C’est ainsi que le notaire Pierre Duguet de Québec orthographie le patronyme de Charles Gingreau (Gingra en patois poitevin) lors de son contrat de mariage passé le jeudi 17 octobre 1675 avec Françoise Amiot. Du côté de l’époux sont présents son frère Sébastien Gingras, arrivé au Canada quelques années avant lui et le beau-père de celui-ci. La famille de Françoise Amiot y est installée depuis plus longtemps, on signale sa présence dès 1636. C’est une famille originaire de Picardie, et en s’alliant avec cette famille, Charles Gingras entre dans une famille au « statut considérable », car « le fils aîné est interprète pour les Jésuites, le cadet est marchand, bourgeois et notable de Québec, et le père Mathieu Amiot est sieur de Villeneuve et a acquis au fil des ans de nombreuses propriétés foncières ».
Mes aïeux n’avaient pas, de façon évidente, l’âme voyageuse et aventurière, puisque les recherches les concernant se concentrent sur l’ouest de la France et sur deux ou trois départements tout au plus. Cependant, certains d’entre eux ont bougé, un peu, pas très loin, un peu plus loin. Volontairement ou pas. C’est le cas de René Boche, pendant la période révolutionnaire, comme tant d’autres alors.
C’est toujours avec grand plaisir que je lis le blog de Généa79. En quelques lignes, je voudrais apporter ma modeste contribution au challenge lancé sur ce site pour cet été, en émettant une hypothèse que je soumets à la sagacité des lecteurs et à leur érudition ; il s’agit de savoir s’il y eut dans le 79 avant la Révolution et peu de temps après, dans le bocage bressuirais, à Boismé particulièrement, des moulins à vent en bois dits moulins à pivot jumelés le plus souvent avec des moulins à eau comme l’ont été les moulins à vent en dur (moulins-tours) dont certains sont arrivés jusqu’à nous,
Ma conviction est faite depuis ce printemps ; je dis oui mais je me sens un peu seul…
Voici l’histoire. Mon arrière-grand-mère maternelle, née et décédée à Boismé, qui avait épousé en 1869 à Boismé toujours Pierre Joseph Fouchereau (1835-1873) de la même commune, s’appelait Mélanie Flavie Rambault (1840 – 1917).
Elle descendait de Jean Rambault (1767-1823) meunier avant et pendant la Révolution et jusqu’à son décès, au moulin des Guitèrières de Boismé. Celui-ci avait trois frères qui furent également meuniers :
Jacques (1748-1809) ( avec des réserves) au moulin de la Guiraire de Boismé,
Louis (1775-1835) au moulin Libault de Chanteloup,
Toussaint (1756-1830) au moulin de Thouaret de La Chapelle-Saint-Laurent.
Je suis née en 1936. J’habite le bourg de Boismé à 8 kilomètres de Bressuire.
En juin 1940, alors que je suis dans l’impasse qui conduit à l’arrière de notre maison, je vois défiler en bon ordre et au pas cadencé un détachement de militaires allemands qui remontent la rue neuve ! C’est impressionnant !
Puis, ils s’installent dans le pré de la cure exploité par mon père qui y a sa « mouche » de bois (son tas de fagots de bois). Il veut aller en chercher mais « nein » « raoust « , c’est ce que l’on lui répond et se sentant menacé, il préfère abandonner.
C’est le tour de notre adhérent Pierre Guilbot de nous transmettre son sosa 2020. Il nous prépare même à l’année à venir puisqu’il nous présente également son sosa 2021. Pierre en profite pour demander un peu d’aideafin de compléter les quelques renseignements manquants. J’ai mis en gras le membre du couple qui permet de le relier à son sosa 2020.
Rejoindre son sosa 2020 en 10 étapes.
