Né au Breuil de Saint-Christophe-sur-Roc le 10 janvier 1781, Charles est tour à tour journalier, bordier, tisserand ; quant à Marie Renée plus communément appelée Françoise, née à Soignée le 2 février 1784, elle est domestique et vit chez ses parents. Mariés le 17 novembre 1807 à Saint-Denis – commune qui a fusionné avec la commune voisine de Champdeniers en 1972 – Charles et Marie Renée s’installent au hameau de Soignée, village où je vis aujourd’hui.
Ils y auront 10 enfants, 7 garçons dont 4 survivront et 3 filles, épouses des Prouteau, Rivollet et Bonnin, familles des alentours.
Penchée sur mon arbre, (CACAULT -VOILLON), je la repère, 7e génération, 2e quart gauche… donc région Poitou…donc huguenote…donc beaucoup d’incertitudes !…
Lors de notre première rencontre, le côté « clandestin » de son existence en marge de la « normalité » m’avait impressionnée. Autour d’elle, dans ma généalogie il y en a quelques autres mais … « 79 » oblige !…
Aujourd’hui je redécouvre Jeanne MERSERON-MERCERON.
La petite Jeanne voit le jour le 7 août 1765 dans la paroisse de Moncoutant, au cœur de la Cournolière, village qui ne possède pas encore cet immense cimetière protestant, ni ce temple aujourd’hui désaffecté. Sa famille comme beaucoup d’autres du village est protestante depuis au moins deux générations et pour son baptême, ses parents ont recours au Pasteur GAMAIN qui dessert la région de Moncoutant. La petite huguenote est baptisée le jour même de sa naissance, le 7 août en même temps que 2 autres enfants de St-Jouin-de-Milly et de Montigny. Baptêmes clandestins, « au Désert » certainement à Moncoutant…
Acte de Baptême de Jeanne MERSERON [1]
Son père Jean MERSERON-MERCERON né à Courlay en 1727 et sa mère Julie BONNEAU-BOUNEAU née à la Genaudière de Moncoutant en 1738, bien que huguenots ont été baptisés dans les églises paroissiales respectives par un curé qui note « enfant illégitime » mais qui leur assure ainsi un état-civil légal, ce que Jeanne n’aura pas. Ils ont été mariés au Désert, par le même Pasteur GAMAIN le 23 septembre 1759. Je n’ai trouvé que Jeanne comme enfant de ce couple mais il est fort probable qu’il y en eut d’autres.
Ses parents décèdent pendant son adolescence (aucune date) et à 19 ans elle épouse Jean MICHENEAU-MICHONEAU (Sosa 78) de 7 ans son aîné issu d’une famille protestante comprenant au moins 6 enfants nés entre 1737 et 1758 et dont il est le cadet. Il voit le jour le 5 octobre 1758 à la Falourdière de St-Jouin-de-Milly du mariage clandestin avant 1737 de François MICHENEAU, laboureur et de Jeanne BAUDOUIN. Il sera tisserand, journalier, bordier.
Son frère François Louis né le 22 novembre 1741 sera lui aussi un de mes ascendants (Sosa142) marié avec Marie GRANGER (1751-1826)
Le mariage de Jean et Jeanne est célébré « au désert » par le pasteur DAVID le 24 octobre 1784. [2] Ils ont 26 et 19 ans.
Il semble que ce couple se soit d’abord installé au village du Bouchet à La Forêt-sur-Sèvre puisqu’il y nait une fille : Jeanne, mon Sosa 39, le 8 septembre 1791 (date indiquée sur son acte de mariage mais pas dans les registres).
A partir de cette date leur histoire familiale va croiser la grande Histoire de façon plus violente : Il faut revenir un peu en arrière et constater que depuis 1760 environ une certaine tolérance envers les protestants s’est installée doucement – les brimades persistent tout de même – et l’on s’achemine peu à peu vers l’Édit de Tolérance de 1787. Celui-ci va leur permettre d’exister enfin grâce à l’état-civil, d’exercer librement un métier… sans toutefois autoriser la pratique de leur culte. Notre couple va pouvoir enfin oublier les conséquences des Guerres de Religion… pour malheureusement subir celles de la Guerre de Vendée ! Après 1789, les premières manifestations paysannes des Deux-Sèvres vers Châtillon et Bressuire sont impitoyablement réprimées (août 1792). En Vendée, les troubles se généralisent dès mars 1793 et vont gagner rapidement toute la Vendée militaire. Devant les exactions commises, les familles protestantes de La Forêt, St-Jouin et Moncoutant, Courlay… vont fuir vers le sud aux confins de la Vendée militaire ; beaucoup s’arrêteront à Champdeniers – où l’hébergement est plus important – Cherveux, Cours ou St-Gelais où ils retrouveront d’autres coreligionnaires pouvant les aider.
C’est à St-Gelais, actuelle banlieue de Niort que je retrouve trace de Jeanne MERCERON (MASSON) épouse Jean MICHONNEAU qui le 5 septembre 1794 accouche d’une fille, Louise.
L’acte ne précise pas que les parents font partie de ces familles paysannes réfugiées qui ont été jetées sur les routes. Impossible de dire quand ils ont quitté le village du Bouchet de La Forêt-sur-Sèvre, peut-être fin 1793 ? Qu’ont-ils vécu avant de quitter leur foyer ? Dans quelles conditions ont-ils parcouru plus de 60 kilomètres ? La seule certitude est le départ de toute la famille Micheneau et des familles alliées.
