I comme institutrice

Un texte de Marc BOUCHET

Julia Monguilholou épouse Bineau venue des Pyrénées-Atlantiques et retournée dans ses Pyrénées avec son mari

Julia a été ma première institutrice, à La Boissière-en Gâtine. Elle m’a donc fait découvrir les lettres et les chiffres. À cette époque, il n’était pas question de méthode globale ou semi-globale. Elle pratiquait la méthode syllabique. Elle m’a donné le goût de la géographie et de l’histoire. Qu’elle savait bien raconter !
Elle n’est restée à La Boissière-en-Gâtine que deux ans, du 1er octobre 1949 au 1er octobre 1951. Mais elle m’a marqué et peut-être aussi les élèves de ma génération, à La Boissière-en-Gâtine.

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Louis XIII dans les Deux-Sèvres?

Vendredi 9 septembre, nous étions plusieurs du Cercle Généalogique des Deux-Sèvres à nous retrouver aux Archives Départementales des Deux-Sèvres :

  • Danièle, Jacqueline, Marie-Josée et moi pour dépouiller des registres de notaires,
  • Et Sylviane pour faire des recherches pour nos adhérents.

Sylviane est tombée sur un acte de naissance original dans le registre d’état civil de Beaulieu-sous-Parthenay de 1913-1922 : la naissance d’un enfant prénommé « Louis Treize » le 5 mars 1913!

Le registre des naissances 1913-1922 n’est pas encore en ligne, il est seulement consultable sur les ordinateurs des AD. C’est la raison pour laquelle la photo de l’acte n’est pas reprise dans cet article en respect des règles fixées par les AD 79.

Et sylviane a peut-être trouvé la raison d’un tel prénom : 

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E comme Enfant échangé

Un article de Stéphane DALLET

Le 15 novembre 1691, devant Me SIMON notaire à Beaulieu-sous-Parthenay, Me Bonaventure MOISAN écuyer sieur de Laugerie, y demeurant paroisse de Rouillé St-Hilaire, à présent à la Guyonnière, paroisse de Beaulieu-sous-Parthenay, reconnaît « de bonne foi que mal à propos et sans fondement il a intenté l’action criminelle contre Gédéon RABAULT écuyer sieur de Matheflon, Marie RABAULT sa fille et Françoise BASCHARD veuve SAMPOU par devant le lieutenant criminel du siège royal de Melle et par appel poursuivi en la cour du parlement à Paris de laquelle instance il se désiste et départ pour ne faire jamais aucune poursuite en quelque manière »… Ces quelques mots tirés d’un acte d’une seule page, qui ne s’embarrasse pas de détails, met pourtant un terme à une longue et ténébreuse affaire commencée vingt auparavant et portée de cour en cour jusqu’au Parlement de Paris. Le récit qui suit s’appuie en partie sur celui du Pasteur Rivierre qui, bien qu’ignorant le fin mot de l’affaire, semble avoir eu accès aux Archives nationales au « factum » ou recueil qui compile les déclarations et pièces d’un procès hors du commun.

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Connaissez-vous Hubert Claude Prouteau ?

M. Patrick-Charles Renaud cherche des renseignements sur Hubert Claude Prouteau, un aviateur des Deux-Sèvres pendant la Grande Guerre. Il nous explique pourquoi dans sa lettre ci-dessous.


Bonjour,

Paul Daum
Collection Imperial War Museum de Londres

Écrivain & historien, je travaille actuellement sur la biographie de Paul DAUM, maître-verrier de l’Art Déco à Nancy.  Il fut également Aviateur, Pilote et Commandant d’Escadrille durant la Grande Guerre.

Pour ce faire et outre les archives, je m’efforce de retrouver les familles de personnes ayant côtoyé Paul DAUM à un moment de leur vie. C’est ainsi que lors de mes investigations j’ai noté que l’un de ses camarades, un  » pilote intrépide « , était originaire des Deux-Sèvres, plus particulièrement de Beaulieu-sous-Parthenay :

