Nos recherches sur notre site

Les étrennes continuent pour les adhérents du Cercle généalogique des Deux-Sèvres. Après avoir ouvert pour eux une bibliothèque virtuelle dédiée à des documents à intérêt généalogique trouvés sur le web, nous avons créé un nouvel onglet que seuls les adhérents peuvent consulter. Intitulé Nos recherches, il contient des travaux de dépouillements ou d’investigation que nous avons menés et qui ne peuvent pas être intégrés à la base de données.

Pour débuter, nous avons mis à leur disposition :
– la liste des pionniers des Deux-Sèvres partis au Québec (obligeamment offerte par Marguerite Morisson) classée par patronymes et par lieux de départ
– une liste dressée sous la Restauration de veuves de notre département suite aux guerres de Vendée
– la transcription (par Serge Jardin) de différentes notes de curés (qui auraient pu être journalistes) de la paroisse de Lageon.

état nominatif de 375 veuves…

Comme pour la bibliothèque, cet onglet est appelé à s’enrichir. Pour le découvrir, cliquez sur Histoire, puis sur Nos recherches ou suivez le lien !

La bibliothèque virtuelle du petit généalogiste des Deux-Sèvres

Pour remercier nos adhérents de leur fidélité, nous avons décidé de leur proposer une bibliothèque généalogique facilement accessible grâce à des hyperliens. Celle-ci se compose pour le moment d’ouvrages de référence concernant les Deux-Sèvres (le Dupin, le Bélisaire Ledain, le Beauchet-Filleau, le d’Hozier) ainsi que des cartes de Cassini couvrant notre département. Elle devrait s’enrichir de nos trouvailles et peut-être aussi de vos suggestions.

Ces livres sont rangés sur notre site au même endroit que notre revue Généa79 (juste en dessous). Pour les découvrir, il vous suffit de cliquer sur l’onglet rebaptisé Revue et bibliothèque accessible aux seuls adhérents.

Reconstitution de l’état civil disparu

Bonne nouvelle pour tous ceux qui avaient l’habitude de consulter les registres de reconstitution de l’état civil disparu. Ils n’étaient plus accessibles depuis la fusion des AD des Deux-Sèvres avec celles de la Vienne. Ils sont maintenant revenus !

Ces registres ont leur importance car ils permettent de retrouver quelques actes précieux de naissance, mariage ou décès, disparus pendant la période révolutionnaire dans le nord du département suite aux guerres de Vendée. Une tentative de reconstitution des naissances mariages et décès disparus avait été faite vers 1816 à partir des déclarations des habitants des communes concernées. Comme il s’agit de témoignages tardifs, plus de 20 ans s’étant écoulés, il faut rester vigilant et parfois se méfier.

En tout cas, cela valait le coup d’attendre car les AD nous ont fait un beau cadeau. Désormais la recherche ne se fait plus par chef-lieu de canton mais par commune. La consultation est donc bien plus aisée. Il suffit maintenant de se rendre dans la commune qui vous intéresse (La Coudre, dans l’exemple que j’ai choisi) et de choisir dans type de registre « reconstitution état civil disparu ».

Bonnes recherches !

La peste à Availles-Thouarsais en 1631

Vue 6/79

Bonne résolution avant l’heure, j’ai entrepris de dépouiller pour le Cercle généalogique des Deux-Sèvres à la fin de l’année 2020 un registre de la paroisse Saint-Hilaire d’Availles-Thouarsais allant de 1631 à 1652. Il s’agit en fait d’un tapuscrit. Le registre original a disparu mais il existait encore assez récemment puisqu’il a été dactylographié. Dommage qu’il soit aujourd’hui égaré ou perdu et merci quand même à celui qui l’a quelque part sauvé puisque je n’ai pas eu à faire de paléographie.