Je découvre que le couple va ensuite se fixer à Cherveux où ils vont résider pendant tout leur exode. La petite Louise va y mourir le 5 septembre 1794, le décès ne sera déclaré que dix jours plus tard le 27 octobre… Elle avait un peu plus de cinq semaines.
D’autres décès vont suivre :
Le 23 mai 1795, Pierre MICHENEAU, époux Marie CORNUAU, beau-frère de Jeanne MERCERON y décède alors que Jeanne MICHENEAU, veuve JOTTREAU, sa belle-sœur est morte l’année d’avant, le 22 octobre 1794 à Champdeniers où ont également laissé leur vie mes Sosa 80, 88, 130,131…
Dans ce climat de souffrances, de deuils, enfin une bonne nouvelle : Jeanne MERCERON met au monde à Cherveux une petite fille, Marie, le 16 mars 1796 [3], qui aura pour parrain et marraine Jacques Micheneau, bordier, et Marie Merceron tous deux réfugiés de la Falourdière de St-Jouin de Milly.
1796 annonce aussi la fin de la Guerre de Vendée avec la mort de Charrette le 29 mars. Progressivement les réfugiés vont retrouver leurs bourgs mais notre couple MICHENEAU-MERCERON va s’arrêter à Moncoutant, au village de la Javrelière, où leur vie va devenir « normale » avec la naissance de 3 autres enfants :
François, le 07/09/1798
Jean, le 08/04/1801
Louise, le 25/03/1802
Marie MERCERON a 37 ans et passera les années suivantes à la Javrelière jusqu’au décès de son époux, Jean MICHENEAU le 29 janvier 1818. Elle a 53 ans. Je la retrouve à la Génaudière, village natal de sa mère en 1826 pour le mariage de Louise, la petite dernière.
Elle meurt le 2 janvier 1833 à 68 ans aux Trois-Maisons ; son acte de décès me laisse encore une fois l’impression d’une vie « gommée » : son gendre Jean FRADIN, mon Sosa 38, oublie le prénom de l’époux – François au lieu de Jean – les parents de la décédée n’ont pas de prénoms…
Ce fut tout de même une vie bien remplie…mais dont on ne connaît pas tout.
[1] AD79 – Pasteur GAMAIN – 1763/1767 – p 32/63 [2] AD 85/12 – Actes des Protestants – 1781-1789 – p 20/59 [3] AD 79-Cherveux N M An II-An X- p 87/151
Au travers de cet article, je vous propose de retourner à l’école en 1886, peu après les lois Ferry, tournant majeur dans l’éducation. Marie FICHET a alors 12 ans et est à l’école mixte protestante de Cherveux, ça sera sa dernière année dans cette école, l’année d’après, les filles seront toutes dans une même école. Au travers d’extraits de ses cahiers conservés aux archives départementales sous la cote 192 J 5, nous allons découvrir ce que les élèves cherveusiens apprenait à cette école.
Andrée Ellen Lucie TEXIER naît le 18 mars 1894 à Sainte-Soline, elle est la fille de Charles TEXIER instituteur stagiaire âgé de 30 ans alors en poste à Sainte-Soline depuis le 1er janvier de la même année. C’est son deuxième poste d’instituteur, son premier fut aussi un poste de stagiaire à Romans de 1883 à 1894. La mère d’Andrée est Julienne Adèle MOCHON alors âgée de 27 ans, elle est sans profession d’après l’acte de naissance de sa fille mais d’après le dossier d’instituteur de son mari, elle apprend la couture aux jeunes filles de l’école de son mari.
Le 1er Janvier 1896, alors qu’elle va avoir 2 ans, son père est nommé instituteur titulaire à Champeaux à environ 45 kilomètres de Sainte-Soline, un déménagement s’impose donc ! Ce poste est le troisième et le dernier de son père, il y sera instituteur pendant 27 ans et 9 mois jusqu’en 1924. Fille unique, elle deviendra institutrice comme son père, on ne sait pas si elle fut poussée par ses parents à faire cette profession ou si elle le fit de son plein gré.
De 1910 à 1914, Andrée TEXIER obtient 3 diplômes :
Le premier c’est le brevet élémentaire qu’elle obtient le 30 juin 1910, ensuite, elle obtient son diplôme de fin d’études secondaires le 12 juillet 1911 puis le 18 juillet 1914 elle obtient le brevet supérieur. Tous ces diplômes sont obtenus à Niort. Pour le brevet élémentaire et le brevet supérieur, les résultats sont publiés dans le Mémorial des Deux-Sèvres dans la rubrique Chronique départementale. Andrée TEXIER n’échappe pas à la règle, on peut voir son nom dans les résultats, la première fois le samedi 2 juillet 1910, trois jours après l’obtention de son brevet élémentaire et une seconde fois le mardi 21 juillet 1914, trois jours après l’obtention de son brevet supérieur.
Le brevet en poche, elle continue un peu ses études tout en travaillant dans le but d’avoir le certificat d’aptitude pédagogique, certificat qu’elle obtiendra en février 1918. Elle obtient un premier poste le 3 décembre 1914 à Saint-Gelais, c’est un poste de suppléance et elle y reste vingt-et-un jours jusqu’au 24 décembre.
