Marc Bouchet a déniché aux AD des Deux-Sèvres une lettre du curé de Neuvy-Bouin qui propose au préfet de Niort ses candidats aux mairies de Neuvy-Bouin et de Pougne-Hérisson. Il nous en donne la teneur ci-dessous.

Aujourd’hui, il nous paraît impensable qu’un membre du clergé local propose son propre candidat à la charge de maire.
Le 10 décembre 1825, l’abbé Montenard, curé de Neuvy-Bouin adresse une lettre au préfet. Avec beaucoup de précautions, il demande au préfet de ne pas le prendre pour « un homme inconstant et volage » faisant référence à un précédent courrier où il lui avait annoncé la mort du maire de la commune. Le maire décédé, François Chevallereau de la Guittardière, avait été enterré, le 21 octobre 1825 (Réf. Archives de catholicité). Le curé avait jugé « plus convenable de faire nommer l’un de ses enfants ». Mais il avait changé d’avis et demandait au préfet de suspendre son jugement. De plus, le prêtre avouait ignorer « que l’administration élisait de nouveaux maires pour cinq ans. »
« La capacité de monsieur Honoré Chevallereau, la crainte de mettre la discorde et la haine dans la paroisse et avec celui qui serait nommé maire » justifiait la proposition du curé de proposer Honoré Chevallereau. Mais une tierce personne, monsieur Hamer de la Sorinière qui tient le curé en estime et l’honore de son amitié lui a fait voir « tout le mal qui pourrait résulter de cette nomination pour la paroisse. » Monsieur Hamer a déjà écrit au préfet pour donner son opinion sur le dit Honoré Chevallereau. Et l’abbé Montenard a encore pris de nouveaux renseignements qui l’ont conforté dans son avis qu’il s’était laissé tromper par « trop d’amour pour la paix et la concorde. »
« C’est un impie et liberté fieffé. Il est de plus un mauvais exemple pour la commune », ajoute le curé. Et de préciser que si on le flatte un peu c’est parce qu’il a un peu l’air des grandes villes et de l’éducation. Et le curé, « dans l’intérêt de la religion et de la monarchie » par l’intermédiaire de monsieur Hamer, propose « Jean Grellier, propriétaire, honnête père de famille, jouissant à peu près de 4000 francs de rente, excellent sous tous les rapports. » Il demeure dans une propriété à la Vinière, près du bourg. Et le prêtre espère que le préfet voudra bien nommer le sieur Grellier à la place de sieur Chevallereau, « indigne de figurer » dans la mairie.
Puis, le curé s’intéresse au maire de Pougne-Hérisson, Grandjean qu’il souhaite voir remplacer par le nommé Jean Bluteau, boisselier, 55 ans, marié, demeurant dans le bourg de Pougne. C’est un bon royaliste et un homme qui a de la religion. « Il a déjà été maire avant Grandjean mais il a donné sa démission pour des raisons sans rapport avec l’opinion. » Les reproches faits à Grandjean, c’est qu’il est un homme plus que négligeant, il s’oppose souvent au bien de la paroisse. Plusieurs paroissiens sont venus demander au curé d’intervenir pour faire changer le maire. Une personne, non citée dans la lettre, avait acheté la cure de Pougne-Hérisson. Des habitants sont venus trouver cet acquéreur pour lui demander à l’acheter pour avoir un prêtre dans la paroisse. Le prix de vente proposé était de 4500 francs. Et le maire avait été au courant des intentions de l’acquéreur de vendre. Mais Grandjean s’est opposé à ce que la commune acquière la dite cure.
Et l’abbé Montenard de conclure sa lettre en affirmant qu’il croit « qu’un jour Chevallereau pourra quitter le pays. »
Réf. 11 F 64. Archives départementales 79.