Hubert Claude PROUTEAU né le 8 novembre 1893 à Beaulieu-sous-Parthenay au lieu-dit La Tillière où son père était cultivateur. Très tôt il se passionna pour l’aviation puisque, à la mobilisation en août 1914, il exerçait la profession d’Aérostier en région parisienne à Issy-les-Moulineaux. Il est ensuite devenu Pilote d’Avion au sein de l’Escadrille 28 commandée par Paul DAUM en 1918. Il fut décoré de la Croix de Guerre et qualifié en mai 1918  de « pilote expérimenté et très adroit comptant plus de 150 heures de vol sur les lignes ennemies et exécutant avec intelligence et courage les missions qui lui sont confiées. Est rentré plusieurs fois avec un appareil atteint par le tir de l’artillerie ennemie « . Il a été nommé au grade d’Adjudant Pilote le 21 avril 1918. Après la guerre, il a rengagé et poursuivi une carrière de pilote qui l’a conduit en Cilicie (Turquie) où il est décédé suite à un accident aérien survenu le 23 juillet 1920. Son acte de décès a été transcrit à la mairie de Beaulieu-sous-Parthenay en 1921 ;

Par conséquent,souhaitant retrouver la famille de  cet  » Aviateur oublié  » qui dispose certainement de documents (lettres, souvenirs écrits, etc.) voire photos, peut-être que des Membres du Cercle Généalogique des Deux-Sèvres ont eu l’occasion de le  » croiser  » lors de recherches ?

Vous remerciant de l’intérêt que vous voudrez bien porter à ma démarche,

Cordialement,

Patrick-Charles RENAUD


Si vous pouvez l’aider, merci de le contacter directement par mail ou téléphone.

Tél : 03.83.20.13.38 
patrick-charles.renaud@orange.fr

M comme Meilleraye (la)

Un texte de Brigitte Billard Chroniques d’antan et d’ailleurs et Vouillé 14-18

Si comme moi la quête de vos ancêtres vous conduit à étudier les registres paroissiaux et les actes notariés autour de Beaulieu-sous-Parthenay, petite paroisse de Gâtine à quelques lieues au sud de Parthenay, sans doute allez-vous faire la connaissance de laboureurs ou de métayers qui vivent ou travaillent sur les terres du duché de la Meilleraye.

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AD79 – Notaire Jean Simon – 3 E 1686

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Actuellement, il ne reste que des ruines du château de la Meilleraye, à l’abandon depuis longtemps et que l’on voit déjà couvert de ronces sur les cartes postales du début du XXe siècle.

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Musée du patrimoine de France

L’histoire du château de la Meilleraye, comme celle du duché de la Meilleraye, n’a duré qu’un temps. En moins de deux siècles, entre 1630 et 1790, un manoir comme tant d’autres est devenu un château somptueux, appartenant à une famille puissante, les de La Porte – La Meilleraye – Mazarin qui en l’espace de deux ou trois générations a disparu de l’histoire de France.

Bélisaire Ledain, l’historien incontournable du Poitou, finit ainsi l’article consacré au château dans le tome VII de Paysages et monuments du Poitou.

En un mot, ce château, qui n’a pas vécu deux cents ans et que les souvenirs du grand siècle et de l’homme illustre qui en est le principal fondateur auraient dû protéger, n’est même plus l’ombre de ce qu’il fut. C’est le squelette incomplet d’une construction renversée avant l’âge, mais d’où n’a pu complètement disparaître la trace de sa jeunesse et de sa grandeur passées.

meilleraye_3Revenons au début de l’histoire parallèle de la famille de La Porte et du futur château.

En novembre 1574, un certain Jean de La Porte, apothicaire à Parthenay, achète un petit manoir féodal, à proximité de la forêt de la Meilleraye. Il est l’un des fils de Raoul de la Porte, seigneur de la Lunardière, gouverneur de Parthenay vers 1530.

Jean n’a pas d’enfant, mais il a un frère, François de la Porte, avocat à Poitiers, puis à Paris où il devient conseiller du roi. Le 26 mars 1548, François de la Porte épouse Claude Bochard, fille d’un conseiller au parlement de Paris, avec laquelle il a une fille, Suzanne de la Porte. Après le décès de son épouse, il se remarie avec Madeleine Charles le 28 avril 1559. Avec elle il a cinq enfants, dont l’aîné est Charles de la Porte, héritier des titres de son grand-père, donc seigneur de la Lunardière, et également héritier de son oncle Jean, donc seigneur de la Meilleraye.

Charles Ier de la Porte s’installe à La Meilleraye à la fin du XVIe siècle, après le décès de son oncle Jean, inhumé le 19 janvier 1585 dans l’église Saint-Laurent de Parthenay. Malheureusement, les registres de l’église Saint-Laurent ne sont disponibles qu’à partir de 1587.