Ensuite elle obtient une autre suppléance à l’école de Pairé commune de Saivres, un peu plus longue que la précédente, du 1er février 1915 au 31 mars 1915.
Après deux suppléances, on lui confie des postes d’intérim qui lui permettent de visiter le département !
– Pioussay du 17 avril 1915 au 16 novembre 1915 – Cours du 16 novembre 1915 au 30 septembre 1917 – Sainte-Ouenne du 4 octobre 1917 au 3 avril 1918 – La Chapelle-Seguin commune de L’Absie du 9 avril 1918 au 30 septembre 1918 – Les Aubiers du 1er octobre 1918 au 12 octobre 1918 – Le Retail du 12 octobre 1918 au 27 juin 1919 – Champdeniers du 27 juin 1919 au 1er octobre 1919 – La Véquière commune de Surin du 1er octobre 1919 au 4 janvier 1920 – Marnes du 4 janvier 1920 au 26 janvier 1920 – Cours du 26 janvier 1920 au 30 mai 1920 – Terves du 30 mai 1920 au 15 juin 1920 – Cherveux du 15 juin 1920 au 1er octobre 1920 – Noirterre du 1er octobre 1920 au 1er janvier 1921 – Chanteloup du 1er janvier 1921 au 15 octobre 1921, c’est ici qu’elle aura sa première inspection le 6 avril 1921, elle a alors 14 élèves dans sa classe – Fenioux du 15 octobre 1921 au 1er février 1922
Après ce 17e poste, elle devient enfin institutrice stagiaire à titre provisoire. Elle est nommée à l’école des filles de Fenioux par arrêté de l’inspecteur du 1er février 1922 pour remplacer Mme TESSON, en congé de longue durée. Elle partira le 1er avril 1922 car elle est nommée institutrice stagiaire par l’inspecteur par arrêté du 1er avril 1922 à l’école des filles de L’Hôpiteau, commune de Boussais pour remplacer Mme BOUJU en congé. à peine arrivée, elle est inspectée pour la 1re fois le 20 mai 1922. La classe dont elle est en charge est alors composée de 21 élèves. Mais le 1er octobre 1922, elle est nommée institutrice stagiaire à l’école publique du Chillou, par arrêté de l’inspecteur en date du 23 septembre 1922, en remplacement de M. VEILLET. Le 1er janvier 1923, elle passe institutrice de 6e classe, et ce même jour, elle est nommé à Marnes en remplacement de PASSEBON en congé pour convenance personnelle. Mais là aussi, elle n’y reste pas longtemps, elle y reste jusqu’au 1er février 1923. Ce même jour, elle est nommée institutrice aux Jumeaux en remplacement de Marie Louise DEFAYE appelée à Marigné (Maine-et-Loire) par arrêté du préfet en date du 18 janvier 1923. Le 9 février 1924, Madame BROSSARD, comme on doit l’appeler maintenant suite à son mariage le 10 septembre 1923 avec Gustave Fernand François BROSSARD, est inspectée dans sa classe de 17 élèves. Après plus d’un an et demi aux Jumeaux, elle ne peut pas refuser la proposition de son père, celui-ci partant à la retraite, qui demande à ce que sa fille le remplace dans son école de Champeaux. Le 1er octobre 1924, elle y est nommée par arrêté du préfet en date du 11 juillet 1924, elle a enfin le poste qu’elle voulait. Elle est alors institutrice de 5e classe depuis le 1er janvier 1924. Elle continue tranquillement sa vie à Champeaux mais trois fois, elle doit subir les redoutées inspections académiques : le 16 juillet 1925, le 8 décembre 1926 et le 9 mai 1928. L’inspecteur trouve qu’elle fait un bon travail et qu’elle s’en sort bien avec quand même 35 élèves dans sa classe. En 1929, elle est promue institutrice de 4e classe. Le 16 novembre 1930, elle adresse une lettre à l’inspecteur d’académie de Niort pour lui demander de changer de poste. Elle demande « l’Angevinière (s’il est vacant) ou un poste assez rapproché de Champdeniers me permettant de pouvoir voir mon bébé de 7 mois en nourrice à Champdeniers et m’éloignant pas trop de ma grand-mère (87 ans) de la région où elle a toujours vécu ou un poste dans les environs de Niort (centre de travail de mon mari) » L’inspecteur est favorable à un changement de poste mais l’Angevinière n’étant pas vacant, il redemande à Mme BROSSARD de bien vouloir faire une autre lettre de demande de poste en précisant un peu plus les écoles qu’elle voudrait. Le 29 novembre 1924, elle demande alors « Cherveux (adjointe) ou Saint-Symphorien ou les environs de Champdeniers et de Niort ». Le 1er janvier 1931, elle est nommée institutrice à l’école des filles de Cherveux par arrêté du préfet en date du 18 décembre 1930 en remplacement de Mme LESPARRE appelée à Fors.
Une fois à Cherveux, elle monte vite dans les échelons. Le 1er janvier 1932, elle devient institutrice de 3e classe, en 1937 elle passe en 2e classe puis s’enchaîne la 1re classe en 1942 jusqu’à devenir hors-classe en 1947.
