Challenge de l’été : Moulins en bois

Un texte de Jean-Pierre Mortaud

C’est toujours avec grand plaisir que je lis le blog de Généa79.
En quelques lignes, je voudrais apporter ma modeste contribution au challenge lancé sur ce site pour cet été, en émettant une hypothèse que je soumets à la sagacité des lecteurs et à leur érudition ; il s’agit de savoir s’il y eut dans le 79 avant la Révolution et peu de temps après, dans le bocage bressuirais, à Boismé particulièrement, des moulins à vent en bois dits moulins à pivot jumelés le plus souvent avec des moulins à eau comme l’ont été les moulins à vent en dur (moulins-tours) dont certains sont arrivés jusqu’à nous,

Ma conviction est faite depuis ce printemps ; je dis oui mais je me sens un peu seul…

Voici l’histoire.
Mon arrière-grand-mère maternelle, née et décédée à Boismé, qui avait épousé en 1869 à Boismé toujours Pierre Joseph Fouchereau (1835-1873) de la même commune, s’appelait Mélanie Flavie Rambault (1840 – 1917).

Elle descendait de Jean Rambault (1767-1823) meunier avant et pendant la Révolution et jusqu’à son décès, au moulin des Guitèrières de Boismé.
Celui-ci avait trois frères qui furent également meuniers :

  • Jacques (1748-1809) ( avec des réserves) au moulin de la Guiraire de Boismé,
  • Louis (1775-1835) au moulin Libault de Chanteloup,
  • Toussaint (1756-1830) au moulin de Thouaret de La Chapelle-Saint-Laurent.

Ce dernier retient notre attention.

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Challenge de l’été : les 79 premiers dessins d’Arthur Bouneault

Un texte de Raymond Deborde

Pour faire nos recherches autour des pierres tombales dans les églises, il est un ouvrage de référence que nous utilisons énormément : le répertoire des dessins archéologiques d’Arthur Bouneault. Le livre a plus d’un siècle. L’auteur, Alphonse Farault, conservateur adjoint de la bibliothèque de Niort, a listé les 2681 dessins réalisés par Arthur Bouneault, responsable du musée lapidaire de Niort, dans tous le département des Deux-Sèvres. On y trouve des reproductions de blasons, croix, cheminées, bas-reliefs, fenêtres… mais aussi de plates tombes. Cette liste nous sert donc à repérer les églises contenant potentiellement des pierres tombales.

Ainsi pour préparer sa visite à Saint-Vincent-la-Châtre, Monique avait une petite idée de ce qu’elle pouvait espérer y trouver.

Mais, mieux que le répertoire, l’idéal est d’avoir accès directement aux dessins d’Arthur Bouneault. Le titre complet du livre me laissait penser qu’ils étaient sans doute conservés à Niort, logiquement à la médiathèque Pierre-Moinot, puisque les dessins avaient été légués en leur temps à la bibliothèque municipale de Niort. J’ai donc pris contact avec le responsable du fonds ancien de la médiathèque. Il m’a confirmé l’existence de ce fonds, que certaines images avaient déjà été numérisées, à la demande, et il se proposait de répondre à toutes nos demandes quel qu’en soit le nombre !

Monique a donc listé les numéros des dessins qui nous intéressaient potentiellement (250 environ !) que j’ai communiquée à la médiathèque. Quelques instants plus tard, je recevais un premier envoi d’images, celles qui avaient déjà été numérisées.

Il y en avait 79 !

Le hasard est tellement beau que l’anecdote va trouver sa place dans le challenge de l’été, parlez-nous du 79.

Mais, ce qui est surtout précieux, c’est que nous pouvons maintenant admirer pour de vrai les dessins précis d’Arthur Bouneault. Ils sont remarquables et vont nous permettre de déchiffrer bien plus facilement des pierres qui se sont érodées en un siècle. Et nous les partagerons avec vous sur le blog au fur et à mesure.

