C’est Mauricette Lesaint qui nous propose un 2e texte dans le cadre de notre challenge de l’été, parlez-nous du 79. Elle nous prouve que notre département est celui de tous les records, généalogiques à défaut d’être sportifs. Qui fera plus de mariages chez les hommes que Louis Fradin et chez les femmes que Marguerite Aury ! Le concours est ouvert. Allez les Deux-Sèvres !
Dessin de Raymond Peynet
Les mariages et remariages de Louis FRADIN et Marguerite AURY en Gâtine (dans nos actuelles Deux-Sèvres) durant la première moitié du XVIIIe siècle
Nos ancêtres ont vécu leur part de séparations, des séparations non choisies. Les femmes mouraient souvent jeunes, la première cause de mortalité étant les accouchements. Et après, qui allait élever les enfants et exécuter toutes les tâches domestiques, ménage, cuisine, entretien du linge ?… Les hommes étaient presque tous à la terre, travaillant de l’aube au crépuscule. Les grands-mères souvent n’étaient plus là. Alors, le veuf se remariait, et très vite. Que de séparations, que d’enfants orphelins ! Beaucoup de mes ancêtres hommes, se sont mariés puis remariés, une fois, parfois deux.
J’en ai trouvé un, quatre fois remarié ! C’est Louis FRADIN ! Louis, fils aîné de François FRADIN et Jeanne RAVAILLAULT, naît en 1693 à Gourgé. Il est l’aîné de quatre enfants. Son père meurt, quand il a douze ans. Sa mère se remarie, et lui donne trois demi-frères et sœur, elle meurt trois ans avant son premier mariage. Il est laboureur.
Cinq mariages pour Louis
Il se marie en 1717 avec Perrine SAPIN, il a 23 ans, elle en a 17. Ils ont deux enfants, Louis mon ancêtre né en 1718 et Jeanne qui meurt à quinze jours. Perrine, sa femme, meurt en 1724 à 25 ans. Le mariage a duré presque 7 ans. Louis reste seul avec son fils Louis âgé de 5 ans.
Le deuil est très bref : veuf le 23 février, il se remarie trois mois plus tard le 25 mai 1724 avec Marguerite CHAUVIN. Il a 30 ans, Marguerite en a 20. Un petit Jean naît, meurt à huit jours, et Marguerite meurt quinze jours plus tard, le mariage n’a pas duré un an. Louis reste pour la seconde fois, seul avec son fils Louis âgé de 7 ans.
Le deuil est très bref : veuf le 27 janvier, il se remarie trois mois plus tard le 30 avril 1725 avec Marie THIBAULT. Il a 31 ans, Marie en a 21. Deux de leurs quatre enfants meurent à la naissance. Marie a 28 ans quand elle meurt en 1731. Le mariage a duré 6 ans. Louis est seul une troisième fois, avec son fils Louis âgé de 13 ans, Jeanne 5 ans et Jean 10 mois.
Le deuil est bref : veuf le 2 août, il se remarie six mois plus tard le 1er février 1732 avec Marguerite AGUILLON, Il a 38 ans, elle en a 26. Je n’ai pas trouvé de nouvel enfant. Marguerite meurt le 12 janvier 1736. Le mariage a duré presque 4 ans. C’est la quatrième fois que Louis reste seul. Son fils Louis a maintenant 17 ans, Jeanne 9 ans et Jean 5 ans.
Le deuil est bref : veuf le 12 janvier, il se remarie dix mois plus tard le 6 novembre 1736 avec Marie DAVID, Il a 43 ans. Avec Marie, ils ont deux enfants, le premier meurt à la naissance, le second naît le 22 janvier 1739. Le 13 février 1739 c’est Louis FRADIN qui meurt . Il a 46 ans, sa dernière petite fille n’a que trois semaines. Ce mariage a duré à peine plus de 2 ans.
Louis FRADIN s’est marié 5 fois en 20 ans. Pour ses cinq femmes, c’était leur premier mariage. Neuf enfants sont nés. Il semble que seul Louis mon ancêtre se soit marié.