Après 16 ans de bons et loyaux services à l’école des filles de Cherveux, l’inspecteur d’académie nomme Mme BROSSARD directrice adjointe en remplacement de Mlle MÉTAIS le 1er octobre 1947. Elle est très souvent inspectée : 10 fois en 17 ans ! Le 25 avril 1934, le 25 mars 1936, le 20 décembre 1937, le 22 mars 1939, le 14 février 1941, le 12 février 1943, le 12 janvier 1945, le 8 janvier 1947, le 1er février 1949 puis le 16 janvier 1951. À chaque inspection, elle obtient entre 12 et 13 sur 20. On pourrait croire que c’est peu mais comment serait-elle devenue directrice adjointe si elle était une mauvaise institutrice ? L’inspecteur note en 1939 « Mme BROSSARD travaille régulièrement et les résultats sont satisfaisants », elle était donc une bonne institutrice.
Après tout ce travail, elle est admise à faire valoir ses droits à une pension de retraite par arrêté ministériel du 11 décembre 1951, elle part donc à la retraite le 1er janvier 1952. Elle profite de sa retraite à Cherveux mais le 20 octobre 1962, son mari décède. L’année d’après est marquée par un heureux événement, sa fille se marie le 8 juin 1963. Mais ce bonheur sera de courte durée car Andrée Ellen Lucie BROSSARD née TEXIER décède le 12 février 1964 à 69 ans, à peine 12 ans après avoir pris sa retraite.
Je vous laisse sur une photo de cette institutrice que m’a envoyée Marguerite MORISSON, notre ancienne présidente du Cercle généalogique, qui eut Mme BROSSARD en institutrice vers 1937-1938.
Sources :
1 T 700 pour le dossier d’institutrice d’Andrée Ellen Lucie 1 T 547 pour le dossier d’instituteur de Charles TEXIER F PER 26 / 72 et F PER 26 / 76 pour les extraits du Mémorial de l’Ouest Et bien sûr Marguerite MORISSON pour la photographie.
Magdeleine DEFAYE est née à Béceleuf en 1798, d’un père laboureur. À l’âge de 30 ans, elle convole en justes noces avec René PAPET à Cherveux. René est issu d’une famille nombreuse. La dot de René est de 100 francs et celle de Magdeleine 600 francs. Le couple réside à la métairie de la Porte de la Carte de Cherveux avec les parents de René et un de ses frères, François. Magdeleine et René auront trois fils, René, Louis et Pierre. Les deux premiers naissent à Cherveux en 1829 et 1832 et le troisième à Saint-Denis en 1834. Le couple part donc à Saint-Denis, près de Champdeniers, entre 1832 et 1834. Magdeleine y décède à 35 ans, 4 mois après la naissance de Pierre, le petit dernier, elle est dite fermière. Je me suis intéressée à son inventaire après décès qui inventorie des objets aujourd’hui disparus.
L’inventaire nous amène dans les trois chambres du domicile avec la description des meubles et de leur contenu. Ainsi, nous trouvons :
L’équipement ménager : une crémaillère et son crémaillon (petite crémaillère attachée à la grande) […] deux mauvais chaneil (chaneuil : sorte de lampe à huile à fond plat suspendue au mur) […] assiettes en cailloux (sorte de céramique)…
La literie : 3 lits, chacun composé de son bois à quatre quenouilles […], une baillère (toile pleine de balles de blé qui sert de paillasse ou matelas) de toile une coëte […] une couverte en trois marches (sorte de serge grossière, à chaîne croisée) bleu ciel…
Dans une armoire en noyer sont les vêtements de Magdeleine en trois marches, sarge (étoffe de laine qui est croisée à cotes obliques), rase, coton, toile ou droguet (laine commune, étoffe à bas prix), les coëffures en mousseline organdy et coton sans oublier les bijoux : bagues, jonc (bijou circulaire à épaisseur régulière) et claviers (ou crochet de châtelaine), un justin (casaquin, la partie du vêtement qui couvre le haut du corps des femmes à la campagne) en basin (tissu à effet de bandes)…
Un vieux coffre sans ferrure est rempli d’étoupes (résidu grossier de fibres textiles, obtenu lors du traitement du chanvre ou du lin) de lin en poil […] d’étoupes de chanvre en poil […] d’étoupes blanc […] de fil écru dit fil reparon (étoupe de deuxième qualité) […] de filasse…
Puis les objets trouvés dans les autres bâtiments et dépendances :
Dans le fournil est inventorié le nécessaire à fabriquer le pain, une met à pétrir […] de la méture (méteil : mélange de froment et de seigle ou d’orge) […] douze paillons (corbeille en paille tressée) […] trois pelles de four en bois […] un raballon (râteau utilisé pour retirer les braises du four) …
Dans les différentes dépendances nous trouvons divers outils ou ustensiles, une percette (petite vrille), une grèle (tamis, crible) deux hareaux (ou areau : charrue archaïque) sans socs, des planches servant de charclure (peut-être de ridelle ?) de charrette […] un fouillet (sorte de scie à main), un détreau (grande hache, grande cognée), une vrilte (peut-être vrille, sorte de tarière) […] deux piardes (espèce de pioche) […] trois guignettes (genre de petit sarcloir) et un loup à gosses […] un cabasson (garde-genoux, boîte en planches dans laquelle s’agenouillent les femmes qui lavent le linge au bord de l’eau) […] une charrette dont les roues sont à jentes etroites garnie de rancher (panneaux placés à l’avant et à l’arrière de la charrette, c’est la ridelle à claire-voie faite en forme de râtelier) […] une charrue complette garnie de soc et coutre (partie tranchante fixée en avant du soc de la charrue) […] un petit tas de fagots fournille (fagot de ramilles et branchages destiné à chauffer les fours) […] une sivière rouleresse (charrette ou brouette à bras)…
Le couple ne semble pas habiter dans une simple masure. L’inventaire recense plusieurs chambres (ou pièces) et dépendances. Une des dites chambres ne contient pas moins de 60 kg de fibres textiles diverses et des hardes (11 jupes et tabliers, coiffes, justins, bijoux, etc.) pour une valeur estimée à près de 320 francs. Dans la cour est recensé un cheptel d’une valeur de 1 580 francs. Magdeleine et René ne semblent pas vivre dans la pauvreté.
