G comme Gaschère (madame de la) et la médecine au XVIIIe siècle

Un texte de Francis Larrouy

Avant tout propos, l’an dernier, j’ai écrit sur Ypresis et les failles géologiques de la Gâtine. Elles se sont réveillées et nous avons ressenti des secousses telluriques.

Pour le sujet pour cette année, je ne suis pas responsable ni de la pandémie ni du confinement… Les médicamentations que je vais vous exposer, bien sûr, ne les expérimentez pas.

Le 14 janvier 1669, église Notre-Dame de Niort, la damoiselle Marguerite CHABOT 19 ans, fille d’honorable homme André CHABOT pair et bourgeois de cette ville épouse Jacques THIBAULT 31 ans escuyer, sieur de la Gaschère, fils de Jacques THIBAULT escuyer, sieur du COLOMBIER. Le curé est   F. PRUNIER. » (AD 79 registres paroissiaux Niort)

Le mariage est préparé depuis le 27e jour de décembre 1668 et prévoit une dot de six mille livres payable en deux fois par les parents de la mariée. Le contrat de mariage est passé devant André AUGIER et Claude ARNAUDEAU, notaires royaux à Nyort.

Elle ne sait pas que Jacques THIBAULT sera nommé maire de Niort en 1688, il tient son titre de noblesse de sa propriété de la métairie de la Gaschère à Secondigny. Les A.D. de Niort ont un dépôt des papiers MONTECLER 1 E SUP 8 etc. Un mémoire du 28 mars 1700 décrit les traitements appliqués à la famille et prescrits par DUFRESNE ALLONNEAU. Est-il médecin ou apothicaire ?

« Du 17 juin pour Madame une medne purgat avec rhub abalz mann fond syrop et aul »

  • En clair, une médecine purgative, il ne parle pas de clystère, dont la base est la rhubarbe, abats (cervelle, foie, rognons, tripes, poumons etc. La vitamine B12 n’existait pas encore mais ils l’utilisaient pour soigner l’anémie), mann (abréviation de manne qui est une décoction de feuilles de frêne et de sève, c’est un diurétique, un laxatif et un anti inflammatoire) et un sirop à l’ail.

« Du 2 juillet 1701 pour Madame trois on(ces) conserves bechiques et pectoralles »

  • Trois  onces représentent environ 85 grammes de préparation à base de plantes (conserves) béchiques pour les maux de poitrine et pectorale pour soulager la toux. Le médicament le plus connu est une tisane dite « tisane des 4 fleurs  composée de thym, mélisse, coquelicot et mauve ; l’angélique est aussi citée ainsi que le lierre terrestre et la bourrache. »

Photo 1 Santonique de merMadame de la Gaschère a un fils, je ne peux pas passer les médicaments qui vont lui être administrés.

« Du 25 may 1702 pour son enfan pour santonique de mer donné a plusieurs fois »

  • La santonique est aussi nommée absinthe de Saintonge. Cette plante est connue des Gaulois et utilisée à Rome. Elle fait partie des plantes vermicides, son nom scientifique est artemisia maritima. Autrement dit il  a pris un vermifuge.

photo 2 corne de cerf« Du 3 octobre pour le mesme demie on(ce) cornes de cerf préparée pour faire sa tisane »

  • Traditionnellement, la corne de cerf est réduite en poudre avec une râpe en bois. La prescription est de 14 grammes, c’est un des ingrédients fondamentaux de la médecine traditionnelle chinoise. Elle est employée depuis plus de 2000 ans comme fortifiant, pour augmenter la force et l’endurance et prévenir des maladies comme la grippe ou les refroidissements. Ce traitement sera renouvelé trois fois puis il aura doit à une médecine purgative comme celle de sa mère décrite ci-dessus.

« Le 23 décembre pour son fils un gros nouet de rhubarbe pour lui faire de la tisane »

  • Le mot nouet signifie un linge entourant la rhubarbe et noué aux deux extrémités pour la retenir lorsqu’elle a été infusée.

« Du 31 mars 1703 pour le mesme quatre prises yeux d’escrevisses préparés »

  • Ce médicament fait partie de la pharmacopée maritime au XVIIIe siècle. Les yeux ne sont pas des yeux mais des concrétions rondes trouvées dans l’estomac des écrevisses. Lavés et réduits en poudre, ils sont préparés avec du sucre et de la gomme de fleur d’oranger sous forme de bonbons, tablettes ou dragées. Leur prise passait pour adoucir les aigreurs d’estomac et les maux de ventre (le principe actif étant le carbonate de calcium).

Le 14 octobre 1703, Madame est malade et les prescriptions vont se succéder jusqu’au 11 décembre.

« Une potion cordiale fortifiante et stomachique avec sirop et ault »

  • Stomachique : soigne les douleurs d’estomac et les plantes utilisées peuvent être la menthe, le thym, la sauge, l’ortie, et le romarin.

« Du 13  novembre pour la mesme trois prises  poudres stomatiqu. fefrifug. sont composées »

  • Il ne donne pas la composition (dommage).

Et elle aura droit le 11 décembre à une médecine purgative déjà décrite… Son fils et ses filles auront des préparations confectionnées contre les vers avec de la rhubarbe, d’hyacinthe et du sirop de chicorée et d’ail.

Pour conclure, cette médecine traditionnelle du début XVIIIe est basée essentiellement sur les purges à base de plantes. La phytothérapie (médecine par les plantes) de nos jours poursuit cette tradition mais sommes-nous plus fragiles que nos ancêtres ou les maladies ont elles évoluées ?

Bonne santé à tous.

 

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