O ! oh ! ho ! comme Orne

Un texte de Mauricette LESAINT

Passais et Niort

oh ! pour être plus précis, nous allons à Passais dans l’Orne, petite cité du bocage normand.  Mais ho ho ! patience, si Passais est bien le point de départ du voyage, suivons d’abord MA chronologie !

La première fois que j’ai rencontré Michel Rossignol, c’était sur l’acte de mariage de sa fille Marie Anne, l’ancêtre deux-sévrienne de mon mari, acte du sept vendémiaire an cinq à Niort.

Puis, je l’ai retrouvé, à son propre mariage, le 21 mai 1763, à Notre-Dame de Niort. C’était trente-trois ans auparavant. Il est alors un jeune homme de vingt-et-un ans, épousant Marie-Anne Nigot, orpheline comme lui. Lui, est né à Passais, elle, à Niort.

C’est le mariage de deux régions Normandie et Poitou. Les deux lieux de naissance, distants de trois-cents kilomètres, sont très différents par leur terroir et leur histoire : Passais, dans le bocage normand avec ses chemins creux, Niort, ville au milieu d’une plaine calcaire ensoleillée ; Passais, Passais la Conception, paroisse fondée par Louis XI en 1475 et toujours connue pour son oratoire et ses pèlerinages, Niort, ville au riche passé huguenot.

Paysage normand

Plaine niortaise

Michel, dit encore l’acte de mariage, est fils des feux Pierre Rossignol et Anne Turquetil.

Nous voilà au point de départ. C’est à Passais que Michel naît le 1^er novembre 1742 et devient orphelin très jeune, de mère, puis de père ! 
Le 16 août 1731, se marient Pierre Rossignol et Anne Turquetil, ses parents.
Entre 1732 et 1744, naissent huit enfants.
Le 6 avril 1745, meurt Anne Turquetil la mère, Michel a deux ans.
Le 15 février 1746, dix mois plus tard, se remarie Pierre Rossignol le père avec Anne Gillot.
Le 18 novembre 1749, meurt à son tour, Pierre Rossignol le père, maréchal.
Des huit frères et sœurs, n’ont survécu que Michel et Mathurin son aîné de presque trois ans.  Michel a maintenant sept ans.
Le 19 novembre 1750, un an plus tard, Anne Gillot la belle-mère se remarie avec Jacques Houssard maréchal comme Pierre Rossignol son premier mari et père de Michel.

Les actes notariaux se succèdent, inventaire, contrats… Le couple Houssard Gillot vit et travaille dans la maison des feux Michel Rossignol et Anne Turquetil, et élève leurs deux orphelins Mathurin et Michel. Des années qui ont suivi dans la famille de Jacques Houssard et Anne Gillot, puis de l’adolescence de Michel, je ne sais rien.

On ne reparle de Michel qu’en 1760 dans un nouvel acte notarial du 14 avril 1760, il a alors 18 ans. Son frère aîné Mathurin, soldat au régiment d’infanterie d’Artois, vient régler leur héritage à Passais avec Jacques Houssard et Anne Gillot, pour lui et pour Michel encore mineur dont il est devenu le tuteur naturel.

Le 13 janvier 1763 c’est Michel, quelques mois avant son mariage, qui est à son tour à Passais.Le notaire écrit : « Michel est fils majeur et en partie héritier de feu Pierre Rossignol et Anne Turquetil sa première femme, Michel est originaire de Passais et demeure en la ville de Niort en Poitou, paroisse Notre Dame ». Michel vient « pour arranger ses affaires » avec Jacques Houssard maréchal et Jeanne Gillot son épouse.

 Quand a-t-il quitté Passais ? Quand est-il arrivé à Niort ? et pourquoi ? Je manque de signaux qui expliqueraient ce voyage. Est-ce le goût de l’aventure, l’attrait du voyage ? Quel est le rôle du grand frère ? L’explication est peut-être à Passais. Je m’autorise juste à éliminer la recherche d’un travail. Michel était trop jeune pour apprendre le métier de maréchal avec son père, il n’a pas appris ce métier avec Jacques Houssard non plus, il est journalier sur les actes niortais où il est cité.

Sur l’acte de mariage, Michel est« autorisé par les principaux parents » par acte de notaire du 8 mai précédent, sans autre précision. Michel fonde donc sa vie à Niort avec Marie Anne Nigot. Je leur connais trois enfants.

Trente-trois ans plus tard, le 7 vendémiaire an V, sa fille Marie Anne épouse un jeune homme, Nicolas Le Saint, natif de Bouquelon, sur l’estuaire de la Seine. Il est aussi Normand, mais c’est une autre histoire…  Au mariage de sa fille, Michel est décédé, mais où est cet acte ? Son fils Jean-Baptiste lui, serait né « à l’ile de Ré » et décédé à l’âge de cinquante ans à Niort, dit l’acte de décès filiatif du 13 avril 1811. Ho, ho ! serait-il né avant le mariage de ses parents et sur l’île de Ré ?

La vie de Michel garde bien des zones d’ombre. Ô ! plaisir de la recherche, en quête d’une nouvelle certitude !

Remarque : Les interjections oh, ho et ô sont parfois interchangeables… dit la Banque de dépannage linguistique. 

Sources
Les Archives départementales des Deux-Sèvres et de l’Orne.
Geneanet pour les archives notariales de Passais.
Images « Normandie-Tourisme » et « France-Bleu »