L’inventaire nous apprend la présence de Françoise, une sœur de René. Elle habite la maison depuis la mort de la défunte. Elle y réside toujours lors du recensement de 1836. On peut imaginer qu’elle soit venue aider son frère pour s’occuper des enfants. À noter dans l’inventaire un passif de 14 francs « pour mois de nourrice » chez un habitant de Germond, sans précision de date. Peut-être avant l’arrivée de Françoise ? Pour l’anecdote, Françoise rencontre un journalier à Saint-Denis et se marie à Cherveux, lieu de résidence de ses parents, en 1836.
Pour la fin de l’histoire, en 1836 le père est toujours à Saint-Denis avec ses enfants. Il partira prendre une ferme à la Gachère de Secondigny où la famille PAPET fera souche. Cette ferme est la propriété de THIBAULT de NEUCHÈZE de Saint-Denis. À Saint-Denis, aurait-il déjà exploité une métairie de ce THIBAULT de NEUCHÈZE ?
Sources
Le parler de Poitou-Charentes, Vendée, Éric Nowak, Christine Bonneton, 2011.
Lexique de l’ancien français, Godefroy, Paris, 1901.
Dictionnaire du monde rural – Les mots du passé, Marcel Lachiver, Fayard, Aubin Ligugé, 1997.
Un texte de Mattéo MADIER, plus jeune adhérent du Cercle, comme quoi la généalogie intéresse toutes les générations !
Le temple de Cherveux aux XIXe et XXe siècles, un va-et-vient de pasteurs !
À Cherveux, il y a eu trois temples protestants : le premier fut rasé en 1685.
Le second temple
Le décret du 28 mars 1806 autorise le consistoire de Saint-Maixent à faire construire un temple à Cherveux mais au frais des protestants. Le 7 juillet 1826, les protestants Cherveusiens demandent au maire une aide pour terminer le temple. Le maire fait remonter cette demande au ministère de l’Intérieur qui décide le 28 février 1827 de donner 2 000 francs aux protestants cherveusiens. Le 3 avril 1827, le pasteur Gibault présente un devis s’élevant à 2 190,80 francs. Les protestants devront payer la différence, c’est à dire 190,80 francs. Il n’y aura pas de construction de temple mais la rénovation d’une grange.
– Où était ce temple ?
Selon Avice de la Carte, maire de Cherveux de 1813 à 1830, le temple se situe dans l’enceinte du presbytère qui se situe sur la place principale. Il décrit ce temple comme une construction assez vaste, très ordinaire et n’a pas de logement dans ses dépendances pour son pasteur qui vient y exercer notamment tous les dimanches.
Maintenant il ne reste plus aucune trace visuelle de ce temple, peut-être en reste-il encore la grange ? Le presbytère est toujours présent mais a été converti en maison d’habitation.
Les pasteurs
En 1826, GIBAULT est pasteur à Cherveux.
Le 14 mars 1842, le consistoire de Saint-Maixent se réunit sur la création de 2 postes de pasteurs, l’un à Cherveux, l’autre à Sainte-Néomaye. Celui de Cherveux est dit plus important que celui de Sainte-Néomaye.
Le 16 août 1843 le Sieur MATHIAS, ancien pasteur du consistoire de Metz, actuellement pasteur de Cherveux, est dans l’obligation de cesser ses fonctions car il les a commencées sans l’agrément du roi. Le 15 juillet 1846, sa démission est acceptée par le consistoire de Saint-Maixent afin qu’il puisse aller dans le canton de Vaud en Suisse pour se rapprocher de ses parents et pouvoir donner une bonne éducation à ses enfants. Avant de partir un certificat de bonne conduite et moralité lui est remis.
De 1846 à 1849, le pasteur GIBAUD Théophile officie en attendant la nomination d’un pasteur à Cherveux.
Le 28 mars 1849 COQ Pierre est élu pasteur, il sera installé le 29 mai 1849, mais le 4 juillet 1851 il décède d’une attaque d’apoplexie foudroyante.
Lui succède le pasteur MOMMEJA Guillaume Ernest Aimé qui est élu le 6 juillet 1851, élection approuvée le 27 juillet par le ministère des cultes. Il démissionne le 10 janvier 1857.
Le 21 mars 1857 est élu PORTRON François Gustave, sa nomination sera approuvée le 7 avril 1857 par décret impérial. On ne sait pas exactement quand il est parti de la paroisse mais les documents laissent penser qu’il serait parti en 1864.