Ce document est très riche pour plusieurs raisons, j’y reviendrai sans doute. Le plus intéressant et le plus saisissant, au vu de la période actuelle, c’est qu’il rend compte des conséquences d’une pandémie dans une petite paroisse du Poitou. En 1631, la peste fait des ravages. Le curé Mathurin Baudouin en rend compte dans ses papiers, baptistoires, mortuages, fiançailles et mariages. Il a relevé 112 décès cette année-là, peut-être même plus car il est possible qu’il manque les premiers jours de janvier. J’ai recopié ci-dessous les écrits du curé, une longue liste de défunts précédée de considérations du prêtre. Pour des raisons de lisibilité, j’ai adapté l’orthographe et enlevé les formules répétitives ou rituelles. Voilà ce qui arrivait autrefois en cas d’épidémie dans un village où, les années « normales », on ne dénombrait qu’entre 2 et 10 décès. C’est tout simplement sidérant : toutes les catégories sociales étaient touchées, des familles étaient décimées, des enterrements se déroulaient en toute hâte hors des cimetières, les tentatives de fuite devant la contagion se révélaient vaines…
Cette longue retranscription n’a pas pour finalité d’inquiéter mais de participer au travail de mémoire sur la vie (et la mort) de nos ancêtres. Si en plus elle pouvait un peu aider à relativiser la situation vécue en 2020 et rappeler à la vigilance pour 2021, ce serait tant mieux.

Pieter Brueghel l’Ancien : Le triomphe de la mort (détail)

Papiers, baptistoires, mortuages, fiançailles et mariages faits par moi Mathurin BAUDOUIN, curé et recteur de l’église et paroisse de Saint-Hilaire d’Availles-sur-Thouet, advenu en l’année mil six cent et trente et un. Où la contagion et la peste furent si fortes et si véhémentes dans le bourg et paroisse du dit Availles pour cause et raison de la famine qui était partout pays Poitou et Anjou et Bretagne, la plupart des populations moururent de faim à cause de la grande disette qui arriva en l’année mil six cent trente et un et qu’il ne cueillit et amassa fort peu de blé en ladite année et la plupart n’eurent pas la semence qu’ils avaient semée parmi les champs. Le boisseau de froment valait soixante sols voire quatre livres mesure de Saint-Jouin-de-Marnes, l’autre blé ou prorata de froment et que le dit peuple n’en pouvait avoir pour son argent à cause de la dite disette et que plus de la troisième partie allèrent mendier et chercher leur pain et furent contraints de quitter, de laisser et d’abandonner tous leurs biens maisons, meubles et guenilles dans le dit Poitou et s’en allèrent ès provinces de Bretagne, Limousin ou autres, pour mendier et chercher leur pauvre et misérable vie en ce monde comme au moyen de ce la contagion fut si grande et si violente dans le dit bourg et paroisse d’Availles et autres paroisses circonvoisines.
Laquelle commença le cinquième jour de janvier 1631 et finit le sixième jour d’octobre par Barnabée GUILLARD femme et épouse de feu Mathurin ROCQUET comme vous pourvoir ci-dessous les défunts qui sont morts de la contagion de la peste ce que je certifie être véritable à qui il appartiendra. Témoin mon seing manuel mis et apposé au cinquième jour de l’année mil six cent trente et un.

JANVIER
Le 25 janvier, un enfant, fils de Pierre SAUTREAU et Joseliette PAINCT.

MARS
Le 1er mars, une fille d’Antoine DUSAUL et Renée BUORT
le 14, un autre enfant dudit DUSSAULE et de la dite BUORT
le même jour, un fils de Jacques COLLON et Renée POYRRAULT
le 18, Pierre BONNET, fils de Mathurin BONNET et Marie BERTILLOT
le 20, un enfant à Jacques COLLON et Renée POYRRAULT
le 23, François BUORT âgé de 80 ans
le 25, Généroux MOREAU âgé de 85 ans
le 26, Renée BUORT, femme d’Antoine DUSSAULE
le même jour, Andrée JALLET, femme de Mathurin PASSEBON
le 28, Mathieu PASSEBON, mari de la dite JALLET
le 29, un autre enfant dudit Mathieu PASSEBON et de ladite Andrée JALLET.