Exemple avec la plate tombe d’Aubert Gazeau à Saint-Vincent-la-Châtre illustrée par Arthur et photographiée par Monique : le texte devient aisément lisible et on peut apprécier la qualité et la précision de cette tombe classée comme monument historique.

Bref, nous avons de quoi nous occuper autour des plates tombes, d’autant plus qu’un deuxième envoi de la médiathèque est déjà venu enrichir les 79 premières images. Si vous voulez participer à l’inventaire photographique, complémentaire aux dessins d’Arthur Bouneault, n’hésitez pas à nous contacter sur notre mail généa79@orange.fr

Arthur Bouneault (source Gallica : dictionnaire biographique des Deux-Sèvres)

En attendant, je me dois de remercier l’équipe du fonds ancien de la médiathèque de Niort qui a répondu favorablement et diligemment à toutes nos demandes. Pour les généalogistes, c’est un fonds à découvrir, riche de 50 000 volumes dont de nombreux qui concernent l’histoire du département dans des locaux tout justes rénovés. N’hésitez pas à leur rendre visite.

Je veux aussi remercier Ernest Alexandre (dit Arthur) Bouneault (1839-1910), auteur des dessins archéologiques. En cadeau posthume, voici l’arbre d’ascendance de cet érudit et artiste à la généalogie très niortaise.

Challenge de l’été : sosa 79 !

Un texte d’Éliane Blain

Penchée sur mon arbre, (CACAULT -VOILLON), je la repère, 7e génération, 2e quart gauche… donc région Poitou…donc huguenote…donc beaucoup d’incertitudes !…

Lors de notre première rencontre, le côté « clandestin » de son existence en marge de la « normalité » m’avait impressionnée. Autour d’elle, dans ma généalogie il y en a quelques autres mais … « 79 » oblige !…

Aujourd’hui je redécouvre Jeanne MERSERON-MERCERON.

La petite Jeanne voit le jour le 7 août 1765 dans la paroisse de Moncoutant, au cœur de la Cournolière, village qui ne possède pas encore cet immense cimetière protestant, ni ce temple aujourd’hui désaffecté. Sa famille comme beaucoup d’autres du village est protestante depuis au moins deux générations et pour son baptême, ses parents ont recours au Pasteur GAMAIN qui dessert la région de Moncoutant. La petite huguenote est baptisée le jour même de sa naissance, le 7 août en même temps que 2 autres enfants de St-Jouin-de-Milly et de Montigny. Baptêmes clandestins, « au Désert » certainement à Moncoutant…  

Acte de Baptême de Jeanne MERSERON [1]

Son père Jean MERSERON-MERCERON né à Courlay en 1727 et sa mère Julie BONNEAU-BOUNEAU née à la Genaudière de Moncoutant en 1738, bien que huguenots ont été baptisés dans les églises paroissiales respectives par un curé qui note « enfant illégitime » mais qui leur assure ainsi un état-civil légal, ce que Jeanne n’aura pas. Ils ont été mariés au Désert, par le même Pasteur GAMAIN le 23 septembre 1759. Je n’ai trouvé que Jeanne comme enfant de ce couple mais il est fort probable qu’il y en eut d’autres.

Ses parents décèdent pendant son adolescence (aucune date) et à 19 ans elle épouse Jean MICHENEAU-MICHONEAU (Sosa 78) de 7 ans son aîné issu d’une famille protestante comprenant au moins 6 enfants nés entre 1737 et 1758 et dont il est le cadet. Il voit le jour le 5 octobre 1758 à la Falourdière de St-Jouin-de-Milly du mariage clandestin avant 1737 de François MICHENEAU, laboureur et de Jeanne BAUDOUIN. Il sera tisserand, journalier, bordier.

Son frère François Louis né le 22 novembre 1741 sera lui aussi un de mes ascendants (Sosa142) marié avec Marie GRANGER (1751-1826)

Le mariage de Jean et Jeanne est célébré « au désert » par le pasteur DAVID le 24 octobre 1784. [2] Ils ont 26 et 19 ans.