Puis succède au pasteur PORTRON le Pasteur Adolphe WEIBEL. Il est nommé par le consistoire le 5 novembre 1864 et sa nomination est officialisée par décret impérial du 22 mai 1865. Le 9 mai 1866 il demande un supplément de jardin auprès du conseil municipal, sa requête sera rejetée. Il réitère sa demande au conseil le 10 août 1866, sa demande sera rejetée, il redemande une dernière fois le 9 novembre 1866 mais il n’aura pas son supplément de jardin. Le pasteur WEIBEL quittera la paroisse en août 1878.
Le 17 août 1878 est nommé pasteur de Cherveux M. CHAMBELLAULT Pascal François Nephtalé succédant ainsi à WEIBEL parti à Moncoutant. Nomination approuvée par décret ministériel du 27 janvier 1879, Il démissionne le 24 mars 1883 pour partir à la paroisse de Grateloup ( Lot-et-Garonne ).
En novembre 1884, un questionnaire sur le culte protestant est réalisé dans tout le département et le conseil presbytéral de Cherveux y répond :
On y apprend que le temple de Cheveux appartient à la communauté protestante depuis environ 1830. C’est une ancienne grange qui a été convertie en temple pour une valeur d’environ 100 francs, Le temple est en mauvais état, les réparations sont faites par la commune de Cherveux. Le presbytère appartient à la commune qui l’a acheté le 8 septembre 1848. Le presbytère est lui aussi en mauvais état (une partie sera désaffectée vers 1905).
Le 22 juillet 1888 est nommé HARDY Adolphe Abdel Fernand en tant que pasteur de Cherveux. Il démissionne un an plus tard, le 17 octobre 1889.
Ensuite, Le pasteur Gabriel WEHENNE, ancien pasteur de Vigean (Gard) est nommé pasteur de Cherveux le 21 février 1891. Il démissionne le 7 septembre 1894 pour Chambéry.
1894-1898 : Le face à face : le consistoire contre les protestants cherveusiens.
Le 20 octobre 1894, la candidature de TOULAN est rejetée par le consistoire.
Le 4 novembre 1894, le conseil presbytéral décide de protester contre le vote du consistoire, mais rien ne sera fait avant Janvier 1897.
Le 12 décembre 1896, la candidature de BERNADOU est repoussée.
En Janvier 1897, le conseil presbytéral demande aux électeurs de la paroisse de Cherveux de signer une pétition contre le vote consistoire et pour la nomination de BERNADOU. Voici ce que dit la pétition : « Électeurs qui composent la paroisse de Cherveux, protestons de toutes nos forces contre la décision du consistoire du 12 décembre 1896 qui a repoussé la candidature du pasteur qui avait présenté l’unanimité de notre conseil presbytéral dès le 9 septembre 1896. Notre paroisse connaît Henri BERNADOU depuis juillet 1895. Il a desservi la paroisse et instruit nos enfants catéchumènes à notre entière satisfaction durant plus de 7 mois, Il a toute la confiance, estime, sympathie car il a déjà travaillé ardemment à la réorganisation de notre paroisse qui a tant besoin d’un directeur. Nous considérons BERNADOU comme notre pasteur et nous le voulons tous. Nous espérons que devant cette affirmation de nos désirs légitimes vous vous montrez respectueux des intérêts et de la liberté de vos voisins et devez écouter que votre conscience, justice, droit des gens. » 144 électeurs dont 132 signatures + 2 contre la pétition + 10 absents dont 5 ont donné leur accord oral
Le 27 février 1897, le président du conseil presbytéral de Cherveux décide d’écrire une lettre au préfet des Deux-Sèvres et au président du consistoire de Saint-Maixent. Il fera sa lettre le 30 avril.
Le 9 avril 1897, M. Henri BERNADOU (pasteur en intérim) demande a devenir titulaire. Sa demande lui sera refusée le 24 avril. Ceci déclenchera un mouvement de protestations à Cherveux :
Le 30 avril 1897, le président du conseil presbytéral en a assez de la situation dans laquelle se trouve réduite la paroisse de Cherveux à cause des caprices des pasteurs de Saint-Maixent et de Moncoutant. Le président du conseil presbytéral dit dans sa lettre au préfet et au ministère des Cultes : « Notre paroisse est vacante depuis 4 ans. 3 candidats se sont présentés mais n’ont pas été choisis à cause des caprices de ces pasteurs, en particulier le dernier candidat, qui est resté en intérim pendant plus de 8 mois. La paroisse l’a réclamé par pétition. Le présidant du consistoire a fait traîner les convocations des séances réclamées. La première séance convoquée par lui le 26 septembre 1896 ne fut pas ouverte car il n’y vit pas une majorité hostile à Cherveux. Dans les 2 autres séances, les laïques avait promis de voter en faveur de Cherveux mais ont reculés au moment du vote, sans motifs, mais sous la pression. Le consistoire n’a que 3 pasteurs sur 6 dont 1 fatigué. Les pasteurs manquants ne sont pas nommés de sorte à ce que la paroisse manque de service religieux. Il faut courir très loin pour avoir un pasteur pour nos enterrements, et cela de la seule faute de 2 pasteurs qui sont incapables de desservir à la fois leur paroisse et les 3 postes vacants mais demandent des subventions pour services extraordinaires. Mais les protestants ne veulent être édifiés par de tels hommes et leurs interdisent l’accès à la paroisse entière (tout en laissant chaque fidèle sa liberté pleine de recourir à tel pasteur qui lui plaira). Monsieur le pasteur PORTRON (ancien pasteur de Cherveux), officiant à Sainte-Néomaye, malgré son état de santé voudrait bien nous continuer ses services dans les cas indispensables et autant qu’il lui sera possible en attendant que le consistoire nomme un pasteur à Cherveux. Nous avons tenu à protester énergiquement contre l’arbitrance dont nous sommes victimes et que le ministère des Cultes et le Préfet des Deux-Sèvres soient mis au courant ».
