobre 1852. Il s’agit de Louis Kuntzeler (3). Sa fille Marie-Gabrielle naîtra à Secondigny en 1883 et on retrouve le père à Parthenay en 1913 comme receveur du bureau central de l’octroi. Licencié au 1er janvier 1928 à la suite de la suppression de l’octroi, il prend la responsabilité de la bascule municipale. Dès l’année suivante, l’ancien bureau d’octroi, qui est associé à la bascule, sert également de Syndicat d’initiative et M. Kuntzeler est chargé de renseigner les touristes. Il est ainsi le premier hôte d’accueil de Parthenay ! Il sera remplacé en 1936.

Nous ne pouvions évoquer les patronymes commençant par la lettre K et leur consonance étrangère sans citer de femme. Il faut bien reconnaître qu’elles sont rares en Gâtine. Nous ne pouvons faire connaître que Suzanne de Kerveno, que l’on trouve également orthographié Quervenou, qui sera l’épouse de Jean Clabat, chevalier et seigneur du Chillou. Elle demeure au château de la Cherpentrie à Lamairé en 1741. En 1753, étant veuve, elle loue une maison près des murs de la ville de Parthenay. Elle sera inhumée dans l’église Sainte-Croix le 10 décembre 1758.
Pour clore cet article, nous pouvons donc répondre à notre question initiale : Oui, porter un patronyme commençant par la lettre K a souri à de nombreux « étrangers » de la Gâtine.
- Information de Guillaume Porchet.
- Velde (Danielle), Biographie d’Edouard Knœpflin, La faïencerie d’art de Parthenay, 3e volet, Edouard Knœflin, musée de Parthenay, 2018
- Nous remercions Julie Redon des Archives de Parthenay pour nous avoir communiqué certains renseignements.
Merci beaucoup pour cet article. J’ai trouvé deux petites filles qui ont eu moins de chance : Jeanne Claudrine KENGUIADEV ou KENGUIADEN baptisée au St-Sépulchre en 1747. Elle était née dans la grange de Mongazon, refuge des mendiants et vagabonds venus de tout le royaume. Et une petite Elisabeth Catherine KEVASQUI morte à St-Laurent en 1726. La première doit être bretonne, la seconde a un nom qui rappelle la Pologne… Elle est peut-être la fille d’un soldat.
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K, K, K, une occasion pour dire merci…
Je vais, et avec plaisir, et je trouve souvent LE ou LES renseignements souhaités dans « histoire de la Gâtine Poitevine et de Parthenay ». Pour ce challenge ces noms commençant par K ont des sonorités extra-poitevines. Quelle bonne idée !
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Avec la lettre K, on a affaire à des migrants qui ont très bien réussi, en apportant leur savoir faire dans les Deux Sèvres.
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