L’épitaphe dans l’église de Saint-Maixent-de-Beugné

Pas de pierre tombale dans cette église dédiée à saint Maixent mais cette étonnante épitaphe en forme de poème rimé au-dessus des stalles du côté nord :

Plusieurs seigneurs de La Roussière
sont enterrez soubz ce tombeau,
entre autre un qui fut le flambeau
de moi, sa plus chère lumière.
Le ciel qui receut son esprit
m’a laissé ses os et sa cendre
et en son nom en mon âme escript
pour au repos ici les rendre.
Pour ce maintenant je lui fais
honneur que mon debvoir m’ordonne
celui qui m’a faict avoir paix
veut que par mon nom je la donne.
Jehanne de Pois

Le dictionnaire historique et généalogique des familles nobles du Poitou de Beauchet-Filleau nous apprend qui fut « le flambeau » de Jehanne de Pois, « sa plus chère lumière » :

Girard (Guy), chevalier, seigneur de la Roussière, Parthenay, Cuthepray, Marillet, Puy-de-Serre, etc., gouverneur des ville et château de Parthenay […] avait épousé le 11 janvier 1594 Jeanne de Poix, fille de Jean, écuyer, seigneur de Saint-Romans [lès-Melle], et de Marguerite Moreau. Guy mourut jeune, sa veuve lui fit faire une épitaphe touchante gravée sur une plaque de cuivre qui a été retrouvée à la Roussière.

C’est cette plaque qui se retrouve aujourd’hui dans l’église. La tombe de Guy Girard n’est donc sans doute pas dans l’église.

Le Beauchet-Filleau permet de remonter la généalogie de Guy Girard jusqu’au XIVe siècle. Son mariage avec Jeanne de Pois dura moins de 12 ans car il précise ensuite que, pour celle-ci, « cela ne l’empêcha pas de se remarier le 15 mai 1606 à Guillaume Fouquet, baron de Sainte-Suzanne et de la Varenne.« 

Ce dernier est également veuf. Le contrat du second mariage est en ligne sur Gallica dans le volume 147 du Cabinet de d’Hozier. Il commence ainsi : sur le traité et prolocution de mariage qui au plaisir de Dieu se fera de haut et puissant  Mre Guillaume Fouquet, baron de Sainte-Suzanne  et la Varenne, conseiller du roi en ses conseils d’État  et privé, chevalier de l’ordre du dit seigneur, gouverneur pour sa majesté de la ville et château d’Angers et général des postes de France, avec haute et puissante dame Jeanne de Poix, veuve de feu haut et puissant Mre Guy Girard, chevalier, gouverneur pour sa dite majesté de la ville et château de Parthenay, seigneur de la Roussière…

Source gallica.bnf.fr / BnF

Le même jour, Jeanne Girard, fille unique de la veuve Jeanne de Pois épouse René Fouquet, fils du veuf Guillaume Fouquet. Le remariage de Jeanne de Pois ressemble davantage à un arrangement financier qu’à un mariage d’amour vu la concomitance avec le mariage de leurs enfants ainsi que les sommes évoquées par le contrat de mariage. Il est vrai toutefois que ce type d’écrit ne pouvait avoir la même poésie que l’épitaphe consacrée à Guy Girard, premier mari et amour de jeunesse de Jeanne de Pois.

La seconde union dura 10 ans, Guillaume Fouquet décédant en son château de La Flèche en 1616. Quant à Jeanne de Pois, le Beauchet-Filleau écrit qu’elle serait morte en 1674 à Paris, ce qui me semble bien tardif, elle aurait été centenaire ou presque.

Images : fiche Parvis (PAtrimoine Religieux VIenne Deux-Sèvres) de l’église

3 commentaires sur « L’épitaphe dans l’église de Saint-Maixent-de-Beugné »

  1. Bonjour Raymond,
    Au cours de vos recherches, avez-vous trouvé des informations relatives aux tableaux du chemin de Croix situé dans l’église d’après Titien et La Vierge, l’enfant et saint Antoine de Padoue d’après Anthony van Dyck 1630 (conservé à Brera – Milan après avoir été échangé avec le Louvres). Je cherche les donateurs qui sont à l’origine du don, les identités du ou des peintre(s) de ces œuvres ? Merci pour cet excellent article.

    Aimé par 1 personne

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