Le 1er juillet 1897 est repoussée la candidature du second pasteur (nom inconnu). Elle ne sera jamais soumise au consistoire.
Le 13 août 1898, soit près de 4 ans après le début du face à face, le consistoire décide enfin de nommer un pasteur à Cherveux, qui ne sera ni TOULAN, ni BERNADOU mais Claude Edmond Soarès Fernand JALAGUIER. Son élection sera approuvée par le décret du 27 du même mois. Ce qui, enfin, réjouit les habitants de Cherveux.
Le troisième et dernier temple de Cherveux
En 1900, le pasteur JALAGUIER envoie une lettre au conseil municipal de Cherveux afin qu’il donne son accord sur l’autorisation de construire un temple, son montant, son lieu ; le conseil municipal validera la construction, son montant prévu (environ 12 000 francs), son lieu (à coté de l’école). Le nouveau temple coûtera 15 357,50 francs, son montant sera approuvé, la maçonnerie sera faite par Jacques SICOT qui vit juste à coté du temple. Le 4 septembre 1900, le maire de Cherveux envoie une pétition au préfet pour demander l’autorisation de « reconstruire un mur de clôture le long et à droite du chemin de grande communication n° 11 sur un terrain appartenant à la commune », la demande sera accordée le 1er décembre 1900 par l’agent voyer de Saint-Maixent. Il accorde la construction d’un mur de 40 mètres de longueur. En 1901, le pasteur apprend que 200 francs seront donnés en subvention pour la construction du temple. Sur le temple, on peut voir une pierre qui a été gravée suite à la construction du temple.
Transcription
P : JALAGUIER : PASTEUR
A : BOUNEAULT : ARCHITECTE
M’ONT MIS ICI L’AN
MDCCCC (1900)
Début juillet 1902, JALAGUIER est nommé pasteur à Melle. Il est donc resté 4 ans dans la paroisse.
Le 11 juillet 1902 est élu MAISONNAVE Pierre, il décèdera en mandat en 1904.
Le 9 avril 1904 est élu VIÉLA David Paul Ernest agé de 24 ans pour remplacer MAISONNAVE, décédé en mandat. Sa nomination sera approuvée par décret du 25 mai 1904. Il quittera la paroisse en 1911.
Après lui succède DUMAS, de 1911 à 1914.
source AD79
Puis, après, il n’y aura plus de pasteur à Cherveux, ce sont les pasteurs de La Crèche, Saint-Maixent ou Niort qui viendront officier au temple.
En 1954, le pasteur de la paroisse de La Crèche – Chauray – Cherveux envoie une lettre au maire de Cherveux pour lui demander de réparer une fuite dans le toit de la sacristie et de réparer les fenêtres côté sud qui ont été cassées par les enfants de l’école. On ne sait pas si ces réparations auront lieu.
En 1968, le temple est transformé en maison de jeunesse, quelques années plus tard il sera inoccupé.
Maintenant le temple sert de salle pour les associations, l’école…
Sources
– Archives municipales de Cherveux
– Archives départementales des Deux-Sèvres
– Sous série 7 V + 40 Fi 4704 et 40 Fi 4706
Aujourd’hui, l’article de notre ChallengeAZ est écrit par Marguerite Morisson. Celle qui fut longtemps présidente du Cercle généalogique des Deux-Sèvres a bien voulu nous raconter ce qui a marqué une grande partie de sa vie : sa participation aux activités de activités de l’UPCP (Union pour la Culture Populaire Poitou-Charentes-Vendée) dont le président fondateur fut André Pacher et dont l’apogée fut le spectacle « La Geste paysanne » à Verruyes en 1974 et 1976.
Éducation populaire ? C’est quoi ça ? Ah oui ! Ce « machin » fait pour distraire ceux qui n’ont rien à faire ! Et bien non ! À Verruyes ce « Festival National d’Animation Rurale » fut la brillante démonstration que l’éducation populaire était non seulement vecteur de notre culture, mais qu’elle apportait du bonheur aux gens, qu’elle ouvrait de nombreuses possibilités aux jeunes participants, donnait à chacun le sens du travail, de la solidarité et pouvait permettre de nouer des amitiés résistant au temps.
Verruyes, haut-lieu de la culture :
Tout est né d’une rencontre : un village et sa population, Verruyes, un auteur, un espace magnifique et une équipe, l’UPCP, (Union Poitou-Charentes pour la Culture Populaire) avec ses quarante associations réparties en Poitou-Charentes-Vendée et ses 3000 membres à ce moment-là.
1970 : L’UPCP a 1 an mais a déjà fait des stages et engrangé de très nombreux témoignages des anciens. Cette année là, Jean-Pierre Pottier, metteur en scène, CTP « Jeunesse et Sports », monte sur les bords de l’étang de Verruyes le « Livre vivant » de Jean Nazet : « La légende de Mélusine » présenté pour la première fois à Cherveux 25 ans plus tôt.
