Je retransmets ce texte envoyé par le Pôle rural de la MRSH de l’Université de Caen. Il explique le travail mené depuis 15 ans sur les rapports entre l’homme et le loup. J’ai déjà un peu évoqué leurs recherches dans deux article sur ce blog (Le loup et l’homme – Loups meurtriers dans les Deux-Sèvres.) Il s’agit d’un appel à tous les généalogistes qui pourraient apporter leur aide pour poursuivre cette recherche.
Nos ancêtres et le loup
Le point sur une enquête nationale qui associe histoire et généalogie
Jean-Marc Moriceau et Jacques-Marie Maîtrepierre
Depuis quinze ans nous arpentons les archives de nombreux départements de la France continentale pour traquer les relations entre l’homme et le loup. Immense, la collecte a donné déjà de nombreux résultats, jalonnés par des manifestations scientifiques et des publications (notamment L’histoire du méchant loup, chez Fayard en 2007, L’Homme contre le loup, en 2012 et Vivre ensemble avec le loup ?, Tallandier, 2014). L’ampleur des résultats a été si grande qu’elle a suscité la création d’un site internet, à caractère participatif, et qui reste à ce jour unique en Europe : Homme et loup : 2000 ans d’histoire. Vous êtes plusieurs milliers à vous y être déjà connectés et c’est en partie grâce à vous que le site s’est enrichi, en dehors de nos propres recherches historiques. Régulièrement enrichi et mis à jour, n’hésitez pas à venir le consulter.
Associés à cette enquête depuis le début (« Généalogie et histoire : quand les loups attaquaient l’homme », Revue française de généalogie n°151, avril-mai 2004, les généalogistes ont pu suivre les grandes étapes de l’évolution du site : l’arrivée des victimes des loups prédateurs en avril 2014 ; celle des loups enragés en 2015 ; la première tranche des primes de chasse au loup en 2016. À chaque fois, le site rend publiques les bases de données des personnes et des lieux concernés (communes et départements) par ces épisodes toujours tragiques pour l’un ou l’autre des partenaires. À ce jour, pas moins de 2300 communes sur plus de 80 départements, de 5000 primes de chasse, de 2000 victimes de loups enragés (qui ont laissé de nombreux descendants), et de 3000 victimes de loups prédateurs (souvent de jeunes enfants mais dont la disparition a marqué l’histoire familiale) ont été retrouvés. Les transcriptions des actes ont été réalisées et une cartographie automatique localise les séries d’attaques de loup et les campagnes de destruction organisée par l’homme. Autant que possible nous avons cherché à identifier les victimes humaines ou les chasseurs de loup dans leur entourage familial, en recherchant notamment les professions ou les actes d’état civil. L’ancrage social des protagonistes, la localisation précises des événements dans le temps et dans l’espace, l’élargissement de l’information à un large éventail de sources disponibles (état civil, actes notariés, presse, rapports administratifs, expertises de médecine légale, etc.) nous intéressent directement.
Notre quête se poursuit et à cet égard, nous lançons à nouveau un appel aux généalogistes, essentiellement pour la période qui va de la fin du XVIe siècle au début du XXe siècle. Cet appel qui entend s’étendre de l’été 2017 au printemps 2018, porte sur trois directions :
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Pour certains départements, nos données semblent encore insuffisantes : Pyrénées-Atlantiques, Gers, Landes, Ariège, Pyrénées-Orientales, Gironde, Tarn, Tarn-et-Garonne, Lot…
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Dans vos recherches généalogiques avez-vous rencontré un ancêtre témoin, blessé ou décédé à cause d’une attaque loup, qui ne figure pas déjà dans le corpus de nos données ?
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Avez-vous conservé la mémoire orale ou des traces matérielles (restes osseux, peau, trophée, document) de certaines rencontres avec le loup (surtout pour le XIXe siècle) ?
Merci de communiquer vos informations (avec les références d’archives et éventuellement la numérisation des actes) à une des adresses suivantes :
jmaitrepierre@unicaen.fr
jean-marc.moriceau@unicaen.fr
Nous vous en remercions vivement.