Il semble que ce couple se soit d’abord installé au village du Bouchet à La Forêt-sur-Sèvre puisqu’il y nait une fille : Jeanne, mon Sosa 39, le 8 septembre 1791 (date indiquée sur son acte de mariage mais pas dans les registres).

A partir de cette date leur histoire familiale va croiser la grande Histoire de façon plus violente : Il faut revenir un peu en arrière et constater que depuis 1760 environ une certaine tolérance envers les protestants s’est installée doucement – les brimades persistent tout de même – et l’on s’achemine peu à peu vers l’Édit de Tolérance de 1787. Celui-ci va leur permettre d’exister enfin grâce à l’état-civil, d’exercer librement un métier… sans toutefois autoriser la pratique de leur culte. Notre couple va pouvoir enfin oublier les conséquences des Guerres de Religion… pour malheureusement subir celles de la Guerre de Vendée ! Après 1789, les premières manifestations paysannes des Deux-Sèvres vers Châtillon et Bressuire sont impitoyablement réprimées (août 1792). En Vendée, les troubles se généralisent dès mars 1793 et vont gagner rapidement toute la Vendée militaire. Devant les exactions commises, les familles protestantes de La Forêt, St-Jouin et Moncoutant, Courlay… vont fuir vers le sud aux confins de la Vendée militaire ; beaucoup s’arrêteront à Champdeniers – où l’hébergement est plus important – Cherveux, Cours ou St-Gelais où ils retrouveront d’autres coreligionnaires pouvant les aider.

C’est à St-Gelais, actuelle banlieue de Niort que je retrouve trace de Jeanne MERCERON (MASSON) épouse Jean MICHONNEAU qui le 5 septembre 1794 accouche d’une fille, Louise.

L’acte ne précise pas que les parents font partie de ces familles paysannes réfugiées qui ont été jetées sur les routes. Impossible de dire quand ils ont quitté le village du Bouchet de La Forêt-sur-Sèvre, peut-être fin 1793 ? Qu’ont-ils vécu avant de quitter leur foyer ? Dans quelles conditions ont-ils parcouru plus de 60 kilomètres ? La seule certitude est le départ de toute la famille Micheneau et des familles alliées.

 Je découvre que le couple va ensuite se fixer à Cherveux où ils vont résider pendant tout leur exode. La petite Louise va y mourir le 5 septembre 1794, le décès ne sera déclaré que dix jours plus tard le 27 octobre… Elle avait un peu plus de cinq semaines.

D’autres décès vont suivre :  

Le 23 mai 1795, Pierre MICHENEAU, époux Marie CORNUAU, beau-frère de Jeanne MERCERON y décède alors que Jeanne MICHENEAU, veuve JOTTREAU, sa belle-sœur est morte l’année d’avant, le 22 octobre 1794 à Champdeniers où ont également laissé leur vie mes Sosa 80, 88, 130,131…

 Dans ce climat de souffrances, de deuils, enfin une bonne nouvelle : Jeanne MERCERON met au monde à Cherveux une petite fille, Marie, le 16 mars 1796 [3], qui aura pour parrain et marraine Jacques Micheneau, bordier, et Marie Merceron tous deux réfugiés de la Falourdière de St-Jouin de Milly.  

1796 annonce aussi la fin de la Guerre de Vendée avec la mort de Charrette le 29 mars. Progressivement les réfugiés vont retrouver leurs bourgs mais notre couple MICHENEAU-MERCERON va s’arrêter à Moncoutant, au village de la Javrelière, où leur vie va devenir « normale » avec la naissance de 3 autres enfants :

  • François, le 07/09/1798
  • Jean, le 08/04/1801
  • Louise, le 25/03/1802

Marie MERCERON a 37 ans et passera les années suivantes à la Javrelière jusqu’au décès de son époux, Jean MICHENEAU le 29 janvier 1818. Elle a 53 ans. Je la retrouve à la Génaudière, village natal de sa mère en 1826 pour le mariage de Louise, la petite dernière.

