U comme Migration d’Usseau à Rochefort

Un texte de Monique BUREAU

Bien qu’ayant plusieurs ancêtres ayant migré loin de leur région natale et de leur pays natal, il m’a été difficile de trouver une migration liée à notre département, et en final, je vais vous parler des ancêtres de Marie MILLORY (1692-1787) qui a fait l’objet d’un article dans le challenge AZ consacré en 2020 aux femmes « U comme Usseau, Ussolière, Uxellois, Uxelloise… ».

Marie MILLORY était la fille de François MILLORY, charpentier de navires/maître-calfat à Rochefort et de Françoise BAILLY/BAILLIT : Françoise était native « d’Usau », comme précisé dans son acte de mariage à Rochefort en 1690. Françoise, baptisée le 23 juin 1665 à Usseau, est dite « fille de François BALLY garde de Monsr de Montassier et de Françoise GENAUD, a été parrain Pierre GIRON Sieur de Gifardiere (qui signe) et marraine Amisse GENAUD».

Françoise GENEAU/GENAUD/GENELLE, mère de Françoise, avait épousé en secondes noces Charles GENEAU ; un acte de partage précise : «D’entre Françoise GENEAU femme non commune de Charles GENEAU se disant tuteur des enfants d’un premier mariage avec François BAILLY, Marie BAILLY femme de François RESNEAU, Pierre SERVANT et Louise BAILLY sa femme, François MILLORY et sa femme Françoise BAILLY ». Françoise BAILLY avait donc au moins un frère François et deux sœurs Louise et Marie : j’avais trouvé le baptême de François en 1671 à Usseau, le couple Louise BAILLY X Pierre SERVANT, maître, dont la descendance restera sur Usseau/Dœuil-sur-le-Mignon et un autre frère, Jehan BAILLY, baptisé en 1668 à Usseau, mais pas d’autre trace de leur sœur Marie BAILLY.

GÉNÉALOGIE BAILLY/GENEAU

Depuis 2020, j’ai pu explorer les branches BAILLY/GENEAU et remonter la branche GENEAU grâce à l’exploitation des témoins de Françoise BAILLY cités dans ses deux contrats de mariage :
François REDON, boutonnier, son beau-frère à cause de Marie BAILLY sa femme,
Anthoine JOUVE, peignaire, mari de Marie BREARD, sa cousine germaine du côté maternel,
Jean PASLIN, bombardier son cousin par alliance, un autre Jean PASLIN aussi cousin par alliance,
Marie BREARD femme du dit Jean PASLIN sa cousine germaine du côté maternel,
Marie JOUVE sa cousine remuée de germain.

Et me voilà à rechercher tout ce petit monde :
Je trouve le couple François REDON/RESDON, marchand, marchand boutonnier  X Marie BAILLY qui a eu un premier enfant baptisé en 1680 à Usseau, puis trois autres enfants baptisés à Rochefort dont Anthoine le 26 avril 1690 qui a pour « Parrain Antoine JOUVE faiseur de peignes et marraine Françoise BAILLIT femme de François MILLORY ».
– Puis le couple Anthoine JOUVE, faiseurs de peignes, peigneur, peignaire, X Marie BREARD ayant eu au moins deux enfants dont une fille Marie qui a épousé le 28 janvier 1704 à Rochefort Jean PASLIN canonnier, fils de Jean PASLIN bombardier et Judith VAHOU.
– En poussant plus loin mes recherches je trouve le baptême d’une Marie BREARD le 22 décembre 1655 à Blanzay-sur-Boutonne : « Fille de Louis BREARD marchand et Amisse GENAUD sa femme ». J’en déduis qu’Amisse GENAUD, marraine de Françoise BAILLY, est la sœur de Françoise GENEAU, mère de Françoise BAILLY, Marie BREARD, fille d’Amisse étant cousine germaine de Françoise BAILLY.

Louis BREARD et Amisse GENAUD se sont mariés le 26 avril 1654 à Saint-Jean-d’Angély : lui fils de Jean BREARD et Suzanne BREARD, elle, fille de Pierre GENEAU et Jeanne BOURNIAUT. Ils ont eu un fils Pierre, charpentier de navire, qui s’est marié à Rochefort en 1698 : dans cet acte il est précisé que ses parents demeurent au lieu-dit « la Rivière » à Blanzay-sur-Boutonne. Et voilà la descendance du couple Pierre GENEAU et Jeanne BOURNIAUT établie. Ce couple venait-il d’Usseau ? Difficile de le savoir, les registres d’Usseau comportant plusieurs lacunes jusqu’en 1702. Force est de constater que beaucoup de leurs petits-enfants sont venus habiter, travailler à Rochefort, s’y marier et fonder une famille :
– Marie BAILLY s’est mariée à Usseau, a eu un premier enfant sur Usseau avec son mari François REDON, marchand boutonnier, puis la famille s’est installée sur Rochefort.
– Sa sœur Françoise BAILLY, plus jeune, l’a-t-elle suivie sur Rochefort et rencontré son mari François MILLORY qui travaillait comme charpentier de navire ? Une des connaissances de son cousin germain Pierre BREARD, lui aussi charpentier de navire sur Rochefort ?
– L’époux de Marie BREARD, Anthoine JOUVE, était faiseur de peignes, peigneur, peignaire : leur fille s’est mariée sur Rochefort avec un canonnier. Marie BREARD, veuve, s’est mariée une seconde fois avec le père de son gendre, Jean PASLIN, bombardier.

