Tombe dans les églises : Tombeau et légende de saint Fort de Tourtenay

Dans les églises, on trouve souvent des tombes de personnages importants d’une paroisse mais à Tourtenay, près de Thouars, se trouve non pas un reliquaire mais carrément la sépulture d’un saint.

En effet, Tourtenay a été marqué par un culte local, le culte de saint Fort. Ces saints locaux étaient des saints guérisseurs que les paroissiens allaient prier pour guérir. Mais parlons de la légende qui a conduit à l’installation de sa sépulture à Tourtenay.

Saint Fort était un abbé ou un moine de l’abbaye d’Ension (ancien nom de Saint-Jouin-de-Marnes, entre Thouars et Poitiers) ou de Bourgueil vers l’an 1000. Venu demander l’hospitalité et évangéliser la région, il s’installa quelques temps à Tourtenay où il mourut. Pour le rapatrier dans son lieu d’origine, on attela des bœufs qui se mirent en route de la cure de Tourtenay mais au lieu aujourd’hui désigné sous le nom de « Croix des Forts », le convoi s’arrêta net, et l’attelage refusa d’avancer. On fit venir d’autres bœufs, et même chose, le convoi n’a jamais pu quitter Tourtenay. On y vit un signe et saint Fort fut inhumé à Tourtenay avec reliques comme sa crosse.

Le culte de saint Fort de Tourtenay était consacré aux enfants malades, un bas-relief au niveau de l’autel rappelle cette vocation. Une procession était organisée chaque 17 février et partait de l’église de Tourtenay jusqu’au lieu de la Croix des Forts. Cette procession perdura jusque dans les années 1950-1960 et consistait en un pèlerinage où étaient portés des étendards et chaque personne portait un morceau de dentelle noire en revers de veste, le tout mêlé de chants et de prières. Le témoignage de Mme PICHOT, native du village, nous indique que des gens sont venus prier saint Fort jusqu’à quelques temps avant l’épidémie de coronavirus et la fermeture de l’église inaccessible aujourd’hui car dangereuse d’un point de vue structurel.

Une enquête paroissiale de 1730 nous rapporte quelques miracles attribués à saint Fort, 2 exemples :

« Un nommé René MARTIN nous a déclaré qu’il y a environ 20 ans, un jeune garçon de 15-16 ans, estropié et marchant avec des béquilles, ayant entendu la Sainte Messe, sortit sans aucun secours et s’en retourna dans sa maison »

« Marie RICHOU, agée de 60 ans, dudit lieu de Tourtenay, nous a déclaré qu’il y a environ 25 ans qu’une fille de 7-8 ans, appelée Marie THIBAUDELLE après avoir fait ses dévotions à saint Fort dans l’église de Tourtenay avec ses parents fut ensuite dans un mannequin dans lequel elle avait été apportée tout en chemin au lieu appelé la Croix de Saint Fort tout près […] Cette fille demanda qu’on la descendit et qu’elle se sentait bien et elle qui n’avait jusque là point marché et tenait cette infirmité de naissance se trouva guérie et marcha librement sans aucun secours. »

Aujourd’hui à Tourtenay, en plus du tombeau dont la chasse rénovée fut offerte par les habitants de la paroisse de Ceaux-en-Loudun, reste un morceau de crosse épiscopale et les étendards de pèlerinage.

J’aimerais attirer l’attention des lecteurs car l’église de Tourtenay riche de son patrimoine conséquent et classée inventaire supplémentaire des Monuments Historiques, est fermée au public pour des raisons de structure et les réparations se chiffrent à une somme beaucoup trop importante pour un village de 150 habitants (plus d’un million d’euros). Les services patrimoniaux de la région et de l’État sont déjà sensibilisés à ce problème mais si jamais vous avez le moyen d’aider la commune de Tourtenay, n’hésitez pas.

La Croix des Forts se situe en limite des communes de Tourtenay et Saint-Martin-de-Mâcon : voir sur le cadastre napoléonien au nord de la carte de la section de GrandHomme de Saint-Martin-de-Mâcon (en dessous du Y de « Tourtenay »)

Laisser un commentaire