AVRIL
Le 1er avril, Nicole, fille dudit feu Mathurin PASSEBON et Andrée JALLET
le 5, Marie fille de Jacques COLLON et Renée POYRRAULT
le 8, Laurence ROCQUET, fille de Gabriel ROCQUET et Barnabée SIBON
le 9, Marie fille de Jacques COLLON et Renée POYRRAULT
le même jour, Jehanne fille de Pierre COLLON et Perrine DOUBLET
le 10, Pierre BOUREAU
le 12 François LIMOUSIN maçon et tailleur de pierre venu du Limousin
le même jour, Jehanne fille de Claude COLLON et Marie MIRAMBEAU
le 13, Jehan, fils de Guy HULLIN et de Jehanne NORMAND
le 14, Nicole DAULMIE, la femme à Antoine LIMOUSIN
le 15, Pierre ROCQUET
le 16, Jacquette POUGNANT, femme de maître Antoine BONNET, sergent de Thouars
le même jour, Marie, fille de Paulin PIET
le 17, une autre fille dudit Paul PIET
le 18, Antoine LIMOUSIN âgé de 60 ans
le même jour, Hilaire LIMOUSIN, fille du dit Antoine LIMOUSIN et de Nicole DAULMIE
le même jour, une fille de chez défunt Gabriel ROCQUET, nièce de sa femme
le 19, un autre enfant de feu ROCQUET
le 24, Jehanne, fille de Jehan CHAMEAU et de Jehanne COIX
le 25, Hilaire FAUREAU
le même jour, une des filles d’André BILLAUD
le 24, Mathurine VIVON, femme du grand Paul PIET enterrée par son mari dans la maison de Mr PILLAULT de Parthenay
le 26, une fille qui était boîteuse de feu Guy HULLIN et Jehanne NORMAND
le 27, Paul PIET
le même jour, une de ses filles
le 28, Georges BADOUX âgé de 25 ans, meunier
le même jour Joachim, fils de feu Guy HULLIN et Jehanne NORMAND
le 29, Bartholomé fils de René PROUST et Laurence ANGIBAULT
le même jour, Marie POYRRAULT veuve de feu Jehan VIVON.

MAI
Le 2 mai, Mathurine DRILLON, femme de Laurent SUREAU
le même jour, la fille de la bonne femme BRILLETTE
le 4, Laurence ANGIBAULT, femme de René PROUST qui était partie demeurer au Patalière, paroisse de Saint-Hilaire de Borcq
le 5, le petit fils de Noël BOUREAU et de Jacquette AUBRI
le 6, Françoise GROLLEAU épouse de Pierre BOUREAU
le 7, Jehan fils de Guy HULLIN et Jehanne NORMAND
le même jour le fils de la VIVONNE, Louis Vivon, fils de Jehan Vivon et Marie POYRRAULT
le 7, le fils de ROUGIER
le 12, Gabrielle, la fille de la VIVONNE
le 13, Hilaire, fils de Laurent FAUREAU l’aîné
le même jour, le fils de la veuve DOUBLET
le 15, Nicole BOUREAU, fille de Pierre BOUREAU et Françoise GROLLEAU
le même jour, un des enfants d’André PILLAUT
le 16, la DOUBLETTE nommée Andrée MESTAYER
le 21, Laurent DOUBLET
le même jour Denis SUCHET, boiteux. Son corps a été posé dans un jardin contre un pommier du village du Poirré
le même jour, la bonne femme VISIELLETTE
le 25, Bartholomé, un enfant DOUBLET
le 28, Jacques COLLON,.Son corps est mis dans son jardin
le 29, la fille à Nicolas CHAMEAU et Mathurine CLABA, métayers de Mr Pillault demeurant à Parthenay
le 30, Oliva DOUBLET, femme de Guillaume BOURREAU
le même jour, Jehanne, la fille à Mathurin BONNET et Marie BATILLON
le 31, la femme dudit Nicolas CHAMEAU
le même jour, la fille à maître Antoine BONNET sergent de Thouars
le même jour, Pierre BONNET fils de Mathurin BONNET et marie BATILLON
le même jour, Louis HULLIN, fils de feu Guy HULLIN et Jehanne NORMAND
le même jour Pierre FÉBUIR, fils de Louis FÉBUIR et marguerite HARDY.

