Y comme Y a-t-il quelqu’un qui reconnaisse Monette ?

Un texte de Sylvie DEBORDE

Après son mariage, quand ma mère est venue habiter à la ferme de mes grands-parents paternels, elle a apporté quelques photos de son enfance à Faye-sur-Ardin. J’ai malheureusement attendu trop longtemps pour l’interroger sur ces visages inconnus, aujourd’hui sa mémoire est vacillante et elle est dans l’incapacité de retrouver les noms des témoins de son enfance.

Pourtant, quand nous lui rendons visite avec mon frère dans l’EHPAD où elle séjourne, nous feuilletons les albums photos et essayons de reconstruire avec elles quelques souvenirs.

Parmi ces photos, il y une série de clichés sur lesquels nous revenons régulièrement. Ils montrent à l’évidence une même famille mais impossible de savoir qui.

La première est un portrait réalisé dans un studio parisien.

Au dos figure l’inscription :

Monette 6 ans, le 6 avril 1943.

Puis est écrit :

À parrain, marraine et leurs enfants avec mes plus doux baisers.
Bien affectueusement de tout cœur, Suzanne, Robert et Monette.

Parrain, marraine et leurs enfants sont mes grands-parents Calixte Garnier et Céline Bouet et leurs enfants, ma mère Janine et son frère Jean.

Cette autre image a été prise en août 1938 lors de vacances chez mes grands-parents. À gauche, Monette est dans les bras de sa mère, à droite je reconnais ma mère enfant et ma grand-mère.

Quelques années plus tard, Monette a eu une petite sœur.

Enfin, je crois la reconnaître dans cette jeune femme élégante.

Ma mère se souvient de cette famille, sans pouvoir me les nommer.

Elle se rappelle que le couple vivait à Paris et venait en vacances à Faye-sur-Ardin. Elle pense que c’est Suzanne (la mère de Monette) qui était la filleule d’un de mes deux grands-parents.

Elle se souvient aussi que pendant la guerre, ses parents envoyaient des colis de nourriture à Paris. Mon frère aîné croit se rappeler avoir vu quand il était enfant cette famille parisienne, preuve que les liens se sont maintenus plusieurs années.

Avec toutes ces informations j’ai tenté de reconstituer le puzzle.

J’ai commencé par essayer de retrouver Suzanne. Elle a eu Monette en 1937, elle peut donc être née entre 1905 et 1922, elle semble jeune sur les photos. Mais, malgré de nombreuses recherches sur les Suzanne de Faye-sur-Ardin et des communes environnantes, aucune ne correspond. Je n’ai pas eu plus de succès en enquêtant sur celles qui se sont mariées avec un jeune homme prénommé Robert. Je pense donc que les parents de Suzanne vivaient déjà à Paris à sa naissance et que c’est là-bas qu’elle s’est mariée.

J’ai bien sûr prêté la plus grande attention aux patronymes des familles de mes grands-parents maternels : GARNIER, BOUET, BARBOT, BOUTIN, RICHARD, LAIDIN, FARAUD et RIVET, mais là encore rien de concluant.

J’ai finalement abandonné cette piste pour me tourner vers Monette.

Il s’agit sans doute un diminutif, celui de Monique ou de Simone peut-être. J’ai commencé par enquêter sur le studio parisien où a été réalisé son portrait, son nom figure au verso de la photo « Studio Gloria », mais il n’existe rien en ligne. J’ai poursuivi mes explorations sur Paris, parmi les naissances et les décès. J’ai fini par trouver une Monique Mouret, née le 6 avril 1937 à Paris 6^e, laquelle serait décédée le 2 juin 2012 toujours à Paris dans le 14^e arrondissement. Mais s’agit-il de ma Monette ? Je n’en suis pas sûre.

Ma mère et mon frère comptent sur moi pour démêler l’écheveau et le sujet revient dans nos conversations. Voilà pourquoi, j’ai eu envie d’écrire cette histoire pour le Challenge AZ, en me disant que peut-être quelqu’un reconnaîtrait Monette, Suzanne ou Robert et me contacterait.

Si c’était le cas, je serais très heureuse de découvrir qui ils sont et de pouvoir offrir ce cadeau à ma mère.