Ceci donne l’idée à André Pacher, président fondateur de l’UPCP, de mettre en scène l’histoire des « absents de l’histoire » comme il aimait à définir les paysans, auxquels il vouait une admiration et un attachement profonds.
1971 : Jean-Pierre Pottier et André Pacher unissent leurs efforts. Avec la participation des « Ballets Populaires Poitevins » et de la population de Verruyes, naît un spectacle, appelé « Les Paysans ». Devant le succès remporté, il est décidé de pousser plus loin cette expérience.
1974 : Après trois ans de travail, de recherches, de réunions, de discussions, textes, musiques, (choisies ou créées pour la circonstance) sont prêts. Il va falloir des soutiens et de l’aide matérielle. Le projet est ambitieux : mettre en scène sur 15 hectares, y compris le plan d’eau, l’histoire de la paysannerie.
Le bilan établi, donnera des nombres gigantesques: 53 000 heures de travail, 600 costumes, 12 points de diffusion pour la sonorisation avec 22 amplis, 3 km de câbles, 15 micros, sans compter les interphones et talkies-walkies.
Pour les éclairages, une tour de régie de 16 m de hauteur a été construite d’où sont commandés les 400 projecteurs de différentes puissances dispersés sur les espaces de jeu, alimentés par 12 km de câbles dont une grande longueur immergée dans l’étang (avec les précautions que l’on imagine) pour éclairer les lointains.
Sans oublier les 50 danseurs et danseuses chorégraphiés par Maurice Pacher.
Si l’on ajoute à tout cela une cavalerie de plusieurs dizaines de chevaux, une dizaine de tracteurs qui en fin de spectacle font un véritable ballet et les 3 ou 4 moissonneuses batteuses sur lesquelles sont juchés des danseurs pour le final, on peut avoir une idée de la démesure de l’entreprise !
Autre démesure l’intendance : 150 stagiaires à faire manger tous les jours… jeunes et travaillant beaucoup, se couchant tard et donc affamés ! Colette Pacher assura le service sans broncher !
En 1976 on remet ça :
Tant de travail pour une seule saison ? Tout est resté en place, on recommence… avec quelques petits aménagements. Cette fois il y aura 2 écrans géants mécaniques qui se lèveront ou s’abaisseront à la demande. Deux tours sont construites pour ceux qui vont projeter les diapos destinées à assurer un soutien visuel pour certaines scènes.
Ce sont 18 000 spectateurs en 1974 et 25 000 spectateurs en 1976 qui sont venus assister à ce spectacle extraordinaire, comme jamais encore il n’y en avait eu dans la région.
Il fut dédié à Jean Nazet, décédé en 1972. Jean-Pierre Pottier fut son élève et c’est bien lui qui est fut à l’origine de cette forme de spectacle.
Ce fut le livre vivant d’un peuple que l’histoire allait oublier.
Ces documents sont des coupures de presse qui ont aujourd’hui un âge respectable, d’où leur médiocre qualité.
Aujourd’hui, l’UPCP vit encore à travers ses deux plus beaux fleurons :
La « Maison des Cultures de Pays » ou « Maison André Pacher » à Parthenay. C’est là que sont conservées toutes les enquêtes faites au cours des stages UPCP pour le sauvetage de la tradition orale paysanne. C’est le CERDO ( Centre d’Etude Régional De l’Oralité ) qui gère ce fonds de 8 000 h d’écoute, 85 000 négatifs, diapos ou photos papier, 40 000 photos de reportage ethnographique.
UPCP-Métives est l’organisateur des festivals et des animations qui ont lieu chaque années en Gâtine et qui ont acquit une notoriété nationale.
Sans oublier les écoles de musique traditionnelle très actives en Gâtine.
GESTE éditions, l’autre beau fleuron, qui a su devenir incontournable au point d’avoir étendu son réseau de vente et de distribution dans tout le grand ouest, de la Bretagne aux Pyrénées. Bureaux au centre autoroutier de La Crèche, Librairies à Niort face aux Halles et à La Mude.
L’UPCP fut un mouvement d’Éducation Populaire, dont l’ampleur et la profondeur ont laissé des traces indélébiles dans toute la région du Poitou-Charentes, mais qui eut aussi un retentissement dans la presse parisienne de l’époque.
Deux ans plus tard, en 1978, Christine Authier eut le Grand Prix du disque de l’Académie Charles Cros, avec une chanson écrite par Maurice Pacher, auteur également de l’opéra-ballet « AUNIS » interprété par nos deux virtuoses de l’accordéon, Gérard Baraton (accordéon chromatique) et Christian Pacher (accordéon diatonique) et dansé par 4 danseurs-étoile des plus grands opéras de la planète, de Moscou à Rio et de Milan à Paris et Versailles et ceci en 2018 !
De très nombreux jeunes de l’époque, devenus un peu moins jeunes maintenant, ont trouvé une situation intéressante dans l’activité qui leur plaisait (techniciens de l’image ou du son, gestionnaires ou comptables de structures culturelles ou administratives, responsables d’évènements culturels ou de structures régionales et même luthiers ; d’autres sont carrément devenus des artistes réputés, comme l’accordéoniste Gérard Baraton, la chanteuse Christine Authier, le musicien multi-instrumentiste Jean-François Bercé, ou encore Yannick Jaulin dont la réputation n’est plus à faire.