G comme Guste, ce cher grand-père

Un texte de Ginette SAVARIAUX

Pépé Guste, nous l’appelions ainsi !

Cette photo au vu de l’âge de mes sœurs et de mon frère a dû être prise lors de ma naissance.
J’aime à penser que mon grand-père était venu à pied ou en carriole, seul ou avec ma grand-mère Eva, venant du village de La Couarde jusqu’à l’Hermitain afin de voir le beau bébé que j’étais !
J’aurais pu naître à La Couarde car mes parents étaient, ce jour du 18 octobre, en train d’aider à faire la cuisine au cochon !
C’est un voisin, Guy DANIAUD qui possédant un appareil photo avait immortalisé ce moment. 
Les souvenirs de mon pépé se fixent à partir de cette photo et plus tard lorsque j’étais à l’école communale de La Couarde et que je dormais chez eux en semaine, je le voyais l’hiver au coin du feu de la grande cheminée de la pièce à vivre, se chauffer en fumant sa pipe dont j’aimais l’odeur qui se diffusait dans la pièce, se mélangeant avec celle de l’encaustique des meubles de l’époque. Il prenait son tabac dans un blague prévu à cet effet et le voyant ainsi, paisible, je devais penser que toutes ses journées se passaient ainsi !

Son vrai prénom c’était Auguste, né le 16 mars 1878 à la Petite Folie de Mazières-en-Gâtine.
Sa vie, je l’ai découvert bien plus tard au fur et à mesure de mes recherches généalogiques.

La famille à l’Hermitain. Famille presque au complet, il manque juste la personne qui prend la photo ! C’était ma sœur aînée Jeannine qui avait cet honneur car l’appareil photo venait d’arriver par le père Noël pour les quatre enfants, et c’était un beau cadeau ! L’année serait 1948 ou 1949 ?
Nous étions donc à Noël ou le 1er janvier, dans le pré Magot proche de la maison, il faisait froid visiblement, neige ou verglas mais tout le monde était encore debout et non malade, dont quatre personnes âgées, la plus à gauche devant mon père Léo, c’est Alida, sa mère, puis Eva ma grand-mère maternelle, Agathe notre grand-tante Titine près de Guste.
Tout à gauche, ma mère Simone toujours attentive à notre bien-être, ma sœur Paulette et devant mon frère André, toujours souriant sur les photos et moi la petite dernière toujours la tête un peu baissée comme si j’avais peur, mais simplement trop timide !
Titine depuis la guerre 14-18 restait vivre avec sa sœur et son beau-frère, elle avait perdu son amoureux dans cette boucherie et ne s’était  pas mariée ensuite. Toutes les lettres reçues par elle furent déposées par ma mère dans son cercueil.
À remarquer nos sabots qui étaient bien pratiques lors de nos sorties dehors et facilement enlevés en rentrant au sec et au chaud !  
Hélas ce temps ne durera pas, et nous avons perdu le sourire et la bienveillance de Guste le 28 juillet 1950 après une hospitalisation  pour problème de rein et ou de prostate.
De son enterrement à La Couarde dans le cimetière familial protestant, je revois seulement la table qui fut dressée dans la grande pièce afin  d’offrir nourriture et boissons à la famille et aux amis venus de loin. C’était la tradition, qui perdure encore de nos jours.

Le bel Auguste en visite, photo prise par un photographe de la région

De son enfance en Gâtine sur la commune de Mazières, il avait gardé des relations surtout familiales du côté de sa mère Modeste Julienne ECOTIÈRE  mais cette photo est prise dans la cour de ce qui était à l’époque le domaine de Puyraveau à Saint-Denis-Champdeniers.
Cette photo date des années 1898-99, elle est prise dans la cour du château où l’on aperçoit une des tours d’angle restant. La personne âgée assise en face de mon grand-père est Madame Hélène TRIBERT qui  hérite du domaine en 1899 alors que mon grand-père a alors 21 ans. Il est peut-être venu voir ses cousines et cette bonne dame au cours d’une permission.
Ce château était la propriété du père d’Hélène, Louis LECOINTE qui fut député en 1871 et sénateur à partir de 1875. Cet homme fit de sa résidence un salon littéraire où se rencontraient les personnalités de l’époque. Mon grand-père avant de venir à Caunay avec sa famille connaissait donc les personnalités de l’époque et devait être assez proche de cette dame en ces lieux !
Par la suite, en 1964, Mme TRIBERT donnera ce domaine à l’évêché de Poitiers.

Auguste militaire, photo prise à Paris.

Son service militaire va durer de 1899 à 1902.
Il est passé de 2e classe à caporal en 1900 et sergent en 1901. Il fera ensuite des sessions d’exercices militaires du 21 août au 16 septembre 1905 puis du 28 avril au 15 mai 1909 et du 2 au 10 avril 1914 où il apprend et se perfectionne en gymnastique, tir à la cible et natation.
Il part à la guerre le 1er août 1914 comme tous les soldats de l’époque et reviendra le 2 février 1919. Auguste en tant que cavalier n’est pas allé dans les tranchées, il va écrire beaucoup de lettres et de cartes à sa femme Eva et à sa fille Simone. Et reviendra en permissions afin d’assurer le travail à la ferme du Chêne de Prailles où ils habitaient après son mariage avec Eva MASSÉ. Celle-ci bien que menue, fragile et qui avait peur du noir, va assurer ce travail pendant son absence avec juste quelques personnes âgées du village.
En 1938, ils passeront le relais à la famille Lièvre et viendront habiter à La Couarde, maison où autrefois vivait Louis Massé mon ancêtre, maire de la commune jusqu’en 1913.

Eva et Simone vers 1915. La joie n’est pas vraiment sur leurs visages, cela se comprend. Je ne sais pas qui a pris la photo !

Mariage de Eva et Auguste le 14 octobre 1907 à La Couarde. Photo prise par un photographe professionnel.
Comme ils sont beaux tous et comme je les aime !

5 commentaires sur « G comme Guste, ce cher grand-père »

  1. Très belles photos et bel hommage à un grand-père. Pour ma part je n’ai pas (ou très peu) connu mes grands-pères.
    Et puis ces photos sont celles de lointains cousins. En effet, nous cousinons par la branche d’Eva, l’épouse de Guste. Nos ancêtres communs sont Pierre Nicolas et Marie Marboeuf.

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  2. Evocation très belle de vies passées dans notre région et de personnages évanouis avec le temps; la lecture en est émouvante car elle renvoie inévitablement le lecteur à ses propres souvenirs . La tristesse du sentiment de la perte alors l’envahit …..
    L’écriture a l’immense mérite de redonner vie à ces êtres aimés dans le constant déchirement des absences sans retour….
    MERCI

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  3. Merci de vos supers témoignages qui me confortent et me réconfortent afin de continuer encore et encore à me laisser guider par l’inspiration que tous mes ancêtres m’apporte ! Je ne suis pas triste en pensant à eux, bien au contraire !!!

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