1 Guilbot Pierre o 21/10/1952 Clessé
2 Guilbot Jean o 05/10/1913 Clessé + 11/08/1978 Niort 3 Merlet Marie Joseph o 22/10/1918 Boismé + 25/12/1988 Parthenay
6 Merlet Paul o 31/03/1891 Chanteloup + 15/07/1976 Niort 7 Meunier Marie Louise o 07/01/1895 Boismé + 22/07/1948 Clessé
14 Meunier Baptiste o 15/04/1863 St-Germain-de-L.C. + ? 15 Ferret Mélanie o 26/03/1858 Boismé + 29/02/1912 Boismé
30 Ferret Jean Baptiste o 13/04/1815 Largeasse + 01/05/1887 Boismé 31 Jolly Marie Louise o 29/07/1825 Clessé + 16/08/1896 Boismé
62 Jolly Louis o 03/08/1799 Parthenay + 28/08/1888 Boismé 63 Coulais Marie o 1798 Clessé + 03/03/1868 Clessé
126 Coulais Pierre o 1768 Boismé + 08/01/1833 St-Aubin-le-Cloud 127 Arnaud Louise o 1776. + 06/10/1834 St-Aubin-le-Cloud
252 Coulais André o 02/03/1743 La Chapelle-St-Etienne. + 17/11/1803 Clessé 253 Geay Marie Jeanne o Clessé + 01/09/1794 Clessé
504 Coulais André o 09/01/1696 St-Paul-en-Gâtine + ? 505 Baudouin Marie Jeanne o 16/07/1715 Moncoutant + 04/04/1780 Lhoumois
1010 Baudouin Pierre o 1680 16/11/1719 Moncoutant 1011 Giraud Jeanne o 28/03/1685 St-Marsault + 28/12/1730 Moncoutant
2020 Baudouin Pierre o 1665 ? + 1710 ? 2021 Jean Marie Françoise o 1670 ? + ?
Le sosa 2020 de Pierre Guilbot est le huitième et sans doute ultime que nous publions sur le blog après ceux de Monique Ferret, Pierre Laberny, moi-même, Jean-Pierre David, Marie-Isabelle Femenia, Mauricette Lesaint et Geneviève Vallantin. Je ne sais pas si ces différents ancêtres étaient particuliers. L’année qui portait leur numéro de sosa l’aura été en tout cas. Beaucoup tourneront la page de cette année placée sous le signe de la covid19 sans regret. Heureusement, les recherches généalogiques à la maison ont permis à nombre d’entre nous de supporter plus facilement cette période. Ce dernier sosa 2020 est l’occasion pour le Cercle généalogique des Deux-Sèvres de souhaiter de bonnes et prudentes fêtes de fin d’année à chacun et de rappeler que nos adhésions comptent par année civile. C’est donc le moment idéal de nous rejoindre ou de renouveler votre adhésion.
Ce kaléidoscope contient des actes paroissiaux et des actes d’état civil, fragments de vie des sept sœurs. L’Histoire va le secouer et vont apparaître des actes SAGES ou FOUS.
Pour ne pas perdre le fil, j’écris le prénom des sœurs suivi du N° d’ordre, j’ajoute quelques tableaux, et tous mes commentaires sont en italique.
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Chut ! Écoutons ces vieux écrits ! Tout commence le 14 octobre 1755 à Maisontiers, par le mariage de Jacques MIOT, laboureur et Françoise RENAULT ; ils ont juste vingt ans. C’est à Verrines de Gourgé, sur la rive gauche du Cébron, qu’ils s’installent et que naissent leurs enfants : Sept filles et seulement des filles ! Deux filles s’appellent Françoise comme leur mère, les cinq autres ont pour premier prénom de baptême Marie. J’ai déjà rencontré à Gourgé des prénoms en plusieurs exemplaires dans une même fratrie. J’ai ouï dire qu’ainsi, le diable ne s’y retrouvait pas. Quand Françoise la maman meurt le 20 avril 1778, la dernière, Françoise7, n’a que deux ans. Le père se remarie deux ans plus tard.
Puis est venu le temps des mariages !
Marie Magdelaine3est peut-être décédée bébé, elle n’a laissé aucun acte. Les époux Jean et François ROUSSEAU sont frères, Jean et René BISLEAU sont aussi frères. Marie Anne5 meurt à 21 ans, le 18 décembre 1789, treize mois après son mariage. Début 1794, le remariage du père à nouveau veuf est le même jour que le mariage de Françoise7. Elles sont âgées de dix-huit à trente-sept ans. Marie1 l’aînée porte son septième enfant. Françoise2 et Marie Magdelaine4 en ont trois. La famille est toujours regroupée à Verrines de Gourgé et Jaunasse de Louin, deux hameaux voisins près du Cébron. Tout semble calme autour des sœurs…
Pourtant de lourds nuages se sont accumulés. Les guerres de Vendée, cette terrible guerre civile, ont embrasé la région. Dans les pages d’Histoire de ce coin de Gâtine se côtoient les écrits des belligérants. La femme du général vendéen Lescure raconte : « Il y avait à Amaillou, … un petit rassemblement de paysans qu’on avait formés pour la sûreté du pays ». Les 14 et 23 juin 1793, c’est d’Amailloux que sont lancées les prises de la ville de Parthenay. Westerman précise qu’il prend et reprend Parthenay les 20 et 30 juin et incendie Amailloux le 1er juillet.