Si dans mon arbre, Louis reste l’homme des records, il existe autour de mes ancêtres une femme bien plus surprenante. Deux de ses maris sont des petits-fils de mes ancêtres. En 1750, l’espérance de vie n’est que de 25 ans. Les hommes aussi mouraient jeunes.
Pour Marguerite, cinq mariages et un contrat de mariage
Les premiers mariages sont à Saint-Loup-sur-Thouet.
Le premier mariage est le 21 juin 1717, Marguerite a 31 ans. Martin BODIN est veuf de Françoise GIRAUD. Il meurt 5 jours plus tard.
Le deuxième mariage a lieu le 8 juillet 1720, Jean CORNUAU est veuf de Marie RIGAULT. Ils ont un enfant. Jean meurt en janvier 1724. Le mariage a duré 3 ans.
Le troisième mariage est le 27 juin 1724. C’est le 1er mariage de Jacques BILEAU. Il meurt le fin 1734. Ils ont été mariés dix ans.
Le quatrième mariage est célébré le 7 février 1735. François GIVELET meurt le 19 juin 1739. Le mariage a duré 4 ans.
Le cinquième est un contrat de mariage. Le 10 septembre 1741 à Saint-Loup-sur-Thouet, il est déposé chez Maître Suyre. Jean AUBERT demeure à Airvault, est veuf de Louise HEULLIN. Aucun acte paroissial, de ce probable cinquième mari, ne confirme ce mariage.
Le dernier mariage est à Gourgé le 23 octobre 1742. Charles MAITRE, veuf pour la troisième fois, épouse Marguerite. Elle meurt en 1755 à 69 ans, il meurt un an après elle, à 74 ans. Il semble qu’elle n’ait eu qu’un enfant. Ils ont été mariés treize ans.
Louis et Marguerite vivent à la même époque, l’un est né en 1693, l’autre en 1696. Ils habitent deux paroisses voisines et leur premier mariage est en 1717. Ils se sont probablement croisés.
Si pour toutes les épouses de Louis, c’était leur premier mariage, quatre des six maris de Marguerite sont déjà veufs. Elle est même la quatrième épouse de Charles MAITRE, son dernier mari.
Un article de Mauricette Lesaint qui nous souhaite ainsi à sa façon une bonne année 2022. Si comme elle vous avez retrouvé votre sosa 2022, vous pouvez envoyer votre proposition d’article pour le blog à cette adresse mail : genea79blog@laposte.net
Après le sosa 2020, voici le sosa 2022. 2020 était le père de Jacques GOULARD, mon sosa 1010, 2022 est le père de sa femme Marie AUBRY, ma sosa 1011.
Il n’est pas très bavard Michel AUBRY, mon sosa 2022.
Pourtant, ça commence plutôt bien. Sur l’acte de baptême le 26 octobre 1643, Michel est fils de Bertrand AUBRY et Philippe MARIOCHEAU, baptisé en l’église du Chillou. Michel a au moins deux frères, Élie et René, et une sœur, Isabeau née en 1650.
Sa mère Philippe MARIOCHEAU meurt le 31 octobre 1671 au Chillou. Il a 28 ans.
Il est au mariage de son frère René avec Jacquette MOREAU le 29 juin 1676 au Chillou. Son père Bertrand AUBRY meurt trois mois plus tard, le 3 septembre 1676.
Sa femme Marie MOREAU a-t-elle un lien de parenté avec Jacquette la femme de son frère ? Pas d’acte de mariage pour préciser ! A-t-il vécu au Chillou toutes ces années-là avant de vivre à Saint-Loup-sur-Thouet ? Ses quatre filles Marie, Anne, Renée et Marie nées en 1681, 1684, 1688, et 1695 y sont toutes baptisées. Ces actes n’apportent rien, ni sur son métier, ni sur l’adresse exacte du domicile, ni sur sa femme Marie MOREAU. Marie sa femme meurt à trente-sept ans en 1698 à Saint-Loup-sur-Thouet.