 Elle meurt le 2 janvier 1833 à 68 ans aux Trois-Maisons ; son acte de décès me laisse encore une fois l’impression d’une vie « gommée » : son gendre Jean FRADIN, mon Sosa 38, oublie le prénom de l’époux – François au lieu de Jean – les parents de la décédée n’ont pas de prénoms…  

Ce fut tout de même une vie bien remplie…mais dont on ne connaît pas tout.


[1] AD79 – Pasteur GAMAIN – 1763/1767 – p 32/63
[2] AD 85/12 – Actes des Protestants – 1781-1789 – p 20/59
[3] AD 79-Cherveux N M An II-An X- p 87/151

Challenge de l’été : Les Deux-Sèvres, un département bien attachant

Un texte de Monique Bresse

Dans mon enfance, dès que mes parents ont possédé une voiture, j’ai rapidement appris à reconnaitre le 79 sur les plaques d’immatriculation. Comme nous habitions à Lyon, ce numéro était rare, mais pour moi il avait de l’importance car mon père était originaire des Deux-Sèvres. La plupart de mes ancêtres étaient agriculteurs dans des communes situées aux alentours de Parthenay : Amailloux, Clessé, Vasles, Beaulieu-sous-Bressuire, Saint-Lin, Vouhé, Châtillon-sur-Thouet, Vausseroux, Ménigoute, Viennay… Pour l’anecdote, en consultant les durées de vie de tout mes ancêtres, je me suis aperçu que peu d’entre eux atteignaient l’âge de 79 ans.

   Quand ils se marièrent, mes grands-parents s’installèrent dans une ferme située à Saint-Martin-du-Fouilloux qui s’appelait La Pointière. Ils étaient sans doute métayers. Cette commune contient le point culminent des Deux-Sèvres à 272 mètres. Mon père, René Gelin, né en 1918, était le quatrième enfant de la famille. Pour soulager la famille, c’est son oncle et son épouse qui ont pris soin de mon père. Ils tenaient un restaurant placé à l’époque en haut du champ de foire. Cet établissement s’appelait « le café de Castille » et organisait souvent des banquets.

Le café de Castille à Parthenay dans les années 1930

A l’époque, vers 1930, les enfants d’agriculteurs, comme les frères et sœurs de René, arrêtaient l’école après le certificat d’études. Ce sont les jeunes citadins parthenaisiens issus de la bourgeoisie commerçante et industrielle, des professions libérales, et les enfants de fonctionnaires qui fréquentaient le collège. C’est grâce à son oncle que René a pu poursuivre ses études. Il continuera sa scolarité par deux années d’internat au lycée Fontanes de Niort où il passera le bac « maths élémentaires ». Il prendra aussi des leçons de violon. C’est un évènement décisif car c’est son professeur de violon qui lui conseillera de se présenter à l’école de chimie de Lyon. Ceci est étonnant car Paris ou Bordeaux étaient plutôt les lieux de choix pour la poursuite d’études. C’est ainsi que mon père est devenu ingénieur chimiste. Il a épousé une camarade de promotion et est resté à Lyon où il y avait du travail.

            Cependant le lien avec la famille des Deux-Sèvres est resté très fort, surtout avec mon grand-oncle qui était veuf. Celui-ci venait passer un mois chez nous chaque hiver et nous allions chaque été en vacances chez lui rue Voltaire à Parthenay où il habitait. Quand nous allions voir mes grands-parents, je ne comprenais pas grand-chose de ce que disait ma grand-mère qui ne parlait que le patois local. Toute leur vie, mes parents ont conservé des liens étroits avec d’anciens camarades du collège de Parthenay qui habitaient aussi à Lyon.

            Tout ce qui venait des Deux-Sèvres était forcément excellent. Ainsi, chaque automne, mes parents commandaient une caisse de pommes clochard que nous conservions plusieurs mois à la cave. Il fallait toujours avoir à la maison du fromage de chèvre, en particulier du camembert (de chèvre). Nous nous régalions en dégustant le boudin noir que mon grand-oncle apportait à Lyon dans ses bagages. Ceci est encore vrai aujourd’hui.