Tout SEMBLE calme autour des sœurs ? L‘acte de naissance du petit Jean, fils de Marie Magdelaine4, le 28 mai 1793 dément ! C’est Françoise2 et son mari qui déclarent l’enfant à la mairie de Louin. Le père « François LAGARDE, bordier, leur voisin et beau-frère, ne pouvant agir, les avait chargés d’apporter son fils dont Marie Magdelaine4 MIOT sa légitime épouse est accouchée de ce matin ».
L’officier public de Louin a inscrit sur 37 des 41 actes de naissances de 1793 « père ne pouvant agir », la même formule que pour François LAGARDE. En 1792 déjà, aucun père ne déclare son enfant, ils sont tous « absents »… Où sont les pères de cette commune ? Où est donc François LAGARDE ? Jaunasse est à deux lieues d’Amailloux. Est-il un de ces « hommes formés pour la sûreté du pays » ?
François LAGARDE, lui qui n’a pu déclarer la naissance de son fils le petit Jean, décède à l’infirmerie du Château de Niort le 16 février 1794 (28 pluviôse an second). Sa femme, Marie Magdelaine4 est veuve à 28 ans, mère de trois jeunes enfants.
Vite les registres, poursuivez ! Marie1 et Françoise7 accouchent de Louis et Marie Jeanne, les maris déclarent les naissances les 20 février 1794 et 20 mai 1795 à Gourgé. Et… elles quittent brusquement Verrines et Jaunasse ! Entre le 4 juin et le 18 août 1795, les sœurs sont à Boismé. Le registre de catholicité atteste leur présence. Y sont inscrits les baptêmes des deux bébés, Louiset Marie Jeanne. Y sont aussi inscrits, le mariage de Françoise7 avec René BISLEAU et le remariage de Jacques MIOT le père dont les actes civils ont été enregistrés à Gourgé le 21 janvier 1794. Le dernier acte de Boismé est le mariage de Marie Magdelaine4 veuve de François LAGARDE avec Mathurin GAUFRETEAU. Les sœurs et les trois beaux-frères René BISLEAU, Jean et François ROUSSEAU sont les témoins cités dans ces actes. Seuls, Marie Jeanne6 et son mari en sont absents. Cinq lieues séparent Verrines et Boismé qui fut le lieu de résidence du marquis de Lescure cité ci-dessus. Pourquoi avoir attendu 18 mois pour baptiser Louis et faire bénir ces mariages ? Les sacrements ont-ils été donnés une première fois par un prêtre assermenté puis renouvelés par un prêtre réfractaire ?
Peu à peu, la région s’apaise. La famille retrouve Verrines. Pas un mot sur Marie Jeanne6 depuis son mariage le 4 février 1794 jusqu’à cette date du 18 octobre 1795, quand meurt sa fille « naturelle » âgée de trois semaines à Verrines. Son mari Jean MIOT ne reconnaît donc pas cet enfant ! À Louin, le 7 septembre 1796 (21 fructidor an quatre), Marie Jeanne6 et Jean MIOT exposent que « depuis leur mariage, n’ayant pu jouir de la paix par incompatibilité de caractère, ils ont vu avec plaisir paraître la loi du divorce », cette loi du 20 septembre 1792 qui décrète la laïcisation de l’état civil et l’autorisation du divorce. Marie Jeanne6 a 20 ans quand le divorce est prononcé le 4 brumaire an cinq (14 novembre 1796). Les témoins sont toujours les trois beaux-frères. Le 30 mars 1797, Marie Jeanne6 a encore un enfant naturel reconnu par Pierre LEBLANC. Le mariage de Marie Jeanne6 et Pierre est enregistré un an plus tard à Gourgé, le 14 juin 1798. Ils auront six enfants qui mourront tous jeunes, aucun ne se mariera.
Le 29 juillet 1798, Marie1 ma sosa 33 met au monde son 9e et dernier enfant Pierre René, mon sosa 16. Le 14 novembre de la même année s‘éteint à 63 ans Jacques MIOT, mon sosa 66, le père. Parmi les neuf enfants de Marie, huit se marieront. Que de petits-cousins à venir !
Après la mort du père, les sœurs quittent toutes Verrines ⭐0 Marie1et Jean s‘installent dans le hameau de Billy de Maisontiers ainsi que Marie Magdelaine4 et Mathurin. ⭐1-4 Marie Jeanne6 et Pierre se fixent au Bas-Mazière de Lageon ⭐6. Les deux Françoise vont s’éloigner du Cébron. On suit Françoise2 et François avec les actes de mariage de leurs filles. Après Chiché et Geay, ils s’arrêtent enfin à la Boureliere de Luché-Thouarsais ⭐2. Quant à Françoise7 et René, ils arrivent à la Brosse de Saint-Varent ⭐7 en 1804. René y meurt quatre ans plus tard. Françoise7 est veuve à 31 ans, mère de trois jeunes enfants. Elle attend dix ans pour se remarier avec Pierre DUBALLET. C’est lui qui déclare leur fils Louis né à la Brosse de Saint-Varent le 7 juillet 1817. C‘est le dernier mariage et la dernière naissance enregistrés.
