Résolution d’une partie de l’énigme (abréviations religieuses)

Une adhérente nous a interrogés sur des abréviations utilisées dans les actes de sépultures.

Nous avons relayé sa demande dans une publication du 1er août que vous prouvez trouver ici

Après quelques recherches, grâce aux aides de traduction latin-français et à l’aide du livre de l’Abbé Jean Henri Romain PROMPSAULT et de son livre de Grammaire latine de 1842, nous avons pu trouver explication.

Le bon point est attribué à Stéphane qui avait la bonne piste concernant la facturation et les prestations liées aux sépultures. Un bon point est également attribué à Marie Isabelle qui avait la trace du mot pecunia pour le P (d’où le mot pécuniaire en français).

En effet il faut distinguer la première partie de l’abréviation commençant par un D qui concerne la messe de l’autre partie quand elle est présente commençant par M pour la tombe.

Voici donc le résultat (si vous avez des précisions de latinistes supplémentaires à apporter, n’hésitez pas car je n’ai pas la science infuse dans ce domaine) :

Messe :

DG (Dedit gratis) : donnée gratuitement

DP (De pecunia) : payée

DSP (De sua pecunia) : « payée » de son argent

Tombe

M (Monumentum) : Monument

MP (Monumentum posuit) : A érigé un monument

MSP (Monumentum sua pecunia) (Monument de son propre argent)

Après différentes combinaisons sont possibles : messe gratuite – monument payé etc.

Si vous croisez d’autres mentions de ce type, je vous invite à cliquer sur le lien du livre de grammaire latine car il existe d’autres mentions plus précises que celles croisées dans les registres deux-sévriens.

Deux énigmes à résoudre

Chantal, une toute nouvelle adhérente, nous a envoyé cette question :
Sur les registres paroissiaux de Fenioux, sur l’acte d’inhumation de mon aïeul Neau Pierre le 28 septembre 1746 (BMS 1722-1750 vue 202) apparaissent les initiales d.s.p. ; sur celui de sa femme le 4 juillet 1755 (BMS 1751-1774 vue 58) les initiales d.g.m.s.p et pour ceux que je pense être deux de leurs enfants (c’est juste une liste d’enfants décédés sans aucun prénom) les initiales d.p (BMS 1722-1750 vues 37 et 38). Sauriez-vous me dire ce qu’indiquent ces initiales ?

En vérifiant les registres de Fenioux, nous avons remarqué que, à partir de 1707, les curés de cette paroisse (Boutheron, puis Chappellain) utilisent systématiquement en marge des actes de sépulture ces abréviations (dsp, dgmsp, dp donc, mais aussi d, dg, dgm, dgmp et peut-être d’autres encore). Le curé Chappellain « muté » en 1764 à La Chapelle-Thireuil continua de les utiliser, ce qui semble indiquer que ces abréviations n’ont pas un sens lié uniquement à Fenioux. Saurez-vous résoudre cette énigme ? Xavier pense à des formules latines (comme de profondis et d’autres variantes). Pourquoi pas mais quelles variantes alors ? Monique a espéré que dp voudrait dire décès avec postérité et dsp décès sans postérité mais plusieurs exemples montrent que ça ne colle pas. Stéphane se demande s’il ne s’agit pas d’une indication des prestations et tarifs appliqués selon un code propre au curé (g = gratis ?).

En cherchant à élucider ce mystère, il s’en est ajouté un deuxième. Lors des sépultures de nouveaux-nés, à partir de 1756, le curé Chappellain utilise souvent une sorte de croix celtique en 1, 2, 3 ou 4 exemplaires. Nous savions déjà que Chappellain aimait gribouiller (voir l’article Fantaisies à Fenioux). Cette découverte nous permet d’enrichir l’onglet Dessins dans les registres de ce blog. Quel peut être le sens de ce dessin ? Il m’évoque la fusion des symboles naissance (petit rond) et décès (petite croix) que nous utilisons aujourd’hui comme abréviation en généalogie. Si la croix était sans doute depuis longtemps associée aux décès, le rond pouvait-il être le symbole d’une naissance au XVIIIe siècle ? Et pourquoi ce signe est parfois reproduit plusieurs fois ?