            Ces quelques mots pour indiquer ce qui m’a été transmis et m’a conduit à m’intéresser spécialement à la Gâtine.

                                                          

Challenge de l’été : mon sosa 79

Un article de Mauricette Lesaint qui débute le challenge de l’été « parlez-nous du 79 ».

« Sosa 79 », quelle belle idée ! Elle est obligatoirement une femme et ça me plaît !
Sur son acte de naissance, elle est « Louise FIEVRE, fille de Jausephs FIEVRE et Perrine MOINUREAU », enfin… peut-être. Monsieur le Curé, votre acte est un gribouillis ! ça commence vraiment mal…


Sur son acte de mariage, elle devient « Louise FIEUVRE, fille de Joseph FIEUVRE et Perrine MOINERAU ». Rien, vraiment rien ne s’éclaire !

Allons voir l’acte de mariage des parents… Mais il est si pâle que je ne suis sûre de rien…

Et si nous nous baladions dans les actes paternels ? ce n’est pas mieux, ce patronyme joue avec les écritures FIEVRE, FIEUVRE, FIEBVRE…

Le mariage des grands-parents maternels peut-il au moins fixer le patronyme de la mère ? Nenni… c’est le mariage de François MOISNEAU et Perrine DELAVOIE.
Encore une nouvelle écriture !

Stop, coupons court ! Pour échapper à une méchante migraine, Louise, mon sosa 79, sera la fille de Joseph FIEVRE et Perrine MOINEREAU. Mais pourquoi MON sosa ? Ne peut-on dire MA sosa ?

Louise FIEVRE est née le 19 mai 1753 à Saint-Loup-sur-Thouet. Elle s’est mariée à Gourgé le 24 novembre 1772 avec Jean FRADIN, ils ont eu douze enfants, quatre garçons et huit filles. Elle meurt le 24 novembre 1815. Lui est mort 17 ans plus tôt, le 6 germinal an VI, acte d’état civil fait à Gourgé, canton de Voltaire.

Un canton nommé Voltaire ? Et oui, Saint-Loup-sur-Thouet fut renommé Voltaire pendant la Révolution. Et Voltaire, notre philosophe a de bonnes racines gâtinaises, Il est un ARROUET, descendant de la famille ARROUET, des tanneurs d’Airvault.

Merci Louise, « ma petite sosa 79 », ma remue-méninge de cet été !
En plus, tu nous fais jouer avec les mots VOLTAIRE – AIRVAULT et tu nous rappelles cette période de notre histoire nationale, où les paroisses devinrent communes et s’habillèrent de nom sans Saint.

Challenge de l’été : Parlez nous du 79.

L’été se fait là et forcément chacun prépare ses vacances pour reprendre en pleine forme en septembre.

Cependant, pour laisser personne sur sa faim nous avons décidé d’appeler aux bonnes volontés pour alimenter le blog durant l’été.

Les Deux-Sèvres sont connues pour être le département numéro 79, donc parlez nous de tout ce qui a un lien avec ce nombre.

Sosa 79, années en 79, 79 ancêtres originaires du même lieu, un militaire matricule 79, que sais-je ? Le tout en lien avec les Deux-Sèvres. Faites place à votre créativité.

Envoyez vos contributions à genea79@orange.fr, on se chargera de les diffuser à partir du 1er juillet jusqu’au 31 août.

Quadruplés à Clavé

Un record qui sera difficile à battre (et heureusement) pour le XVIIIe siècle : la naissance de quadruplés. Le 26 mai 1765, à Clavé, Marie HUBERT, épouse du maréchal Jean ENARD, a donné naissance à 4 enfants prénommés Renée, Marie, Jacques et Louise.

l’an mil sept cent soixante cinq et le vingt six
may ont été baptisés quatre enfants nés de légitime
mariage de jean enard et de marie hubert
la première a été nommée renée et a eu pour
parrein et mareine joseph oreguy (?) et renée
dupeux la seconde marie a eu pour parrein
et mareine françois hubert et marie athelet (?)
le troisième a été nommé jacques et a eu pour
parrein et mareine jacques chauvineau et
louise grimaud, la quatrième a été nommée
louise et a eu pour parrein et mareine
françois bordage et louise éculeur (?) qui ont
déclaré ne scavoir signer sauf les soussignés

Ils étaient suffisamment viables pour pouvoir être baptisés tous les quatre. Je doute toutefois qu’ils aient survécu même si les registres ne mentionnent pas leur décès.