Le 15 mars 1596, Charles Ier épouse Claude de Champlain, avec laquelle il a un fils, Charles – ou Charles II comme on l’appelle souvent pour l’identifier – né en 1602 à Beaulieu-sous-Parthenay, paroisse dont les registres ne sont disponibles que depuis 1637, ou peut-être à Parthenay, sans qu’on ait de trace non plus.

Pendant ce temps, la demi-sœur de Charles Ier, Suzanne de la Porte, a épousé en 1566 un certain François du Plessis de Richelieu, conseiller d’État. L’alliance est importante, la famille est un peu plus aisée et en vue que la famille de La Porte, dont les origines sont plus modestes. On reste malgré tout sur des familles de noblesse de robe, ou de petite noblesse, comme on en compte beaucoup en France à l’époque où le pouvoir passe d’Henri IV à son fils Louis XIII. Suzanne va donner six enfants à son époux, dont l’avant dernier nait à Paris le 5 septembre 1585. On lui donne les prénoms de Armand-Jean, et on le destine à l’Église.

Peut-être avez-vous reconnu Armand-Jean du Plessis de Richelieu, futur duc de Richelieu, futur secrétaire d’État aux Affaires Étrangères, chef du gouvernement, bras droit de Louis XIII.

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Le duc de Richelieu, cousin germain de Charles II de la Porte, seigneur de la Meilleraye, qui a vingt ans de moins que lui, par Philippe de Champaigne — National Gallery, London, Domaine public, Lien

Sans vouloir nier les mérites de Charles II de la Porte, le futur maréchal de Richelieu et duc de la Meilleraye, il est probable que sa proche parenté avec le premier personnage qui n’est pas un prince de sang du royaume de France a joué un rôle majeur dans son ascension fulgurante – et donc dans la transformation du petit manoir provincial en superbe château. Les contemporains de Richelieu prétendaient que le célèbre homme d’État considérait son cousin germain comme une sorte de fils d’adoption.

C’est pourtant Charles Ier, l’oncle de Richelieu, qui fait commencer les travaux d’agrandissement et d’embellissement du château, dans les années 1620-1630. Puis Charles II continue d’embellir le château, comme plus tard à Versailles Louis XIV améliorera constamment le relais de chasse choisi par son père. À Beaulieu, une chapelle est construite en 1638, une orangerie en 1649.

Les habitants de Beaulieu-sous-Parthenay, parmi lesquels Jeanne Chaignon, mon aïeule, mariée en 1640 dans l’église paroissiale, profitent-ils des retombées économiques des travaux conséquents et dispendieux ? Qui est l’architecte du château, d’où viennent les ouvriers ? Je n’ai dans mes ancêtres, nombreux dans les bourgs alentour, que des paysans à différents niveaux d’aisance, jamais de maçons ou d’artisans. Pourtant il a dû y en avoir longtemps, puisque que la construction et l’embellissement du château s’est poursuivie pendant tout le XVIIe siècle.

Charles II de la Porte épouse le 26 février 1630 Marie Coeffier de Ruzé d’Effiat, dont le père est maréchal de France, avec qui il a un fils, Armand Charles de la Porte. En mai 1637, il épouse en secondes noces Marie de Cossé-Brissac qui ne lui donne pas d’enfants. Parallèlement, il est officier dans les armées du roi, dès 1628, où on le trouve colonel – à 26 ans environ – pendant le siège de La Rochelle. Son avancement dans l’armée de Louis XIII est rapide. Il devient Grand Maître de l’Artillerie, puis en 1639 Maréchal de France. À la tête de l’armée, il s’empare d’Arras, de Lens, de La Bassée, toutes villes prises à l’Espagne, et qui depuis sont restées françaises. Ses compétences militaires semblent réelles, et son avancement n’est pas totalement dû à sa parenté avec le cardinal de Richelieu.

D’ailleurs, quand Richelieu décède en 1642, Charles de la Porte, Maréchal de France, ne perd ni son prestige, ni sa gloire. Richelieu avait recommandé, semblerait-il, son cousin à son successeur, le cardinal Mazarin, et Charles de la Porte va tisser des liens au moins aussi privilégiés avec le nouvel homme fort de la France.

Mais désormais la famille de la Porte, ou de la Meilleraye comme on va maintenant les appeler, n’habite plus vraiment en permanence le château de la Meilleraye.