Si vous savez répondre à l’une ou l’autre de ces interrogations (celle de Chantal et la nôtre), vous pouvez nous laisser un commentaire sur notre blog, notre page Facebook ou notre mail genea79@orange.fr

Merci d’avance !

L’oiseau pleureur de Boussais

Le « dessin dans les registres » d’aujourd’hui se cache dans la superbe page de garde du « registre des baptesmes, mariages et sépultures pour la paroisse de Boussay (Boussais aujourd’hui) comencé le premier janvier 1670″. Les lettres sont ornementées de boucles, d’arabesques, de pleins et de déliés…

Et quand on zoome sur la droite au milieu de la page, les volutes qui terminent le nom de la paroisse s’envolent pour former le dessin d’un oiseau 🐦qui semble pleurer 😭.

C’est malheureusement la seule page du registre où le calligraphe inspiré (peut-être Mériaudeau, le prêtre vicaire de la paroisse qui a une plutôt belle écriture) nous montre l’étendue de tout son talent.

Les monogrammes du Chillou

Nos adhérents sont formidables ! Mauricette Lesaint a pris l’excellente habitude quand elle fait des recherches de relever les actes originaux, insolites, surprenants. Merci à elle. Elle nous a envoyé récemment une liste conséquente qui enrichira bientôt sur notre site le document compilant les curiosités des registres des Deux-Sèvres.

En attendant, je partage une de ses découvertes, le début du registre des baptêmes du Chillou (1619-1667 aux vues 3 et 4/81. Alexis Cailleteau, curé de la paroisse, s’est appliqué a rédiger de sa plus belle écriture deux pages de garde. Après, ça se gâte un peu, mais c’est une autre histoire.

Les monogrammes (lettres entremêlées) joliment décorés rejoignent les autres dessins trouvés dans les registres des Deux-Sèvres.

Monogramme d’Ave Maria
Monogramme de Jésus abrégé IHS

Monogramme du curé Alexis Cailleteau
Monogramme de Jésus abrégé IHS
Monogramme d’Ave Maria

Si, comme Mauricette, vous rencontrez au hasard de vos recherches des actes insolites, amusants, inattendus, tragiques… n’hésitez pas à nous les communiquer pour que nous puissions les partager avec les adhérents !

Les pattes du chat

Dans la catégorie « dessins dans les registres », celui du jour est dû à un chat.

à Saint-Maurice-la-Fougereuse en l’an V de la République (vers 1796), un matou mérite bien son surnom de « greffier »puisque ce sont ses empreintes qui se retrouvent sur la page de garde du registre des décès (vue 2/14).

Dessin enfantin à Notre-Dame de Niort

Il y avait bien longtemps que nous n’avions pas publié de dessin caché dans les registres. Je pensais même que le filon était tari et que nous n’en trouverions plus. C’était sans compter sur la sagacité de Monique qui a découvert ce très joli dessin dans le registre des sépultures de l’année 1752 de la paroisse Notre-Dame de Niort (vue 17/17). Je trouve même que le visage du personnage semble préfigurer certaines œuvres de Pablo Picasso.

Représente-t-il un noble seigneur avec son épée et sa perruque ? A-t-il été réalisé par un enfant de chœur ? Est-il contemporain de l’année 1752 ? Autant de questions qui n’ont pas de réponses. Reste le plaisir de découvrir un dessin d’enfant qui a miraculeusement traversé les siècles.

Fantaisies à Fenioux

Quand Jean Chappellain conclut sa première année d’exercice de curé de la paroisse de Fenioux en 1732, il est plutôt satisfait de la tenue de son registre.

Il éprouve ce plaisir du travail bien fait chaque fin d’année à Fenioux jusqu’en 1764, puis à La Chapelle-Thireuil. Il ne manque jamais rien ! Et pour bien le signifier, il accompagne presque à chaque fois sa conclusion d’ornements et de décors.