Quelques années plus tard, en 1773, les Affiches du Poitou nous apprennent que la pauvre mère devait être particulièrement féconde puisque elle aurait également accouché de jumeaux par 2 fois, avant et après les quadruplés.

J’ai voulu vérifier dans les registres paroissiaux. Le couple Jean ENARD et Marie HUBERT qui s’était uni le 2 juillet 1754 à Clavé a eu au moins 13 enfants. Les registres de la paroisse de Clavé ne mentionnent pas la naissances de jumeaux avant les quadruplés mais ils confirment bien la naissance de jumelles, Marie-Madeleine et Françoise, le 8 septembre 1766. La maman accoucha encore de jumelles, Madeleine et Radegonde, le 22 mars 1770. Elles sont peut-être, avec une erreur de datation, celles évoquées par les Affiches du Poitou.

Marie HUBERT, la prolifique maman qui avait résisté à ces grossesses multiples, meurt à 48 ans le 15 août 1780 à Clavé 11 années avant son mari, Jean ENARD, qui décède le 18 novembre 1791 à l’âge estimé de 67 ans.


Si de votre côté vous trouvez mention de naissances très multiples dans les Deux-Sèvres, ne manquez pas de nous le signaler en commentaire.

René Rochais, un enfant de Gâtine épris de liberté

Un texte de Jean-Pierre David.

René Denis  Rochais arrive au monde le 9 octobre 1788 à La Chapelle-Seguin, le premier enfant de Louis, métayer et Marie-Jeanne Beaujeau. Trois garçons et quatre filles agrandiront la famille.

Conscrit en 1808, il refuse l’incorporation et, en tant que réfractaire, partage début 1808 une cellule à la maison d’arrêt de Niort avec Louis Cartier et Paul Gué, vraisemblablement réfractaires eux aussi.

Puis, on le retrouve en 1812 soldat mineur dans un bataillon engagé dans la guerre d’Espagne. Nul ne sait comment et pourquoi il se retrouve à Sainte-Marie (je n’ai pas réussi à déterminer l’endroit exact).

Ne voulant toujours pas faire la guerre, on le retrouve  errant dans la campagne ce qui va causer sa perte comme l’atteste le procès-verbal ci-dessous.

René était le frère de mon quadrisaïeul Pierre Rochais.

AD79 Décès La Chapelle-Seguin (1803-1816), vue 75/99

L’an mil huit cent douze le dix du
mois de décembre je soussigné Maire de la
commune de la Chapelle-Seguin faisant les
fonctions d’officier public de l’Etat Civil de la
ditte commune canton de Montcoutant
département des Deux-Sèvres ai inscrit sur
le présent registre en exécution de l’article
quatre vingt dix huit Code Napoléon l’expédition
de l’acte dont suit la teneur