Voici les couples en novembre 1815 :
Les derniers murmures des registres annoncent les décès :
le 6 mai 1816, Marie Magdelaine4, 51 ans, à Niort, le 21 mars 1828, Marie Jeanne6, 56 ans, au Bas-Mazière de la Boissière-Thouarsaise, le 28 octobre 1831, Marie1, 74 ans, à Billy de Maisontiers, le 13 mai 1835, Françoise2, 75 ans, à la Bourelière de Luché-Thouarsais, le 9 mai 1852, Françoise7, 76 ans, aux Brosses de Saint-Varent.
Marie Madeleine4 meurt à Niort cinq mois après son mari. Françoise2 est veuve depuis sept ans. Françoise7, la dernière des sept sœurs, s’éteint en 1852 à Saint-Varent, longtemps après son mari, dont l’acte de décès est rédigé en 1834 à Fontevrault.
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Les registres ont raconté la vie de ces sœurs, pendant près d’un siècle. Mais ils n’ont pas tout dit ! Les actes sont secs, ils indiquent les dates, les lieux, citent des personnes… Mais il reste tant de questions ! Pourquoi tant de pères absents ou « ne pouvant agir » à Louin ? Pourquoi des actes de catholicité à Boismé quand on habite les communes de Gourgé ou Louin ? Pourquoi l’éloignement des sœurs qui ont vécu si proches ! Pourquoi des actes de décès à Niort, à Fontevrault ?
Les registres n’ont rien dit des souffrances de Marie Magdelaine4, femme battue, dont la vie bascule une nouvelle fois, une nuit de décembre 1815. La Cour déclare que Magdelaine MIOT, « le 9/12 dernier vers 3 heures du matin, ayant été violemment menacée par le Sieur GAUFFRETEAU, son mari qui était rentré dans la nuit en état d’ivresse complète, et avoir attendu qu’il soit endormi, » pour « provoquer sa mort » … Le procureur du roi écrit : « Cette malheureuse femme a été poussée au désespoir par la mauvaise conduite et les mauvais traitements de son mari ». Mais la femme dépend de son mari. Rien ne la protège. Des hommes la jugent, ne lui accordent aucune circonstance atténuante. Marie Magdelaine4 est condamnée à mort le 14 mars 1816 et guillotinée le 6 mai 1816, à 10 h 30, sur la place de la Brèche à Niort.
Les registres n’ont rien dit non plus sur Françoise7.Elle est toute seule quand son mari Pierre DUBALLET est emprisonné à Fontevrault dans la « prison la plus dure de France, où un prisonnier sur sept a laissé sa vie ». Pierre DUBALLET « enfant trouvé sur le ballet de l’église de Saint-Jean-de-Thouars » sur son acte de baptême, est dit « Bâtard » sur son acte de décès transmis de Fontevrault à Saint-Varent. J’ignore l’objet de sa condamnation.
Alors, j‘imagine… J‘imagine ces sœurs, soumises, comme c’était la règle, à l’autorité du père, du mari, de l’église. Je les imagine dans toutes leurs tâches de femmes… Je les imagine désemparées par la mort de Marie Anne5 peut-être due à une grossesse ou un accouchement difficile. J’imagine Françoise2 près de Marie Magdelaine4 qui accouche avec un mari absent, et qui sera bientôt veuve… Je les imagine s‘entraidant encore et encore quand elles suivent en 1795 père et maris, tirant les enfants, portant les bébés, entre Verrines et Boismé en région insurgée. J‘imagine Marie Jeanne6 enceinte, désirant les suivre. J’imagine Françoise7 qui accueille Marie Jeanne6 avec ce bébé mourant. J’imagine Marie Jeanne6 qui divorce soutenue par les sœurs et beaux-frères. J’imagine la détresse de Marie Magdelaine4 face aux violences du mari. Et je les imagine face aux rouages de la justice…
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Quand Jacques MIOT et Françoise RENAULT ont vu naître leurs filles à Verrines, auraient-ils pu imaginer ces vies ? Victimes des guerres de Vendée, de la violence et de la justice des hommes, quel courage ces sœurs, épouses et mères, ont-elles dû déployer ! Mais… quels furent réellement leurs choix ? Quand j’ai croisé Marie1 dans mon arbre, c’était « seulement » l’aînée d’une fratrie, prenant mon nom en se mariant, mère de neuf enfants, ayant vécu près de mon Ripère… et c’était déjà beaucoup !