C’est sans doute pour l’année 1742 qu’il s’est le plus appliqué à décorer son registre. Il prend alors sa règle pour encadrer d’un triangle ses illustrations, ce qui donne un dessin plutôt troublant.

Jean Chappellain œuvre longtemps puisqu’il décède à La Chapelle-Thireuil le 1er septembre 1780 à l’âge vénérable de 84 ans. Vous pourrez donc trouver un nombre conséquent de fantaisies de ce curé si vous feuilletez les registres de Fenioux et de La Chapelle-Thireuil.

Les timbres des tables décennales d’Adilly

Dans la série les dessins dans les registres, il en est certains qui se trouvent très facilement, ce sont ceux des timbres dans les registres d’état civil ou paroissiaux et aussi sur les tables décennales. La preuve avec celles de la petite commune d’Adilly en Gâtine où j’ai fait cette petite sélection. Les 56 pages des tables qui vont de 1803 à 1892 sont très souvent tamponnées. En y regardant de plus près, on se rend compte qu’il a fallu changer régulièrement les timbres, suite aux nombreux changements de régime (république, royauté, empire…) mais que l’inspiration antique pour les illustrations prédomine tout au long du XIXe siècle. Ces papiers timbrés n’étaient pas là uniquement pour faire joli, ils avaient un coût pour servir à enregistrer des actes authentiques (état civil, notaires). On voit donc également évoluer le prix au fil des pages. On trouve enfin régulièrement le sobre tampon ovale des Archives départementales des Deux-Sèvres attestant que ce document est une propriété publique.

Ma recherche limitée à une seule table décennale sur une seule commune est bien loin d’être exhaustive. Il existe des marques différentes à découvrir et à collectionner en cherchant dans les registres de vos communes préférées.

Caricature à Notre-Dame de Niort

Dans la série « les dessins dans les registres », l’illustration proposée aujourd’hui montre que la caricature ne date pas d’aujourd’hui et qu’un bon dessin vaut parfois mieux qu’un long discours. Celui-ci a été évoqué il y a déjà quelques années par Marguerite Morisson. Elle en parlait ainsi dans une revue Généa79 de 2001.

12_6_NIORT ND 1696-1697 87
Source AD79, Niort, paroisse de Notre-Dame BMS 1696-1697, vue 87

Voici un dessin trouvé à la fin du registre de Notre-Dame de Niort en 1697. Selon les apparences, il est d’époque. Personnellement, j’y vois un prêtre, dont la bedaine rebondie ne laisse planer aucun doute sur ses penchants pour les nourritures terrestres et qui se fait rappeler à l’ordre par un personnage à la mine beaucoup plus sévère. Ce dernier semble lui dire qu’il n’a pas choisi le bon chemin pour aller au ciel, ou encore, le menace des foudres divines pour ses éventuels écarts de conduite. Le mieux serait de pouvoir identifier ce dessin et ces personnages. La signature n’est pas celle du prêtre officiant à ce moment-là à Notre-Dame.

Graffiti pornographique à Saint-Pardoux

Dans la série « les dessins trouvés dans les archives », après les bannières de Melle, les croquis de La Ferrière et les smileys de La Charrière, voici aujourd’hui le graffiti. Et pas n’importe lequel, celui à connotation érotique. Les dessins de phallus ne datent pas d’aujourd’hui. Symboles de virilité et de fécondité durant l’Antiquité, ils sont au cours des siècles perçus comme obscènes. On les retrouve donc tracés à la sauvette dans des endroits souvent dissimulés. Les archives départementales ne sont pas épargnées. Qui s’est permis de faire un tel dessin sur la 1re page du registre des décès de Saint-Pardoux de l’an XI (1802) ? Est-ce un édile facétieux, un adjoint libidineux… ? Et quand ce dessin a-t-il été réalisé ? Si vous voulez mener votre enquête et juger la valeur artistique de l’œuvre, il vous faudra cliquer sur la photo ci-dessous.

Mais, bien sûr, vous n’êtes pas obligé de le faire ! (source AD79)