C’est à Paris que Armand-Charles de la Porte, seul héritier, épouse Hortense Mancini, nièce du cardinal Mazarin, le 28 février 1661, devenant ainsi duc de Mazarin. C’est à Paris aussi que meurt le duc de la Meilleraye, maréchal de France, le 8 février 1664. Armand-Charles de la Porte est maintenant duc de la Meilleraye, duc de Mazarin, époux d’une des plus jolies femmes de France, nous dit la rumeur, et peut-être aussi une des plus volages. Le duc de Mazarin, que Madame de Sévigné prétend fort laid, que ses contemporains trouvent bizarre et d’une dévotion austère, selon Bélisaire Ledain, s’installe à nouveau, seul, au château de la Meilleraye, où il vit modestement jusqu’à sa mort à l’âge de 82 ans, le 9 novembre 1713.

Le registre paroissial de Beaulieu-sur-Parthenay garde la trace des événements qui ont suivi ce décès.

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Vue 27/262

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Vue 28/262

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Vue 28/262

En cette même année 1713, à Beaulieu-sous-Parthenay, mon aïeule Jeanne Baudet, veuve de 34 ans, vit avec sa mère, Jeanne Imbert, la fille de Jeanne Chaignon, et ses trois enfants, Pierre Bordier, Magdeleine Bordier et la petite Jeanne Bordier, 3 ans, elle aussi mon aïeule, fille posthume de Clair Bordier. Qu’auraient-elles pu raconter, ces trois femmes, sur ce qu’on a vécu ces jours-là dans la paroisse, les messes qu’on a dites pour le salut de monsieur le duc, cet homme qui avait côtoyé les puissants du royaume et était revenu vivre en Gâtine ?

Le duc de Mazarin a eu quatre enfants avec Hortense. Son fils Paul Jules de la Porte hérite du duché et du château de la Meilleraye, mais ne vient qu’épisodiquement au château, qui est géré par des hommes de confiance. Après lui, le château en 1731 passe à son fils Guy Paul Jules de la Porte qui l’abandonne complètement et en laisse la garde à Claude-François Gallas, chargé de veiller aux meubles et aux réparations contre cinq cents livres de gages annuels. Guy Paul Jules meurt à son tour en 1738, et laisse ses biens à sa fille unique, Charlotte Antoinette de la Porte, déjà veuve, et mère de la jeune Louise Jeanne de Durfort de Duras, qui en devient propriétaire le 12 mars 1738. À cette occasion est fait un inventaire des meubles du château, qui nous permet aujourd’hui d’avoir une idée de son agencement, de son luxe et de son mobilier. Pourtant, le château reste à l’abandon, quelques serviteurs s’occupent tant bien que mal de son entretien, et des chapelains continuent de dire la messe dans la chapelle. On trouve dans les registres paroissiaux la trace de quelques baptêmes ou mariages dits dans la chapelle.
Non entretenu, le château et ses meubles se délabrent. En février 1776, le comte d’Artois fait l’acquisition du duché de la Meilleraye, du château, et de la forge. Pourtant lui non plus n’essaie pas de le remettre en état et ne viendra y séjourner brièvement qu’une seule fois.
À la Révolution, le château est placé sous séquestre, puisqu’appartenant à un émigré. Doucement, la gloire passée du château et de la famille des La Porte va s’effacer.
Qui sait encore dans les villages de Gâtine alentour que jadis, sous les règnes de Louis XIII et Louis XIV, fut édifié un magnifique château dont les propriétaires ont côtoyé les personnages les plus célèbres du royaume de France ? Qui le sait, à part les quelques généalogistes qui au détour d’un acte ont rencontré un métayer du duc de la Meilleraye, ou un notaire du duché pairie de la Meilleraye?

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Sources et liens
• Gallica – Seigneurs et seigneuries en Gâtine poitevine – Le duché de la Meilleraye – XVIIe-XVIIIe siècle – par Jacques Peret – in Mémoires de la société de antiquaires de l’Ouest – avec une bibliographie très complète
• Abandoned-France – Château de la Meilleraye
• Archives de Parthenay – Les ducs de la Meilleraye
• Gallica – Paysages et monuments du Poitou, photographiés par Jules Robuchon – tome VII
• Gallica – Le maréchal de la Meilleraye – par A.-D. de La Fontenelle de Vaudoré
• Gallica – Histoire de la ville de Parthenay – par Belisaire Ledain
• Gallica – La Gâtine historique et monumentale – par Belisaire Ledain
• Geneanet – Geneastar – Arbre généalogique du Cardinal de Richelieu