La maison de Voltaire à Saint-Loup et le pont roman sur le Thouet à Gourgé
Les actes de mariage de ses filles Marie et Renée avec deux frères sont un peu plus loquaces. Les mariages sont à Gourgé. Un gendre Jacques GOULARD y est meunier. Marie se remariera après son veuvage avec François GUILLEBAULT, maréchal à Gourgé. Sont présents, le grand-père Noël MOREAU, père de Marie, et un oncle Jean FOUQUET.
Michel meurt et est inhumé le 3 mai 1710 à Gourgé ; sont présents, Marie et Renée ses filles, Jean FOUQUET son neveu à cause de sa mère, Pierre AUBRY son neveu et Jacques GOULARD son gendre meunier.
Même si j’ai tracé les grandes lignes de sa vie, je suis insatisfaite, il reste trop de zones d’ombres… Michel n’est cité dans les actes que comme « fils de », « frère de » ou « père de ». Il ne signe pas. Les membres de sa famille sont là, mais des liens familiaux ne sont pas établis, comme ceux de Jean FOUQUET, l’oncle des enfants, le beau-frère ; est-il marié avec la sœur de Michel AUBRY ou avec la sœur de Marie MOREAU ? J’aurais aimé savoir si Michel vivait dans le bourg, un hameau ou un lieu-dit, connaître son métier, ses relations…
Je sais quand même qu’il fut baptisé en l’église du Chillou, que ses filles furent baptisées en l’église de Saint-Loup-sur-Thouet et qu’il fut inhumé dans le cimetière de Gourgé. Je connais aussi le contexte historique ; il a passé toute sa vie sous le règne de Louis XIV, il y eut révocation de l’édit de Nantes en 1685. La région n’était pas isolée, il y eut des abjurations dans les paroisses du Chillou, de Gourgé, donc il a entendu, côtoyé des « protestants ».
Avez-vous des jumeaux dans votre ascendance ? Statistiquement vous ne devez pas en avoir beaucoup, parfois même pas du tout. Selon l’article de Gutierrez et Houdaille de 1983, « Les accouchements multiples dans la France ancienne », entre 1790 et 1729 la proportion en France de naissances gémellaires tournait autour de 9,3 pour mille. Et ces enfants n’arrivaient que rarement à l’âge adulte, à peine un sur quatre selon la même enquête.
Ce kaléidoscope contient des actes paroissiaux et des actes d’état civil, fragments de vie des sept sœurs. L’Histoire va le secouer et vont apparaître des actes SAGES ou FOUS.
Pour ne pas perdre le fil, j’écris le prénom des sœurs suivi du N° d’ordre, j’ajoute quelques tableaux, et tous mes commentaires sont en italique.
_______________________________
Chut ! Écoutons ces vieux écrits ! Tout commence le 14 octobre 1755 à Maisontiers, par le mariage de Jacques MIOT, laboureur et Françoise RENAULT ; ils ont juste vingt ans. C’est à Verrines de Gourgé, sur la rive gauche du Cébron, qu’ils s’installent et que naissent leurs enfants : Sept filles et seulement des filles ! Deux filles s’appellent Françoise comme leur mère, les cinq autres ont pour premier prénom de baptême Marie. J’ai déjà rencontré à Gourgé des prénoms en plusieurs exemplaires dans une même fratrie. J’ai ouï dire qu’ainsi, le diable ne s’y retrouvait pas. Quand Françoise la maman meurt le 20 avril 1778, la dernière, Françoise7, n’a que deux ans. Le père se remarie deux ans plus tard.
Puis est venu le temps des mariages !
Marie Magdelaine3est peut-être décédée bébé, elle n’a laissé aucun acte. Les époux Jean et François ROUSSEAU sont frères, Jean et René BISLEAU sont aussi frères. Marie Anne5 meurt à 21 ans, le 18 décembre 1789, treize mois après son mariage. Début 1794, le remariage du père à nouveau veuf est le même jour que le mariage de Françoise7. Elles sont âgées de dix-huit à trente-sept ans. Marie1 l’aînée porte son septième enfant. Françoise2 et Marie Magdelaine4 en ont trois. La famille est toujours regroupée à Verrines de Gourgé et Jaunasse de Louin, deux hameaux voisins près du Cébron. Tout semble calme autour des sœurs…
Pourtant de lourds nuages se sont accumulés. Les guerres de Vendée, cette terrible guerre civile, ont embrasé la région. Dans les pages d’Histoire de ce coin de Gâtine se côtoient les écrits des belligérants. La femme du général vendéen Lescure raconte : « Il y avait à Amaillou, … un petit rassemblement de paysans qu’on avait formés pour la sûreté du pays ». Les 14 et 23 juin 1793, c’est d’Amailloux que sont lancées les prises de la ville de Parthenay. Westerman précise qu’il prend et reprend Parthenay les 20 et 30 juin et incendie Amailloux le 1er juillet.