JUIN
Le 9 juin, Mathurin DESGRIET
le même jour, une des filles d’Hilaire MAUNX
le 12 Bartholomé PASSEBON
le 14 un petit enfant naissant du ventre de sa mère qui était à Noël BOUREAU et Jacquette AUBAT
le 15, Jacquette AUBAT, femme de Noël BOUREAU
le 18, Hilaire MARNU
le 20, un enfant de René PROUST et Laurence ANGIBAULT
le même jour, un enfant du dit MAONX
le 22, Nicole, fille de Pierre BOUREAU et Françoise GROLLEAU
le 23, une fille de chez Jacques POYRRAULT
le même jour, une fille de François PROUST et Catherine BENESTREAU
le 26, René PROUST, qui était venu des Patelières de Borcq
le même jour, Laurence DOUBLET
le 27, un des enfants de feu Laurent SUIREAU et Renée BOUIZE
le même jour, un enfant de la veuve SUIREAU venue de la Rochonnerie, paroisse Saint-Pierre d’Airvault
le 28, un des enfants de ladite veuve SUIREAU
le 30, un enfant de ladite veuve SUIREAU.

JUILLET
Le 3 juillet, Françoise BOUTAULT, femme de Jehan COUGNY
le même jour, un pauvre passant, mendiant et cherchant sa vie en-dessous du château de Puyogier enterré sur le lieu
le 2, un des enfants de François PROUST et Catherine BENESTREAU
le 3, une des filles de Jehan COUGNY
le 4, un des enfants de Jehan FAUDREAU et Marie COLLON
le 5, un des enfants de FAUDREAU
le 10, un des enfants de la veuve SUIREAU
le même jour, un des enfants de Jehan COUGNY
le même jour, un des enfants de jacques COLLON et marie POYRRAULT
le 11, Jehan COUGNY
le 12, Jean BADOUX, meunier
le même jour, un des enfants de Jehan FAUDREAU
le 17, Thomasse BAILLOU, femme de Jacques BENESTREAU
le 18, un des enfants de Mathurin DESGRINS et Marguerite FUSELIER
le 23, Jean FAUDREAU
le 26, Jacques BENESTREAU
le même jour, un des enfants dudit feu BENESTREAU
le 28, un des enfants dudit feu BENESTREAU
le 30, Mathurine ANGIBAULT femme de Thomas PROUST
le même jour, François BADOUX, fils de Christophe BADOUX métayer.

AOÛT
Le 2 août, Mathurin CORPS qui était aller demeurer à Riblière paroisse de Saint-Varent à cause de la contagion qui était si forte et véhémente dans la paroisse d’Availles
le 4, Louis LAUREAU fils de Nicolas LAUREAU et Marie POYRRAULT, gendre de Madeleine HOBBÉE
le 12, un des enfants de Thomas PROUST et Renée POYRRAULT
le même jour, Jehanne fille de Martin MIRAMBEAU
le même jour, la servante de Laurent FAUREAU venue d’Airvault, surprise par le mal à Availles. Contrainte de s’en aller à Airvault croyant que ses parents et amis la retireraient ce qu’ils ne voulurent jamais. Elle coucha 2 nuits dans les douves d’Airvault où elle trépassa.

SEPTEMBRE
Le 28 septembre, Georges ROCQUET fils de feu Mathurin ROCQUET et Barnabée GUILLARD.

OCTOBRE
Le 10 octobre, Barnabée GUILLARD veuve de feu Mathurin ROCQUET. Elle est morte de la contagion, a été la dernière.


Après cette longue liste mortuaire et au vu des circonstances actuelles, conclure par le traditionnel « Bonne année et bonne santé » peut paraître inadapté.
Pour 2021, ce sera donc un peu plus long : « Bonne année et soyez prudents pour préserver votre santé et celle des autres ! »