L’an mil huit cent douze le vingt septième
jour du mois de mai avons nous Maurice
Désiré Declos Le Peley commissaire des guerres
adjoint chargé du service de la place de Sainte
Marie sur l’avis qui nous a été donné par
Monsieur Renard capitaine commandant la
3e Compagnie du 2e Bataillon de mineurs qu’un
de ses soldats venait d’être apporté mort à
la caserne, nous nous sommes transportés sur
les lieux accompagnés de Monsieur Ignacio
Granados adjudant major de place, où là
étant nous avons reconnu un corps percé d’’une
balle. Le Capitaine Renard nous a déclaré
être celui du Sieur Rochais (René) fils de Louis
et Jeanne Beaujaud né à La Chapelle-Seguin
département des Deux-Sèvres nous avons
confronté avec le signalement porté sur
le registre matricule de la Compagnie nous
en avons reconnu l’identité
ayant demandé les causes de la mort
du Sieur Rochais, nous a déclaré le
Sieur Granados que ce soldat ayant été pris
en maraude dans la campagne il le conduisit
au poste prochain là le caporal commandant
le poste donna l’ordre à un soldat de garde
de le conduire chez le commandant de la place
qu’au coin d’une rue le Sieur Rochais voulant
s’échapper se mit à courir que la soldat le
menaça deux fois et qu’à la troisième son
prisonnier ayant continué de s’enfuir il
lui tira son coup de fusil qui le tua sur le champs
Nous n’avons trouvé aucun papier sur le
défunt en foi de tout que nous avons classé
le présent procès-verbal que les personnes désignées ont signé avec nous.
Fait à Sainte Marie les jour, mois et an que
dessus en six expéditions
Signé Renard capitaine commandant la Compagnie
Granados adjudant de place – Duclos       

Certifie la copie ci-dessus conforme au
Procès-verbal qui nous est parvenu le huit dudit mois

Une bien triste fin pour un jeune réfractaire !

Écrasé par sa charrette

Un texte de Mauricette Lesaint.

Sur le site de Généa79, dans les curiosités des registres des Deux-Sèvres, voici un décès  circonstancié qui concerne le beau-frère de mes sosas 424 et 670. Ces «faits divers » sont une fenêtre ouverte sur la vie de nos ancêtres.

AMAILLOUX, 16 juillet 1754  écrasé par sa charrette BMS 1723-1769, vue 312/475

Voici la transcription de cet acte paroissial d’Amailloux du 16 juillet 1754, écrit par le prêtre TUZELET.

« Le seize de juillet 1754, a été inhumé dans le cimetière de cette paroisse le corps de Louis GERMON métaier de la métairie de la Breviere paroisse de Boussais, âgé d’environ cinquante ans décédé du jour précédent dans cette paroisse, la charrette qu’il conduisait l’aiant écrasé dans le chemin d’Amailloux à Villeneuve… »  

L’accident de Louis GERMON, ça a dû faire causer à la sortie de la messe du dimanche à Amailloux.  Comme chaque dimanche, y’a du monde à la messe. C’est là que circulent les nouvelles. On ne cause pas du roi de France, Louis XVI vient pourtant de monter sur le trône.  Non, Paris, c’est trop loin. On cause de l’accident de Louis GERMON. Les conversations sont en patois bien sûr, avec ces intonations si caractéristiques qui ont bercé mon enfance.

Louis GERMON, tout l’monde en a entendu parler. Il est marié avec la Renée, la fille des défunts Jacques SERVANT et Louise BERNARD. Elle est la sœur d’Antoine, charbonnier  et de Louis, bordier et puis la demi-sœur de l’autre Renée, celle qui est mariée avec Pierre RIFFAULT lui aussi charbonnier. Les beaux-frères habitent tous sur Amailloux. Lui, Louis GERMON, il est métayer à la métairie de la Brévière de Boussais,  à environ deux lieues.

On connaît la date de l’accident, c’était le 15 juillet 1754. Les foins sont déjà rentrés, les moissons sont commencées. On connait le lieu, Louis GERMON était sur le chemin d’Amailloux à Villeneuve, peut-être le même chemin que celui emprunté par maman pour aller à l’école, 180 ans plus tard. Il y conduisait sa charrette, et c’est sa charrette qui l’a écrasé ! On ignore tout le reste.