Tout SEMBLE calme autour des sœurs ? L‘acte de naissance du petit Jean, fils de Marie Magdelaine4, le 28 mai 1793 dément ! C’est Françoise2 et son mari qui déclarent l’enfant à la mairie de Louin. Le père « François LAGARDE, bordier, leur voisin et beau-frère, ne pouvant agir, les avait chargés d’apporter son fils dont Marie Magdelaine4 MIOT sa légitime épouse est accouchée de ce matin ».
L’officier public de Louin a inscrit sur 37 des 41 actes de naissances de 1793 « père ne pouvant agir », la même formule que pour François LAGARDE. En 1792 déjà, aucun père ne déclare son enfant, ils sont tous « absents »… Où sont les pères de cette commune ? Où est donc François LAGARDE ? Jaunasse est à deux lieues d’Amailloux. Est-il un de ces « hommes formés pour la sûreté du pays » ?
François LAGARDE, lui qui n’a pu déclarer la naissance de son fils le petit Jean, décède à l’infirmerie du Château de Niort le 16 février 1794 (28 pluviôse an second). Sa femme, Marie Magdelaine4 est veuve à 28 ans, mère de trois jeunes enfants.
Vite les registres, poursuivez ! Marie1 et Françoise7 accouchent de Louis et Marie Jeanne, les maris déclarent les naissances les 20 février 1794 et 20 mai 1795 à Gourgé. Et… elles quittent brusquement Verrines et Jaunasse ! Entre le 4 juin et le 18 août 1795, les sœurs sont à Boismé. Le registre de catholicité atteste leur présence. Y sont inscrits les baptêmes des deux bébés, Louiset Marie Jeanne. Y sont aussi inscrits, le mariage de Françoise7 avec René BISLEAU et le remariage de Jacques MIOT le père dont les actes civils ont été enregistrés à Gourgé le 21 janvier 1794. Le dernier acte de Boismé est le mariage de Marie Magdelaine4 veuve de François LAGARDE avec Mathurin GAUFRETEAU. Les sœurs et les trois beaux-frères René BISLEAU, Jean et François ROUSSEAU sont les témoins cités dans ces actes. Seuls, Marie Jeanne6 et son mari en sont absents. Cinq lieues séparent Verrines et Boismé qui fut le lieu de résidence du marquis de Lescure cité ci-dessus. Pourquoi avoir attendu 18 mois pour baptiser Louis et faire bénir ces mariages ? Les sacrements ont-ils été donnés une première fois par un prêtre assermenté puis renouvelés par un prêtre réfractaire ?
Peu à peu, la région s’apaise. La famille retrouve Verrines. Pas un mot sur Marie Jeanne6 depuis son mariage le 4 février 1794 jusqu’à cette date du 18 octobre 1795, quand meurt sa fille « naturelle » âgée de trois semaines à Verrines. Son mari Jean MIOT ne reconnaît donc pas cet enfant ! À Louin, le 7 septembre 1796 (21 fructidor an quatre), Marie Jeanne6 et Jean MIOT exposent que « depuis leur mariage, n’ayant pu jouir de la paix par incompatibilité de caractère, ils ont vu avec plaisir paraître la loi du divorce », cette loi du 20 septembre 1792 qui décrète la laïcisation de l’état civil et l’autorisation du divorce. Marie Jeanne6 a 20 ans quand le divorce est prononcé le 4 brumaire an cinq (14 novembre 1796). Les témoins sont toujours les trois beaux-frères. Le 30 mars 1797, Marie Jeanne6 a encore un enfant naturel reconnu par Pierre LEBLANC. Le mariage de Marie Jeanne6 et Pierre est enregistré un an plus tard à Gourgé, le 14 juin 1798. Ils auront six enfants qui mourront tous jeunes, aucun ne se mariera.