ROCHEFORT : UNE VILLE ATTRAYANTE A LA FIN DU XVIIe SIECLE

1661, la marine française est en mauvais état, elle ne compte plus que quelques navires capables de prendre la mer. Louis XIV veut remplacer le port de guerre Brouage qui s’est ensablé. Le site de Rochefort est choisi par le Conseil du Roi pour y fonder le nouveau port de guerre : la ville de Rochefort est ainsi fondée en 1666. COLBERT DU TERRON appela près de lui des ingénieurs distingués. On appela sans retard des ouvriers de diverses professions auxquels on accorda des terrains et qui formèrent le noyau de la nouvelle ville.

L’arsenal, établi sur la rive droite de la Charente, se divisait en trois parties bien distinctes : la première comprenait, au sud, à partir de l’avant-garde, la mâture, la tonnellerie, les forges, divers magasins, le magasin général et s’arrêtait au chenal. Au-delà se trouvait un vaste espace planté et à son extrémité s’élevaient la corderie et le magasin des colonies. Enfin, des chantiers de construction et de radoub formaient la troisième partie. Une importante fonderie de canons fut construite à la même époque dans l’enceinte de la ville.

Les chantiers navals lanceront ou répareront plusieurs centaines de navires au total dont plus tard, les frégates l’Hermione et la Méduse.

Maquette de Rochefort et de son arsenal
(musée Hèbre de Saint-Clément)

Les habitations, d’abord en bois, sont vite remplacées par des maisons en pierre. La ville connait un accroissement fulgurant de sa population ; en 1671, elle compte déjà 20 000 habitants travaillant pour la plupart pour les arsenaux.
Ce doit être dans ce contexte, que mes ancêtres sont venus s’installer à Rochefort, attirés par le travail qu’on pouvait y trouver, comme charpentier de navire, peigneur/peignaire/faiseur de peigne, bombardier, canonnier ou marchand boutonnier…

QUELQUES MOTS SUR CES MÉTIERS

Métier de charpentier de navire, maître-charpentier, maître calfat (PDF source https://musee-marine.fr)
« Les maîtres-charpentiers distribueront l’ouvrage aux ouvriers, les empêcheront de débiter des pièces de bois en copeaux et de quitter l’ouvrage avant l’heure. Le maître-calfat sera aussi présent à la visite et la carène du vaisseau ; il examinera avec soin si les coutures sont bien calfatées.»

Métier de faiseur de peigne/peignaire/peigneur : La corderie royale avait besoin de main d’œuvre, dont les peigneurs :
« La corde est un ensemble de fibres assemblées les unes aux autres tout en restant légèrement mobiles. On a employé des matières d’origine animale (cuir, crin, tendons, boyaux) ou végétale avec des plantes textiles à fibres longues (coton, sisal, mais surtout chanvre).

  1. L’agriculteur lie les bottes et les dispose en cônes dans les champs.
  2. La plante est ensuite passée sur un gros peigne en bois afin d’en extraire les graines.
  3. Puis c’est l’étape du « rouissage » : on place les bottes sur un radeau de bois qu’on immerge en le chargeant de pierres ou de sable pendant 8 à 10 jours. L’humidité décompose la matière qui lie les fibres entre elles et la sépare de la chènevotte (partie intérieure rigide de la tige).
  4. On fait sécher les bottes dans un grand four.
  5. On débarrasse la fibre de la chènevotte en écrasant la tige à l’aide d’un outil en bois avec une mâchoire articulée pour que ne subsiste que la fibre brute.
  6. Regroupée en queue de chanvre, la filasse est conditionnée en ballots afin d’être acheminée vers les corderies par chariots ou par halage.

Différentes catégories d’ouvriers se succédaient pour transformer le chanvre en cordage : Pour l’affinage, les peigneurs traitaient la filasse. On obtenait ainsi la fibre ultime pour la corderie mais aussi l’étoupe (fibres courtes et déchets accrochés aux peignes) servant au calfatage des navires.

https://gallica.bnf.fr/blog/20102021/la-corderie-royale-de-rochefort

Le port de Rochefort avec la corderie royale
estampe / N. Ozanne del ; Y. Le Gouaz sculp., 1776

Métier de bombardier : soldat, servant de la bombarde (machine de guerre lançant des boulets), employé communal chargé de la défense de la ville.

Métier de canonnier : Ouvrier arquebusier fabriquant le canon de l’arme, Jean PASLIN a travaillé certainement dans l’importante fonderie de canons qui fut construite dans l’enceinte de la ville.

Métier de marchand boutonnier : Fabricant de boutons. Je n’ai rien trouvé de spécifique.

RETOUR SUR USSEAU

Marie MILLORY, fille de Françoise BAILLY, est revenue vivre à Usseau avec son mari Jacques CLEROUIN, laboureur à bras, marchand, bouvier. Où l’a-t-elle rencontré ? Rochefort ? Encore de belles découvertes à faire !

2 commentaires sur « U comme Migration d’Usseau à Rochefort »

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