« Pauvre gars ! C’est-y Dieu possible de finir comme ça, écrasé par sa charrette !
– Est-ce qu’on sait comment ça y est arrivé ?  Que faisait-il sur ce chemin ?
– Il est peut-être allé chez l’Antoine, ou chez un Louis, ses beaux-frères à cause de sa femme, ils sont bordier ou charbonnier, tous sur Amailloux.
– C’était peut-être le soir alors qu’il revenait chez lui à la Brévière.
– Qu’est ce qu’il transportait dans sa charrette ? du foin, de la paille ou du charbon de bois, pour que la Renée cuisine ?
– Sa charrette devait être trop chargée ou mal chargée ?
– La charrette a peut-être pris une ornière ou versé dans le fossé ?
– Il est pas bon ce chemin, comme tous les chemins de la paroisse.
– sauf ceux du château…
– La bête qui tirait sa charrette est peut-être bien vieille et fatiguée ?
– A la fin de la journée, tout le monde est fatigué, les bêtes et les gens.
– Est-ce qu’il était tout seul ?
– C’est sa pauvre femme qui va être bien seule avec ses gosses.
– Le plus grand doit bien avoir vingt ans.
– Tant mieux, il va pouvoir faire à la métairie. »

Questions , réponses et suppositions se bousculent.

La sépulture de  Louis GERMON eut lieu dès le lendemain à Amailloux, la sépulture  a toujours lieu dès le lendemain. Ont assisté à la sépulture le beau-frère Pierre RIFFAULT  et un neveu Jean, fils d’Antoine SERVANT, les deux étaient charbonniers.

On ne sait si sa femme Renée est venue. Elle décédera à Boussais en mars 1771, 17 ans plus tard, non remariée.

Une curieuse famille

Pêchant des actes généalogique d’une famille de cousins éloignés vers Mazerolles dans la Vienne et je suis tombé sur une curiosité, jugez plutôt.

En 1912 à Mazerolles naît un enfant nommé Portail BAUDET, fils de Bienvenu et de Juliette LASNIER. Ne trouvant aucune trace de Bienvenu BAUDET, je me suis intéressé à Juliette LASNIER sur l’acte m’est renseigné qu’elle est native d’Exireuil et âgée tenez vous bien de 10 ans. Je me dis que c’est une erreur, que ce doit être dix-sept, dix-huit.

Sauf que dans le registre d’Exireuil en 1902, je trouve bien l’acte de naissance de Juliette LASNIER mais sur l’acte n’est mentionné que le père ! Martin LASNIER dit La Fleur, lui aussi âgé de 10 ans natif de la Roche Piché de Ste Eanne.

Je remonte le registre de Sainte Eanne en 1892, effectivement Martin LASNIER dit La Fleur fils de Martin LASNIER dit La Fleur et de Anne BOURAILLOUSE. Son père âgé de 11 ans et sa mère de 8!

M’en voilà confus. Je me demande bien ce que j’ai pris dans mes filets…

Je pense que vous l’aurez compris, cette histoire généalogique incroyable n’est pas humaine, ni aquatique mais asine. En effet, aux Archives départementales des Deux-Sèvres, sont conservés des livrets généalogiques dits « Stud-books » permettant quand c’est complet de retracer le lignage depuis 1884 des races équines et asines et notamment nos célébrissimes baudets du Poitou.

Ces ouvrages recensent les animaux vivants ou décédés sur une période donnée et éventuellement leur sort s’ils partaient à l’étranger. Il y a deux parties par classe animale, la partie des chevaux et ânes retraités de la reproduction et les animaux actifs.

Bien sûr au fil des ans, aujourd’hui le stud-book est informatisé et disponible aux éleveurs au même titre que les accréditations LOF etc pour les chiens par exemple.

Nous retrouvons ici notre fameux Portail BAUDET fils de Juliette II par Bienvenue VIII, ce numéro le 732, est attribué la durée de vie de l’animal et n’est plus attribué après puisque dans certains livrets il est écrit par exemple de 340 par 234.
Nous retrouvons ici la mère de Portail, Juliette II dont l’ascendance est limitée au seul nom du mâle.
Le père de Juliette II, La Fleur XI fils de Bouraillouse (et non pas Bourailloux puisque ce dernier est un mâle) et de La Fleur)
Et comme j’ai eu beaucoup de chance, il se trouve que La Fleur I fut le premier baudet du Poitou recensé au stud book dans la première édition de 1884.
Bouraillouse, mère de La Fleur XI.

Bonne journée à tous, et attention aux poissons, et aux ânes.