Le 29 juillet 1798, Marie1 ma sosa 33 met au monde son 9e et dernier enfant Pierre René, mon sosa 16. Le 14 novembre de la même année s‘éteint à 63 ans Jacques MIOT, mon sosa 66, le père. Parmi les neuf enfants de Marie, huit se marieront. Que de petits-cousins à venir !
Après la mort du père, les sœurs quittent toutes Verrines ⭐0 Marie1et Jean s‘installent dans le hameau de Billy de Maisontiers ainsi que Marie Magdelaine4 et Mathurin. ⭐1-4 Marie Jeanne6 et Pierre se fixent au Bas-Mazière de Lageon ⭐6. Les deux Françoise vont s’éloigner du Cébron. On suit Françoise2 et François avec les actes de mariage de leurs filles. Après Chiché et Geay, ils s’arrêtent enfin à la Boureliere de Luché-Thouarsais ⭐2. Quant à Françoise7 et René, ils arrivent à la Brosse de Saint-Varent ⭐7 en 1804. René y meurt quatre ans plus tard. Françoise7 est veuve à 31 ans, mère de trois jeunes enfants. Elle attend dix ans pour se remarier avec Pierre DUBALLET. C’est lui qui déclare leur fils Louis né à la Brosse de Saint-Varent le 7 juillet 1817. C‘est le dernier mariage et la dernière naissance enregistrés.
Voici les couples en novembre 1815 :
Les derniers murmures des registres annoncent les décès :
le 6 mai 1816, Marie Magdelaine4, 51 ans, à Niort, le 21 mars 1828, Marie Jeanne6, 56 ans, au Bas-Mazière de la Boissière-Thouarsaise, le 28 octobre 1831, Marie1, 74 ans, à Billy de Maisontiers, le 13 mai 1835, Françoise2, 75 ans, à la Bourelière de Luché-Thouarsais, le 9 mai 1852, Françoise7, 76 ans, aux Brosses de Saint-Varent.
Marie Madeleine4 meurt à Niort cinq mois après son mari. Françoise2 est veuve depuis sept ans. Françoise7, la dernière des sept sœurs, s’éteint en 1852 à Saint-Varent, longtemps après son mari, dont l’acte de décès est rédigé en 1834 à Fontevrault.
________________________________
Les registres ont raconté la vie de ces sœurs, pendant près d’un siècle. Mais ils n’ont pas tout dit ! Les actes sont secs, ils indiquent les dates, les lieux, citent des personnes… Mais il reste tant de questions ! Pourquoi tant de pères absents ou « ne pouvant agir » à Louin ? Pourquoi des actes de catholicité à Boismé quand on habite les communes de Gourgé ou Louin ? Pourquoi l’éloignement des sœurs qui ont vécu si proches ! Pourquoi des actes de décès à Niort, à Fontevrault ?
Les registres n’ont rien dit des souffrances de Marie Magdelaine4, femme battue, dont la vie bascule une nouvelle fois, une nuit de décembre 1815. La Cour déclare que Magdelaine MIOT, « le 9/12 dernier vers 3 heures du matin, ayant été violemment menacée par le Sieur GAUFFRETEAU, son mari qui était rentré dans la nuit en état d’ivresse complète, et avoir attendu qu’il soit endormi, » pour « provoquer sa mort » … Le procureur du roi écrit : « Cette malheureuse femme a été poussée au désespoir par la mauvaise conduite et les mauvais traitements de son mari ». Mais la femme dépend de son mari. Rien ne la protège. Des hommes la jugent, ne lui accordent aucune circonstance atténuante. Marie Magdelaine4 est condamnée à mort le 14 mars 1816 et guillotinée le 6 mai 1816, à 10 h 30, sur la place de la Brèche à Niort.
Les registres n’ont rien dit non plus sur Françoise7.Elle est toute seule quand son mari Pierre DUBALLET est emprisonné à Fontevrault dans la « prison la plus dure de France, où un prisonnier sur sept a laissé sa vie ». Pierre DUBALLET « enfant trouvé sur le ballet de l’église de Saint-Jean-de-Thouars » sur son acte de baptême, est dit « Bâtard » sur son acte de décès transmis de Fontevrault à Saint-Varent. J’ignore l’objet de sa condamnation.
Alors, j‘imagine… J‘imagine ces sœurs, soumises, comme c’était la règle, à l’autorité du père, du mari, de l’église. Je les imagine dans toutes leurs tâches de femmes… Je les imagine désemparées par la mort de Marie Anne5 peut-être due à une grossesse ou un accouchement difficile. J’imagine Françoise2 près de Marie Magdelaine4 qui accouche avec un mari absent, et qui sera bientôt veuve… Je les imagine s‘entraidant encore et encore quand elles suivent en 1795 père et maris, tirant les enfants, portant les bébés, entre Verrines et Boismé en région insurgée. J‘imagine Marie Jeanne6 enceinte, désirant les suivre. J’imagine Françoise7 qui accueille Marie Jeanne6 avec ce bébé mourant. J’imagine Marie Jeanne6 qui divorce soutenue par les sœurs et beaux-frères. J’imagine la détresse de Marie Magdelaine4 face aux violences du mari. Et je les imagine face aux rouages de la justice…
_________________________________________________
Quand Jacques MIOT et Françoise RENAULT ont vu naître leurs filles à Verrines, auraient-ils pu imaginer ces vies ? Victimes des guerres de Vendée, de la violence et de la justice des hommes, quel courage ces sœurs, épouses et mères, ont-elles dû déployer ! Mais… quels furent réellement leurs choix ? Quand j’ai croisé Marie1 dans mon arbre, c’était « seulement » l’aînée d’une fratrie, prenant mon nom en se mariant, mère de neuf enfants, ayant vécu près de mon Ripère… et c’était déjà beaucoup !
La course en relais pour trouver son sosa 2020 deux-sévrien continue. Elle peut durer toute l’année. Aujourd’hui, après Geneviève Vallantin, c’est au tour de Mauricette Lesaint de reprendre le témoin pour nous raconter son aïeul. Elle s’est pliée avec plaisir à l’exercice du sosa 2020 et dit en avoir été récompensée. Voici le texte qu’elle nous a envoyé à l’adresse du blog genea79blog@laposte.net
Sosa 1 : Mauricette
Sosa 3 : Marie Madeleine PALLUAU x Maurice ROUSSEAU
Sosa 7 : Alma BARANGER x Alphonse PALLUAU
Sosa 15 : Marie Séraphine NEAU (1867-1942) x1888 Marie Pierre BARANGER, cultivateur
Sosa 31 : Adélaïde FAUCON (1838-1901) x1864 Louis Onésime NEAU, meunier
Sosa 63 : Marie Rosalie AUBOURG (1814-1862) x1833 Pierre FAUCON, meunier
Sosa 126 : Louis AUBOURG, bordier (1773-1847) x1813 Françoise RUSSEIL
Sosa 252 : Pierre AUBOURG, bordier (1752-1792) x1772 Marie Jeanne SOMOREAU
Sosa 505 : Marie GOULLARD (1722-1782) x1751 Louis AUBOURG, bordier
Sosa 1010 : Jacques GOULLARD, meunier (1675-1726) x1701 Marie AUBRY
Sosa 2020 : Mathurin GOULLARD (1638-1701) x1674 Louise RIDOUARD
Carte postale de Gourgé, source AD79
En remontant jusqu’à mon sosa 2020, de 1700 à 1900 se succèdent les bordiers et les meuniers. Goullard, Faucon et Neau sont trois familles de meuniers.
Mathurin GOULLARD est mon sosa 2020.
Sur son acte de baptême le 10 juin 1638 à Gourgé, il est le fils de Nicolas GOULLARD et Marie GALLY. Il est l’aîné de cinq frères et sœur.
Il s’est marié avec Honorée TETREAU. Ils ont eu une fille Jeanne. Puis veuf, il s’est remarié avec Louise RIDOUARD, mon aïeule, le 27 janvier 1688. Ils ont eu cinq fils, Jacques, Jean, Mathurin, Louis et René. Deux fils Jacques et René ont été meuniers. Il s’est éteint à 65 ans, le premier janvier 1701 à Gourgé. Il a passé toute sa vie à Gourgé de 1638 à 1701.
Je ne connais pas son métier, mais il signait. Il a signé sur les actes de mariages de sa fille et de ses fils. Son frère signait, ses fils aussi signaient.
Il a vécu sous le règne de Louis XIV. Entre 1683 et 1686, les Huguenots durent abjurer à Gourgé. Je reconnais sa signature sur une et seulement sur une des abjurations en 1685.
Voilà un aïeul surprenant… Où ces trouvailles peuvent-elles me conduire ?
Merci à Nat du blog « Parentajhe à moé » qui m’a fait découvrir ce registre avec son article Un prénom… parmi d’autres.
Pendant 6 mois, du 12 fructidor an II (29 août 1794) au 8 ventôse an III (26 février 1795), tous les enfants (20 filles et 10 garçons) qui naissent à Gourgé reçoivent un prénom issu du nouveau calendrier. Peut-être sommes nous dans une commune très républicaine. Nous sommes aux confins des zones menacées par les guerres de Vendée et certains hommes sont partis défendre la République. Mais peut-être aussi la pression sociale était-elle forte ou mal comprise, peut-être valait-il mieux s’afficher très républicain en choisissant parmi ces nouveaux prénoms pour les nouveaux-nés. Le plus étonnant est que ce phénomène semble très local car je ne retrouve rien de tel dans les communes voisines.
Pour les 3 premières naissances de cette période, on a donné comme prénom celui lié au jour de leur naissance : pour les 2 filles, on féminise le Fenouil du 12 fructidor et le Raisin du 1er vendémiaire en Fenouille et Raisine, et le garçon né le 14 vendémiaire se voit attribuer Réséda.
Par la suite, on laisse les familles choisir plus librement dans le calendrier républicain. Élément qui plaide pour une certaine pression sociale, les parents de filles se précipitent alors sur les prénoms compatibles avec l’ancien calendrier (Rose, Angélique, Véronique, Olive…) même si on trouve aussi une Immortelle et une Balsamine. Pour les garçons, on essaie d’éviter le pire (Bitume, Bouc ou Brocoli) mais il n’y a pas de prénoms équivalent à ceux en du calendrier chrétien. En lisant leurs prénoms, on a du coup plus l’impression de faire la cuisine (avec Tournesol, Laurier, Romarin, Sarrasin…) que de pouponner, surtout quand ou découvre qu’un des bébés se nomme ainsi Laurier Poirault !
Laurier…
…et Fenouil(le)
La liste complète (sauf erreur ou oubli) des enfants nés durant cette période à Gourgé est ci-dessous, classée par sexe et par ordre alphabétique de prénom.
20 filles :
– Angélique Arnault – Angélique Cornuault – Angélique Robin
– Balsamine Girard
– Fenouille Tessier
– Immortelle Guillot
– Olive Bichon – Olive Garreau – Olive Naulin
– Renée Raisine Noirault
– Rose Bébien – Rose Fouard – Rose Grellier – Rose Lamée – Rose Minot – Rose Poirault – Rose Roux – Rose Sabourault
– Véronique David – Véronique Fradin
Après le 8 ventôse an III, c’est le retour à la normale à Gourgé puisque naît le 13 ventôse une petite Jeanne. Et on retrouve ensuite les habituels Pierre, Jean, Marie ou Françoise ! Ceux qui furent affublés des prénoms les plus pittoresques durant ces 6 mois de l’an III en changèrent sans doute à l’âge adulte. Ainsi, Nat nous apprend que son ancêtre Laurier Poirault abandonna par la suite son révolutionnaire prénom pour celui très royal de Louis.